Stéphane Mongellaz
rien que tenir face
aux trous dans les plaines
ne pas glisser sur
le carrelage d'écailles, la danse déjà
cassée de nos propres monstres.
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rien que tenir face
aux trous dans les plaines
ne pas glisser sur
le carrelage d'écailles, la danse déjà
cassée de nos propres monstres.
Notre Univers est composé de structures filamentaires de matière noire s’entrelaçant en un réseau cosmique dont les points de croisement concentrent les galaxies en amas.
in Euclid : une première plongée époustouflante dans les abysses cosmologiques, Sciences et avenir, 7 novembre 2023
Le temps
est une chaise au soleil, et rien de plus.
I cannot tell you
how the light comes.
What I know
is that it is more ancient
than imagining.
That it travels
across an astounding expanse
to reach us.
That it loves
searching out
what is hidden
what is lost
what is forgotten
or in peril
or in pain.
That it has a fondness
for the body
for finding its way
toward flesh
for tracing the edges
of form
for shining forth
through the eye,
the hand,
the heart.
I cannot tell you
how the light comes,
but that it does.
That it will.
That it works its way
into the deepest dark
that enfolds you,
though it may seem
long ages in coming
or arrive in a shape
you did not foresee.
Je ne peux vous dire
comment vient la lumière.
Ce que je sais,
c'est qu'elle est plus ancienne
que l'imagination.
Qu'elle voyage
à travers un espace stupéfiant
pour nous atteindre.
Qu'elle aime rechercher
ce qui est caché
ce qui est perdu
ce qui est oublié
ou en danger
ou en souffrance.
Qu'elle a une affection pour le corps
pour trouver son chemin vers la chair
pour tracer les contours des formes
pour éclairer à travers l'œil,
la main,
le cœur.
Je ne peux vous dire
comment vient la lumière,
mais peux vous assurer qu'elle vient.
Qu'elle le fera.
Qu'elle se forera une voie
dans l'obscurité la plus profonde
qui vous enveloppe,
même si cela peut sembler
prendre une éternité à venir
ou arriver sous une forme
que vous n'aviez pas prévue.
traduit par moi-même
La douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable.
Elle ne peut se trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer.
La douceur est politique. Elle ne plie pas, n'accorde aucun délai, aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s'accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l'humain.
De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière.
in Puissance de la douceur
Je veux nicher dans le suc du vrai, pas autre part.
Je ne veux que ça. Je n’aspire qu’à ça.
Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande raciste, les migrations ne concernent que pour 17 % les riches pays du Nord, et concernent tous les continents (en particulier l’Asie et l’Afrique) ; ce qui signifie que pour chaque pays pauvre, il s’en trouve un encore plus pauvre d’où fuient des migrants. La mobilisation totale imposée par l’économie et les États est un phénomène planétaire, une guerre civile non déclarée et sans frontière : des millions d’exploités errent dans l’enfer du paradis marchand, ballottés de frontière en frontière, enfermés dans des camps de réfugiés, encerclés par la police et l’armée, et gérés par les organisations dites de charité — complices des tragédies dont elles ne dénoncent pas les causes réelles dans le seul but de profiter de leurs conséquences —, entassés dans les « zones d’attente » des aéroports ou dans les stades, enfermés dans des camps […] pour être enfin ficelés et expulsés dans l’indifférence la plus totale. »
in Partout des étrangers
(...) Après tout, les réfugiés ne font que revenir. Ils ne « débarquent » pas de rien, ni de nulle part. Quand on les considère comme des foules d’envahisseurs venus de contrées hostiles, quand on confond en eux l’ennemi avec l’étranger, cela veut surtout dire que l’on tente de conjurer quelque chose qui, de fait, a déjà eu lieu : quelque chose que l’on refoule de sa propre généalogie. Ce quelque chose, c’est que nous sommes tous des enfants de migrants et que les migrants ne sont que nos parents revenants, fussent-ils « lointains » (comme on parle des cousins). L’autochtonie que vise, aujourd’hui, l’emploi paranoïaque du mot « identité », n’existe tout simplement pas et c’est pourquoi toute nation, toute région, toute ville ou tout village sont habités de peuples au pluriel, de peuples qui coexistent, qui cohabitent, et jamais d’« un peuple » autoproclamé dans son fantasme de « pure ascendance ». Personne en Europe n’est « pur » de quoi que ce soit — comme les nazis en ont rêvé, comme en rêvent aujourd’hui les nouveaux fascistes — et si nous l’étions par le maléfice de quelque parfaite endogamie pendant des siècles, nous serions à coup sûr génétiquement malades, c’est-à-dire « dégénérés ».
in Passer, quoi qu’il en coûte
Aimé soit l’enfant qui tombe et pleure encore
et l’homme qui est tombé et ne pleure plus.
À cette heure froide où la terre
sent si fort la poussière humaine, si tristement,
je voudrais frapper à chaque porte,
supplier quelqu’un : pardon,
et lui préparer des petits morceaux de pain frais
ici, dans le four de mon cœur.
Le poème peut être une bouteille jetée à la mer, abandonnée à l'espoir - certes souvent fragile - qu'elle pourra un jour, quelque part, être recueillie sur une plage, sur la plage du cœur peut-être.
il ne s'agit déjà plus de vivre, mais de l'attitude à adopter face à notre anéantissement
in Lettres de Westerbock