Georges Saulterre
Coup de bec de l’oiseau-mère.
Cosmos brisé, voici le ciel, voici la terre
Et voici le temps.
Rêve, désir, méditation ?
Volonté ?
in Oniromancie
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Coup de bec de l’oiseau-mère.
Cosmos brisé, voici le ciel, voici la terre
Et voici le temps.
Rêve, désir, méditation ?
Volonté ?
in Oniromancie
La pluie comme une encre sombre
dans la veine des arbres
lustre le cuir du macadam
miroir sans tain de la ville
sous l'aiguille d'un talon invisible
la poésie revêt
son long manteau noir
Le désespoir nous rend ridicules
Ma cuisinière à gaz aura bientôt 20 ans…
la porte du four ferme mal
les boutons sont cramés
et une crasse graisseuse a comblé le moindre interstice
Il pleut de l’eau grise et des feuilles
la nature se prépare pour le solstice
elle n’a aucun mal à se dépouiller
ni à se rouler dans la boue
Elle se fout de Noël qui ne la concerne pas
elle sait que la lumière revient
et que dans quelques mois
ce sera l’orgie et l’extase
in À la loupe
nous irons célébrer l’élan
avant le vermoulu de la neige
et du vieux bois d’hiver
quand les sarments seront noirs
et qu’il nous faudra être chaste
à cause des filets tendus
pour les papillons perdus
à l’envers des fleurs
in Aujourd'hui est habitable
TERRE DU QUERCY
Que m’as-tu fait terre, terre de chênes, m’aurais-tu enchainée ? Envoûtée à tes sources secrètes, ton sol osseux, tes bras de genièvre ? Tu m’offres ta couche de pelouse sèche où se pressent pelures d’univers, mondes miniatures enchanteurs et cruels. Que m’as-tu fait terre du Quercy ? Des racines me poussent, je me noie dans ton ciel. Les oiseaux me parlent et je capte la langue nomade des nuages sans même plus avoir le désir de les suivre. Que m’as-tu fait ? Agenouillée dans ton hiver, je guette avide tes premières érections printanières, tes orchis clitoris. Qu’as-tu fait terre pour que je me sente si ancienne entre la rose chienne et les sortilèges du chèvrefeuille ? J’arpente tes courbes et tu me découvre les secrets de ton causse. Me rendras-tu fertile et profonde comme l’échancrure de tes combes et vallées ? Te joues-tu de moi pour que je me sente reine avec des bois sur la tête ? M’enverras-tu tes chasseurs ? La bête se cache et je deviens ta bête, ô terre du Quercy.
J’entends rire les arbres et pleurer aussi. Et tout leur travail d’arbre. Les écorces me dévoilent le trésor de leur art, ma chevelure s’emmêle de lichen et de mousse.
Plus de sept ans que tu me tiens sous tes charmes, pays d’Avalon d’Occitanie. Tes pierres, tes eaux, parlent plus que les hommes. Tu m’apprends ça aussi, à me taire, terre du Quercy.
Tes galets remplissent mes poches, tes branches, tes racines rampent jusqu’à ma porte.
Que veux-tu ? Que je sois chêne parmi les chênes, que j’y perde ainsi mes chaînes d’humanité ? Ou bien m’acceptes-tu jardinière, poète, contemplatrice.
Terre du Quercy, je sais qu’autrefois tu as connu bien plus de vie. Aujourd’hui sur ta peau broussailleuse ce sont les pèlerins et autres amoureux des chemins qui te caressent.
Certains peut être te font même l’amour.
Terre de beauté, prends-moi encore contre ton sein, que j’y sente couler la sève des rêves.
