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FUSIONS POÉTIQUES - Page 20

  • Jonas Feige - de la série Night on the Sun - 2016

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    D’être comme déjà morte, lui a ouvert une voie spirituelle et le feu caché est si ardent, la source si vive que le plus tenace ennui n’a pas raison d’elle, que le vide loin de l’anéantir la concentre en un noyau toujours plus vif et incorruptible. Ou presque.  Et dans ce presque se cache la fêlure. Dangereuse fêlure.

     

    Alors elle creuse un tunnel sous les tombes qui mène au vaste ciel, à la mer tiède du ventre, à la bouche de sève qui fait pousser les arbres, au souffle d’où naissent toutes les musiques. Le ciel aura beau s’obscurcir, le froid pourra l’étreindre, silence et désespoir n’auront pas raison d’elle. Elle crache du sang dans les noirs chaudrons, met le feu aux bûchers de glace, joue du marteau sur les bornes de verre.

     

    Elle trouvera toujours la faille par où passe la lumière.

     

    Faille, fêlure, ce n’est pas la même chose.

     

     

    in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

  • Philippe Naudet - Crépuscule - décembre 2020

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     défaire le crépuscule

    glisser dans les reflets renards de ses draps

     

    fixer l’horizon par des pointes d’améthyste

    le laisser sécher à la lune

     

    tracer un paysage au fusain de la langue

    compter les brûlis sur la peau

    les innombrables feuillets de nos masques pâles

     

    regarder fondre la vitre du réel

    ses reflets d’huile sur l’étendue de neige

     

    le roulis des roseaux

    grand soleil rouge à l’horizon brûlé

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

  • Bang Hai Ja - Naissance de lumière - 2014

    Bang Hai Ja - Naissance de lumière, 2014 _n.jpg

     

    Du plomb fera-t-on métal solaire ?

    Folle ou sage la grande perforatrice 

    Pour aller au cœur où réside le secret ?

     

    Créatures oui

    Mais de quoi ?

     

    Dans son bain en fusion

    Son rire apocalyptique

    Grand x

    Non résolu

     

    Arbitre défoncé

    Programmateur de génie

    Méga lumineux

    Maître amour

     

    Chercher le sens

    N’a aucun sens

    Le révélé

    Demeure

    Caché

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

     

     

  • Arnold Böcklin - The Ride of Death - 1871

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    On ne l'appelle plus

    pour les fenaisons, 

    les vendanges ;

    mais juste pour les osselets.

    Son pain n'est pas de blé,

    son vin n'est pas de sang.

    On ne l'appelle que

    pour débaptiser.

    La Mort aime

    les bons vivants ;

    elle aime jouer

    avec leurs âmes d’enfant

    qu’elle raccompagne

    à la Maison.

    Ce qui l'amuse plus que tout,

    c'est bien de les perdre en chemin,

    bien loin de cette Maison 

    qu'elle met en pièces.

    Mais ne soyez pas trop durs avec elle !

    Elle ne fait que son boulot ;

    derrière elle ne doit rester

    que le cintre blanc des os.

     

    in Le Tarot de Saint Cirque, Gros Textes 2020

     

     

     

  • William Turner - Llanberis - 1800

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    Fabuleuse

    Monstrueuse

    Solitude

     

    Tous les mythes de l’humanité

    Mijotent dans ce creuset là

     

    Creusez là                   

    Creusez la terre

    Creusez les méninges

    Déroulez

    Vos rêves de sommets

    Vos songes de cimes

     

    Chacun cherche le signe

    Et tout n’est que fuite ou retour

    Vers le pulsar primal

     

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

     

  • James Wainwright

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    Ces nuits où l’on rêve

    Que l’abcès est crevé

    Que l'amour est revenu

    Décrocher les pendus

     

    L’espoir galope et galope

    Enragé dans nos veines

    Charade enjôleuse

    Des nuits moites

     

    Le cœur bat trop fort

    Attiré au-dehors

    Et nos yeux dans le noir

    Abîment les miroirs

     

     

    in Claques & boxons, Nouveaux délits éd. 2013

     

     

  • Pauline Ohrel

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    femme fantôme

    aux yeux de cendres

     fruit de brume

    à la bouche anémone

    tu souffles

    de douces spirales

    sur mes insomnies

    ton nom est gravé sur un os

    enfoui quelque part

    sous une colline

     

    marquise vaporeuse

    offre-moi

    la dernière valse

    un tour de passe-passe

    car sur mes lèvres la vie

    déjà se consume

     

    in Mon collier de sel, à tire d'ailes 2020

     

     

  • Auteur inconnu

     

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    Saison des sauts

     

    Les saisons sous les ponts

    Tissent des vents bleus

    Ensablent les mémoires

    Dessèchent les instants

    Soie coton et brindilles

     

    Les monstres lèchent

    Le tranchant du parapet

    Lancent aux passants égarés

    De fines aiguilles de pluie

     

    Les poissons dévorent la pierre

    Usent le temps

    L’abîment en eau de prière

     

    Un homme aveugle

    Se jette dans le vide

    Lové sur lui-même

    Fragile coquille

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

     

  • Zdzisław Beksiński

     

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    PLUS ENVIE 


    Avant j’écrivais comme on dégueule, ça jaillissait, débordait, vomissait de partout, maintenant je retiens, je ravale, je n’en veux plus, écrire en moi c’était crier, trop de noir, trop de poisse, trop de poids, trop de larmes, des strates de mélasses et de poissons suffoquant. Avant j’écrivais, non, ça m’écrivait, me traversait, me transperçait, je n’avais pas de digues, je n’en voulais pas, aujourd’hui non plus je n’en veux pas, mais je ne veux plus écrire. Le noir me fatigue, le malheur aussi, la névrose, la déprime, la rage, les armes dont je ne voulais pas que j’ai retournées contre moi-même, à me forer jusqu’à l’os, à traquer sans répit le pourquoi. C’est vrai ça, pourquoi ? 

    Aujourd’hui je n’écris plus, la source est retournée dans les limbes, et moi je cherche le neuf. Une place que je n’aurais pas eu à voler, une place pour laquelle je n’aurai pas à me raboter ou au contraire à me rajouter des parures, des enflures. Écrire m’ennuie, j’ai déjà tout dit et ça ne change rien. Plus envie de dire, envie de rire, de vivre. D’accomplir des gestes qui servent à quelque chose. C’est idiot. C’est dire à quel point je ne me sens toujours pas légitime.

     

    2014

    in Ourse bipolaire

     

     

  • Auteur inconnu

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    J’ai le cœur qui s’affirme maintenant

    qui rayonne sans filtre, elle tourne bien ma petite centrale

    j’ai le cœur qui bat à son propre rythme

    qui ne s’emballe plus

    à trop vouloir s’accorder

    avec les uns avec les autres

    avec ce qu’ils disent et son contraire

    j’ai le cœur cristal

    et toutes les fêlures

    sont des tatouages

    dont l’histoire n’a plus d’importance

    ou presque

     

    in Ourse bipolaire

     

     

  • Saskia Boelsums - Bargerveen

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    Lasse des épaves, la fantaisie se cabre, glane des comas dans les chardons. On passe le gant de crin sur nos sourires de lézards, tout en ignorant les rituels des cyclopes qui gardent les mines de pollen.

     

    in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018