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FUSIONS POÉTIQUES - Page 19

  • Jenna Barton

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    « Aussi pâles que la lune, aussi nombreux que les étoiles », racontait sa grand-mère lorsqu’ils étaient lui et ses frères et sœurs, pas encore sortis de la tanière. « Les Hommes étaient des créatures sans pelage, ni plume, très faibles à la naissance. Il fallait d’innombrables lunes avant qu’ils ne sachent se déplacer à quatre pattes, mais très vite, ils se tenaient sur deux pattes seulement et grandissaient en direction du ciel. C’était des êtres extrêmement rusés, habiles, qui habitaient de solides abris. Excellents chasseurs, disait encore la grand-mère, ils ne craignaient ni l’eau, ni la foudre de feu, ni aucune autre créature à part l’ours. Les Hommes, racontait-elle encore, vivaient en bonne entente avec nous, jusqu'au jour très ancien où une épaisse couche de glace recouvrit la terre. Le gibier se fit alors de plus en plus rare. Les Hommes ne voulurent plus partager et commencèrent à nous chasser aussi, rompant ainsi nôtre vieux pacte d’amitié. »

     

    in Le rêve du loup

     

     

  • Alain Etchepare - La thébaïde

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    Le grand jardin qui m’entoure ne cesse de m’extasier. J’ai décidé de faire de mon quotidien, un sanctuaire. Le noir, le sombre, l’obscur, on connaît, depuis des siècles et des siècles et je crois avoir compris quelque chose tout récemment.

     

    in À la loupe, tout est rituel, à tire d'ailes 2019

     

     

     

  • Oksana Vetova

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    Poésie, langue noire et chatoyante de la gitanerie. Fragilité, espièglerie, obsession de la mort… Qu’en est-il du dosage andalou dans mon sang ? « Tu es seul et seul tu vivras », le bel héritage. Si vrai pourtant. Tener ángel ou tener duende ? La grâce céleste ou le noir pouvoir, caché au fond des entrailles ? Celui qui brûle les sangs, comme l’écrivait Lorca. L’ange descend sur nous, le duende remonte à la gorge, en connivence avec la mort intruse.
    *
     
    in "à la loupe", à tire d'ailes 2020
     
     
     
     
  • Nikolay Biryukov - Anna Chipovskaya en Persephone

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    Innana, Ishtar, Astarté

    Brûlés le fruit le jardin

    Symboles de ta perdition

     

    Tu as réduit les mères nourricières

    au rang de putains de l’agro-industrie,

    tu leur a mis le joug

    de tes folies mécanistes.

     

    Cérès Déméter pleurent sans fin,

    quelle que soit la saison,

    Perséphone ne quitte plus les enfers.

     

    in Salines, à tire d'ailes 2007

     

     

  • Gao Xingjian

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    Cultiver le calme et regarder la société sombrer… avec tout ce qu’il peut y avoir d’étincelles positives dans la perte de contrôle. Se sentir comme ça à l’intérieur, pas une certitude à laquelle se raccrocher, ne reste que l’invisible, l’impalpable, la foi. Avoir foi ou ne pas avoir foi… Ce ne sont pas les faits qui changent, mais l’état dans lequel on les accueille et ce n’est pas rien…. Respirer ou suffoquer, ce n’est pas la même chose.

     

    in Le livre des sensations

     

     

     

     

     

  • Audrey Casalis - série Les Passages

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    Le manque m’a donné la connaissance intérieure du vide.

    La voie de l’instant, l’ennui pulvérisé. Juste se placer dans l’intervalle. Impeccable posture.

    La seule qui réponde à une véritable nécessité.

     

    Appel et jaillissement, évaporation, déshabillage.

    Le témoin est presque nu maintenant. Franchir, s’affranchir.  

     

    La traversée ne relie pas un point à un autre, elle nous rend à notre originelle unité.

     

    in Le poulpe et la pulpe, Cardère éd. 2010

     

     

     

  • Thierry De Cordier - Zeeberg, 2011

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    L’abrupt

     

    Il y a ce moment honteux, irracontable, insupportable. L’orgueil du fauve reste une forme d’amour, mais celui qui, sans même un dernier regard, s’éloigne hiératique vers le glacier du renoncement total, est-il sage, alpiniste ou suicidé ?

    Pourquoi vivre est-il si violent ?

     

    in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

     

     

     

  • Alexandre-Gabriel Decamps - Les Momies de St Michel - XIXe s.

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    Sans amour, nous ne sommes que des momies, mais la voie de l'amour est truffée de pièges, tendus par nos propres ego. Elle n'est ni claire, ni spacieuse, elle est soumise aux caprices de notre nature ignorante et instable. Il peut y faire froid, il peut y pleuvoir interminablement, trop sec, trop chaud, des orages, des tempêtes... 

    Tout est bon, tout en lui porte sa leçon ! Parfois c'est tellement difficile, que nous finissons par nous demander à quoi bon emprunter une telle voie. Il n'y a pas de réponse, la voie elle-même est la réponse.

     

    in Journal 1997

     

     

     

     

  • Gao Xingjian

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    Le mot juste. Un silence pointé. Un baiser.

     

    Le mot juste, un souffle. Le premier déchire les poumons. Le dernier les recoud.

    Le mot juste, pas un soufflet. Le mot juste ne dit pas je t’aime mais le fait. Il ouvre le cœur, ça fait mal, mais l’air est juste.

     

    L’air qui sépare le mot de la mort.

     

    in Les mots allumettes, Cardère 2012