2009
tu es mon cerf odorant
je serai reine de tes clairières
conte-moi la tempête des artères
la divine émotion foudroyée
ta sève au seuil de l’obscurité
la fulgurante sensation
qui te met à nu précipité
traverse-moi
galope-moi
in Des volcans sur la lune
et vas-y que se lamentent les moutons en ces temps foutuistes.
in Bonzaïs hallucinogènes
tsunami
la vague arrive, m'emporte
me réduit à néant
colère, rancune
je n'en veux pas
la vague repart
emportant des morceaux
de moi
in Petit livre des illuminations simples
et moi la ravie du ravi
je broute
au petit malheur
je cueille glane
plume effeuille
dans les champs utopiques
du sursis volé
à ceux qui croient
maîtriser
in Ombromanie, Encres Vives 2007
songe
un ermitage perdu
dans les nuages
entre les herbes
inondées de lumière
menthe et cristal
le vent ruisselle
in Petit livre des illuminations simples
Grisaille. Absence de couleur. Couverture sale jetée à la face du monde. Gouffre de pleurs, tourbillons aveuglants, tripes lacérées. Galops brûlants qui martèlent les tempes, coursiers du néant, étendards de malheur, sursauts et ricanements ! Il y a des créatures immondes qui s'agitent dans la boue, un cauchemar dans lequel on ne peut même pas hurler. Des éclaboussures épaisses en dégueulis sur les cœurs, âcres, noires, fétides. Cavernes, trous de rats, sans paillasse, sans lumière, des barreaux imprimés, code-barres... Quelque chose qui nous tire par les pieds, bras invisibles qui nous entraînent du côté des mourants, de la vermine et du suintant, dans la sale gueule d'une folie pas remboursée par la sécurité sociale.
in Calepins voyageurs et après ?
VIEILLIR
au fil du temps
qui s’émousse
l’âme se patine
le corps se débine
les dents fondent
dans la bouche
le cheveu blanchit
la peau se fripe
chaque cicatrice
réapparaît
veut conter
son histoire
les invisibles parfois
pleurent encore
en silence
le corps comme
un vieux livre
dont les pages
jaunissent
combien encore
à tourner ?
l’horloge bloquée
sur l’heure de
la décrépitude
un demi-siècle
a sonné
le cœur pourtant
semble solide
dessinées sur les pages
des cartes de territoires
s’en retournent en jachère
la terre appelle la chair
quelques poèmes peut-être
dont l’encre s’efface
des partitions de frissons
d’exultations
et puis des pages sales
des pages piquées
de chagrins
quelques grandes auréoles
noires sur des pages
muettes
des pages trouées
des pages envolées
aussi
qu’on ne retrouvera
plus jamais
des pages qui tremblent
sous le vent qui les tourne
et voudrait les arracher
des pages et des pages
du déjà vieux et lourd
livre du corps
de plus en plus transparentes
pourtant
et à travers lesquelles
il est bon de voir l’âme
phosphorescente
radiante à la proue
du vaisseau du cœur
âme capitaine
âme mousse
âme sirène
l’âme étoile
immortelle
le poème qui passe
de livre en livre
de bouche en bouche
de vie en vie
de brin à brin
le poème
que la peau aime
sentir au-dedans
in Histoires d'amour, histoire d'aimer
emporte
vague emporte-moi
sur tes rouleaux charmants
princesse aux mille doigts
fleur de sel et de vent
va roule-moi tout au fond
donne-moi l'ivresse mauve
et le tendre écrin blond
d’un cercueil de sable
in D'ombres
ÉPHÉMÉRIDES
captation de source
pour nourrir la chimère
préserver le désir
assurer ses jouissances
n’appartenir à personne
configuration
qui convient sûrement
pour un temps
ou parce que
tout simplement
magnifier mythifier
pour nourrir la chimère
entretenir la flamme
la nécessité de jouissance
peau cédée
sans posséder
et les amants songent…
in Salines
la lune a coulé
dans le puits des pupilles
patient, il attend
la femme rouge
celle qui jaillit
de la gueule de jade
du grand lézard
celle qui révèle
les secrets des racines
la langue des écorces
la magie des sèves
le pouvoir du cœur
in Oniromancie