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FUSIONS POÉTIQUES - Page 17

  • Antigone Kourakou

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    miroir

     

    ne te regarde pas, sens-toi

    et corrige selon le ressenti

    pas selon ce que tu vois

    l'image est illusion

    ce que les autres voient

    ce n'est pas comment tu es

    mais ce que tu dégages

     

    in Petit livre des illuminations simples

     

     

  • Valentina Fadeeva

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    Un thé tiédi avec une pincée de poivre, une feuille de basilic, à boire les pieds sur la barrière, au soleil, lentement. Puis passer un quart d’heure, couchée dans le salon avec musique et coussin sous les pieds.

     

    in à la loupe, tout est rituel

     

     

     

     

  • Warwick Goble

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    - Dis-moi bel enfant des glaces, que vois-tu ?

    - Ô Grande mère des glaciers, je vois un avenir tranquille et lumineux...

    - Tu sais pourtant que je vais disparaître ?

    - Disparaître, ô non, tu vas seulement te transformer, ô sage mère et tes millénaires de mémoire vont alimenter les océans, chaque cellule de chaque être vivant en sera imprégnée.

    - Tu es bien optimiste mon enfant, ne crains-tu pas la montée des eaux ?

    - Je ne crains rien, ô vieille et douce mère, vois comme je suis nu et pourtant je n'ai pas froid.

    - N'as-tu pas donc peur de mourir ?

    - Mourir ? Mais tu le sais, ô mère sublime, rien ne meurt, tout se transforme, glace, eau, vapeur, pluie, larmes, rivières, océans, peu importe la forme, je suis ton origine aussi bien que tu es la mienne, ne sois pas triste, c'est juste une fatigue passagère, elle va s'envoler comme nuée d'oiseaux.

    - Dis-moi bel enfant des glaces, que vois-tu ?

    - Je me vois et m'entends dans ta voix, je suis toi et tu es moi, c'est toi-même qui me l'a enseigné, tu perds la mémoire c'est normal, tu commence à perdre tes eaux et je vais naître bientôt.

     

    12/01/22

     

     

     

     

     

     

  • Sidney Herbert Sime

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    Mystérieux territoires de résonances. Franchir les frontières par inadvertance.

    L’exode des certitudes maintient en éveil.

     

    Nécessité vertigineuse de la métamorphose.

     

    Loin devant marche le primitif éclaireur. Visionnaire, il conserve quelques braises sous ses paupières. Il ne les rendra aux hommes que lorsqu’ils cesseront de souffler sur les cendres.

     

    La connaissance est périlleuse.

     

    in Les mots allumettes

     

     

     

  • Saskia Boelsums

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    Le désespoir nous rend ridicules

     

    Ma cuisinière à gaz aura bientôt 20 ans…

    la porte du four ferme mal

    les boutons sont cramés

    et une crasse graisseuse a comblé le moindre interstice

     

    Il pleut de l’eau grise et des feuilles

    la nature se prépare pour le solstice

    elle n’a aucun mal à se dépouiller

    ni à se rouler dans la boue

     

    Elle se fout de Noël qui ne la concerne pas

    elle sait que la lumière revient

    et que dans quelques mois

    ce sera l’orgie et l’extase

     

    in À la loupe

     

     

  • Lily Seika Jones

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    TERRE DU QUERCY

     

    Que m’as-tu fait terre, terre de chênes, m’aurais-tu enchainée ? Envoûtée à tes sources secrètes, ton sol osseux, tes bras de genièvre ? Tu m’offres ta couche de pelouse sèche où se pressent pelures d’univers, mondes miniatures enchanteurs et cruels. Que m’as-tu fait terre du Quercy ? Des racines me poussent, je me noie dans ton ciel. Les oiseaux me parlent et je capte la langue nomade des nuages sans même plus avoir le désir de les suivre. Que m’as-tu fait ? Agenouillée dans ton hiver, je guette avide tes premières érections printanières, tes orchis clitoris. Qu’as-tu fait terre pour que je me sente si ancienne entre la rose chienne et les sortilèges du chèvrefeuille ? J’arpente tes courbes et tu me découvre les secrets de ton causse. Me rendras-tu fertile et profonde comme l’échancrure de tes combes et vallées ? Te joues-tu de moi pour que je me sente reine avec des bois sur la tête ? M’enverras-tu tes chasseurs ? La bête se cache et je deviens ta bête, ô terre du Quercy.

    J’entends rire les arbres et pleurer aussi. Et tout leur travail d’arbre. Les écorces me dévoilent le trésor de leur art, ma chevelure s’emmêle de lichen et de mousse.

    Plus de sept ans que tu me tiens sous tes charmes, pays d’Avalon d’Occitanie. Tes pierres, tes eaux, parlent plus que les hommes. Tu m’apprends ça aussi, à me taire, terre du Quercy.

    Tes galets remplissent mes poches, tes branches, tes racines rampent jusqu’à ma porte.

    Que veux-tu ? Que je sois chêne parmi les chênes, que j’y perde ainsi mes chaînes d’humanité ? Ou bien m’acceptes-tu jardinière, poète, contemplatrice.

    Terre du Quercy, je sais qu’autrefois tu as connu bien plus de vie. Aujourd’hui sur ta peau broussailleuse ce sont les pèlerins et autres amoureux des chemins qui te caressent.

    Certains peut être te font même l’amour.

    Terre de beauté, prends-moi encore contre ton sein, que j’y sente couler la sève des rêves.

     

    2009