Yulia Shibirkina - to the light
Le vent monte et en moi, ça monte aussi, la rage un peu sauvage.
in Journal 2002
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Le vent monte et en moi, ça monte aussi, la rage un peu sauvage.
in Journal 2002
et que vienne la relève
les nouveaux dieux
barbares et bandant
qui marqueront nos lèvres
d’une sève profane
in Salines
Les sorcières ont les mains qui tremblent, des mains de sève, des mains de lumière,
mille fois plus trouées que l’herbe de saint Jean.
in Journal 2010
Je vais pas me laisser abattre
par le courage.
Mais nul besoin de me pousser,
j’irai au bois
quand j’en aurais terminé
avec ceci et cela
qui ne vous regarde pas.
Maintenant que mon choix est fait,
nul besoin de me brusquer.
J’irai, vous dis-je.
De toute façon, je n'ai toujours pas
commencé à tresser ma corde
et pas encore planté la graine
de l'arbre qui m'emportera.
in Le Tarot de Saint-Cirque
avec Lionel Mazari
Dans la forêt glacée de l'abandon
j'ai perdu mes mots
les oiseaux noirs les ont mangés
quelque chose est tombé
un brouillard épais
je marche et trébuche
sur les cicatrices blanches
du silence
dans la forêt de la dissolution
je veux perdre mes maux
miroir
ne te regarde pas, sens-toi
et corrige selon le ressenti
pas selon ce que tu vois
l'image est illusion
ce que les autres voient
ce n'est pas comment tu es
mais ce que tu dégages
in Petit livre des illuminations simples
Un thé tiédi avec une pincée de poivre, une feuille de basilic, à boire les pieds sur la barrière, au soleil, lentement. Puis passer un quart d’heure, couchée dans le salon avec musique et coussin sous les pieds.
in à la loupe, tout est rituel
- Dis-moi bel enfant des glaces, que vois-tu ?
- Ô Grande mère des glaciers, je vois un avenir tranquille et lumineux...
- Tu sais pourtant que je vais disparaître ?
- Disparaître, ô non, tu vas seulement te transformer, ô sage mère et tes millénaires de mémoire vont alimenter les océans, chaque cellule de chaque être vivant en sera imprégnée.
- Tu es bien optimiste mon enfant, ne crains-tu pas la montée des eaux ?
- Je ne crains rien, ô vieille et douce mère, vois comme je suis nu et pourtant je n'ai pas froid.
- N'as-tu pas donc peur de mourir ?
- Mourir ? Mais tu le sais, ô mère sublime, rien ne meurt, tout se transforme, glace, eau, vapeur, pluie, larmes, rivières, océans, peu importe la forme, je suis ton origine aussi bien que tu es la mienne, ne sois pas triste, c'est juste une fatigue passagère, elle va s'envoler comme nuée d'oiseaux.
- Dis-moi bel enfant des glaces, que vois-tu ?
- Je me vois et m'entends dans ta voix, je suis toi et tu es moi, c'est toi-même qui me l'a enseigné, tu perds la mémoire c'est normal, tu commence à perdre tes eaux et je vais naître bientôt.
12/01/22
Mystérieux territoires de résonances. Franchir les frontières par inadvertance.
L’exode des certitudes maintient en éveil.
Nécessité vertigineuse de la métamorphose.
Loin devant marche le primitif éclaireur. Visionnaire, il conserve quelques braises sous ses paupières. Il ne les rendra aux hommes que lorsqu’ils cesseront de souffler sur les cendres.
La connaissance est périlleuse.
in Les mots allumettes
prophétesse
l'écriture est une pythie
j'en ai eu cent fois et plus la preuve
en relisant mes journaux
in Petit livre des illuminations simples
Authentique, un mot clé en ce moment. Un mot piège ?
Ou juste un caillou sur le chemin, un patrin, un message ?
in Journal 2005
Coup de bec de l’oiseau-mère.
Cosmos brisé, voici le ciel, voici la terre
Et voici le temps.
Rêve, désir, méditation ?
Volonté ?
in Oniromancie
La pluie comme une encre sombre
dans la veine des arbres
lustre le cuir du macadam
miroir sans tain de la ville
sous l'aiguille d'un talon invisible
la poésie revêt
son long manteau noir
Le désespoir nous rend ridicules
Ma cuisinière à gaz aura bientôt 20 ans…
la porte du four ferme mal
les boutons sont cramés
et une crasse graisseuse a comblé le moindre interstice
Il pleut de l’eau grise et des feuilles
la nature se prépare pour le solstice
elle n’a aucun mal à se dépouiller
ni à se rouler dans la boue
Elle se fout de Noël qui ne la concerne pas
elle sait que la lumière revient
et que dans quelques mois
ce sera l’orgie et l’extase
in À la loupe
nous irons célébrer l’élan
avant le vermoulu de la neige
et du vieux bois d’hiver
quand les sarments seront noirs
et qu’il nous faudra être chaste
à cause des filets tendus
pour les papillons perdus
à l’envers des fleurs
in Aujourd'hui est habitable