Frédéric Pissaro
Toujours laisser une porte ouverte, une brèche, un intervalle, pour que le flux puisse passer, pour pouvoir rester en vie – en éveil – et donc en joie.
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poule
(Ed. Nouveaux Délits 2012)
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Toujours laisser une porte ouverte, une brèche, un intervalle, pour que le flux puisse passer, pour pouvoir rester en vie – en éveil – et donc en joie.
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poule
(Ed. Nouveaux Délits 2012)
SANS GÊNE
Je suis étendue par terre, avec bouquin, cahier, crayon. Mon chat choisit et mâchouille ses herbes médecine, juste après m’avoir copieusement aspergé la figure de phéromones. Me voilà donc borne territoriale. Ça fait toujours plaisir de se sentir utile.
cg in Purgatoire du quotidien
Je me sens un peu perdue, sans rien sous mes pieds.
Une étrange situation de vide.
cg in Journal 2007
je me sens tellement étrangère à la plupart des gens tu sais, tellement seule aussi, une solitude viscérale... c'est sans doute ça qui me fait mal aux viscères justement, parfois je crois avoir guéri mais non, j'ai vu hier encore, la vague m'arrive dessus, m'emporte, me réduit à néant et je suis habitée de colère aussi, de rancune, je n'en veux pas, je chercher à tout prix à m'en débarrasser mais des morceaux de moi partent avec
cg in Confessions à A.
Fatigue encore. Gorge qui brûle. Ces maux vont-ils prendre fin ? Que cherche à me signifier mon corps ? J’observe des fourmis aller et venir sur et sous les feuilles mortes et aussitôt, une sensation d’enfance qui remonte d’on ne sait quel repli de la mémoire. C’est à la fois agréable et étrange, comme un trou de ver dans l’espace temps où naissance et mort ne feraient plus qu’un. Ce qui nous relie à l’enfance, ce sont les rythmes de la nature, l’éternel cycle, têtu, qui fait que toujours et encore, ressurgissent ici et là, pâquerettes et violettes, et que les feuilles viendront rhabiller les arbres.
cg in A la loupe
SE TENIR INFORMÉ
Une éruption de bus
Perturbe la circulation en Seine Saint Denis,
Un volcan caillassé en Islande.
in Purgatoire du quotidien
NO FUTUR
Famille motoculteur et tronçonneuse se lancent à l’attaque
Et vas-y que se lamentent les moutons en ces temps foutuistes.
Les nuages arrivent de partout, meutes aux ventres sales.
Souffle, fraicheur, caresse et les antennes nous grillent.
cg in Purgatoire du quotidien
Juillet gris par la fenêtre
A dérobé la lumière
Les geais comme des bombardiers
Et résonne un chant de Mongolie
Le rythme se répand dans les muscles
Taper cogner battre tambour
Faire grincer les cordes tendues
Le temps est absent
cg, juillet 2007
Je finis toujours par me dire que la vie est fascinante, parce que c’est un mystère et que le moindre détail est une richesse : le pigeon qui roucoule, le chat qui somnole, la pendule qui marque les secondes et les battements de mon cœur. On pourrait passer sa vie à ne faire que vivre si seulement on ne subissait pas la pression de cette société qui veut que tout humain soit un produit rentable.
cg in Journal 1992
Arracher l’automne de mes veines, lécher du regard ces émeraudes de sève et se débarrasser une bonne fois pour toutes de ces champignons qui nous dévorent.
cg in A la loupe
Viens, sois mon aigle
Absous-moi au mitan du soleil
cg in Tisonne
Des orages incisifs
me dévastent parfois,
des foudres de joie
me laissent l'âme à vif
cg in Les années chiennes, 2007
Quant aux lapins pressés, le monde en est plein
et les jeux de cartes sont tous truqués !
cg in Calepins voyageurs et après ?
VITESSE
Aujourd’hui tout va vite
Tout va très vite
Une chose, une idée
À peine née
Se voit dépassée
Même l’amour
Est démodé.
cg in Complainte du poète
tous ils cavalent fous les hirondelles les éparses
le désir embrase consume consomme
toujours plus vorace !
cg in Pandémonium II