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FUSIONS POÉTIQUES - Page 20

  • Alexandre-Gabriel Decamps - Les Momies de St Michel - XIXe s.

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    Sans amour, nous ne sommes que des momies, mais la voie de l'amour est truffée de pièges, tendus par nos propres ego. Elle n'est ni claire, ni spacieuse, elle est soumise aux caprices de notre nature ignorante et instable. Il peut y faire froid, il peut y pleuvoir interminablement, trop sec, trop chaud, des orages, des tempêtes... 

    Tout est bon, tout en lui porte sa leçon ! Parfois c'est tellement difficile, que nous finissons par nous demander à quoi bon emprunter une telle voie. Il n'y a pas de réponse, la voie elle-même est la réponse.

     

    in Journal 1997

     

     

     

     

  • Gao Xingjian

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    Le mot juste. Un silence pointé. Un baiser.

     

    Le mot juste, un souffle. Le premier déchire les poumons. Le dernier les recoud.

    Le mot juste, pas un soufflet. Le mot juste ne dit pas je t’aime mais le fait. Il ouvre le cœur, ça fait mal, mais l’air est juste.

     

    L’air qui sépare le mot de la mort.

     

    in Les mots allumettes, Cardère 2012

     

     

  • David Alvarez

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    La lune exerce sa pleine influence. Éclat livide et ensorceleur. Le silence a une nouvelle texture, un goût de déjà vécu, un voile d'amertume... Un drap froid est tombé. Est-ce moi qui l'ai cousu de mes propres désillusions ?

    Avais-je cessé de l'attendre bien avant qu'il ne revienne ? Voilà l'amour expédié au plus profond des contrées lunaires !

     

    in Journal 1996

     

     

  • Jonas Feige - de la série Night on the Sun - 2016

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    D’être comme déjà morte, lui a ouvert une voie spirituelle et le feu caché est si ardent, la source si vive que le plus tenace ennui n’a pas raison d’elle, que le vide loin de l’anéantir la concentre en un noyau toujours plus vif et incorruptible. Ou presque.  Et dans ce presque se cache la fêlure. Dangereuse fêlure.

     

    Alors elle creuse un tunnel sous les tombes qui mène au vaste ciel, à la mer tiède du ventre, à la bouche de sève qui fait pousser les arbres, au souffle d’où naissent toutes les musiques. Le ciel aura beau s’obscurcir, le froid pourra l’étreindre, silence et désespoir n’auront pas raison d’elle. Elle crache du sang dans les noirs chaudrons, met le feu aux bûchers de glace, joue du marteau sur les bornes de verre.

     

    Elle trouvera toujours la faille par où passe la lumière.

     

    Faille, fêlure, ce n’est pas la même chose.

     

     

    in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

  • Philippe Naudet - Crépuscule - décembre 2020

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     défaire le crépuscule

    glisser dans les reflets renards de ses draps

     

    fixer l’horizon par des pointes d’améthyste

    le laisser sécher à la lune

     

    tracer un paysage au fusain de la langue

    compter les brûlis sur la peau

    les innombrables feuillets de nos masques pâles

     

    regarder fondre la vitre du réel

    ses reflets d’huile sur l’étendue de neige

     

    le roulis des roseaux

    grand soleil rouge à l’horizon brûlé

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

  • Bang Hai Ja - Naissance de lumière - 2014

    Bang Hai Ja - Naissance de lumière, 2014 _n.jpg

     

    Du plomb fera-t-on métal solaire ?

    Folle ou sage la grande perforatrice 

    Pour aller au cœur où réside le secret ?

     

    Créatures oui

    Mais de quoi ?

     

    Dans son bain en fusion

    Son rire apocalyptique

    Grand x

    Non résolu

     

    Arbitre défoncé

    Programmateur de génie

    Méga lumineux

    Maître amour

     

    Chercher le sens

    N’a aucun sens

    Le révélé

    Demeure

    Caché

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

     

     

  • Arnold Böcklin - The Ride of Death - 1871

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    On ne l'appelle plus

    pour les fenaisons, 

    les vendanges ;

    mais juste pour les osselets.

    Son pain n'est pas de blé,

    son vin n'est pas de sang.

    On ne l'appelle que

    pour débaptiser.

    La Mort aime

    les bons vivants ;

    elle aime jouer

    avec leurs âmes d’enfant

    qu’elle raccompagne

    à la Maison.

    Ce qui l'amuse plus que tout,

    c'est bien de les perdre en chemin,

    bien loin de cette Maison 

    qu'elle met en pièces.

    Mais ne soyez pas trop durs avec elle !

    Elle ne fait que son boulot ;

    derrière elle ne doit rester

    que le cintre blanc des os.

     

    in Le Tarot de Saint Cirque, Gros Textes 2020

     

     

     

  • William Turner - Llanberis - 1800

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    Fabuleuse

    Monstrueuse

    Solitude

     

    Tous les mythes de l’humanité

    Mijotent dans ce creuset là

     

    Creusez là                   

    Creusez la terre

    Creusez les méninges

    Déroulez

    Vos rêves de sommets

    Vos songes de cimes

     

    Chacun cherche le signe

    Et tout n’est que fuite ou retour

    Vers le pulsar primal

     

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

     

  • James Wainwright

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    Ces nuits où l’on rêve

    Que l’abcès est crevé

    Que l'amour est revenu

    Décrocher les pendus

     

    L’espoir galope et galope

    Enragé dans nos veines

    Charade enjôleuse

    Des nuits moites

     

    Le cœur bat trop fort

    Attiré au-dehors

    Et nos yeux dans le noir

    Abîment les miroirs

     

     

    in Claques & boxons, Nouveaux délits éd. 2013