Michel Cosem
J’ai traversé des frontières au goût de vent, des ports sentant le poisson mort
in L’âme de la grande ourse
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J’ai traversé des frontières au goût de vent, des ports sentant le poisson mort
in L’âme de la grande ourse
J'ignorais que tout poème
est une émeute
maintenant je sais
qu'il peut ébranler
l'ordre de l'univers
Mais ce monde a pour toit l'éther massif, dur comme l'acier noir, froid comme le basalte sans veine, tombeau de toutes les gloires et de tous les désastres, bronze où sonne le moindre bruit, cire vierge où les gestes secrets s'impriment pour toujours. Lieu solide gardant nos mondes mous. Vide que toute voix émeut, qu'un mouvement d'algue anime, qu'un doute raye ; champ de nébuleuses et sillons de soleils épaissis de nos morts innombrables. Océan froid où brûlent les comètes, où les trajectoires s'enchevêtrent, où les astres se cassent sans souci de durée.
Alors l'homme cherche Dieu entre les branches de la nuit.
in La chaîne des éléments
L’horizon les dents du vent
aimantent les solitaires
les rêveurs de rupture
ceux qui ne craignent de se rencontrer
in Ma Patagonie
Pourquoi la rencontre d'un chien perdu, dans une de nos rues tumultueuses, me donne-t-elle une secousse au cœur ? [...] Pourquoi la souffrance d'une bête me bouleverse-t-elle ainsi ?
Pourquoi ne puis-je supporter l'idée qu'une bête souffre, au point de me relever la nuit, l'hiver, pour m'assurer que mon chat a bien sa tasse d'eau ?
Pourquoi toutes les bêtes de la création sont-elles mes petites parentes, pourquoi leur idée seule m'emplit-elle de miséricorde, de tolérance, et de tendresse ?
Pourquoi les bêtes sont-elles toutes de ma famille, comme les hommes, autant que les hommes ?
in L'amour des bêtes
Il y a des âmes sur lesquelles on a envie de regarder,
comme une fenêtre pleine de soleil.
Le Tao est le vide, mais le vide est inépuisable. C'est un abîme vertigineux. Insondable. De lui sont sortis tous ceux qui vivent. Éternellement, il émousse ce qui est aigu, dénoue le fil des existences, fait jaillir la lumière. Du rien, crée toute chose. Sa pureté est indicible. Il n'a pas de commencement. Il est. Nul ne l'a engendré. Il était déjà là quand naquit le maître du ciel.
Le monde discerne la beauté, et, par là le laid se révèle. Le monde reconnaît le bien et, par là le mal se révèle. Car l'être et le non-être s'engendrent sans fin. Le difficile et le facile s'accomplissent l'un par l'autre. Le long et le court se complètent. Le haut et le bas reposent l'un sur l'autre. Le son et le silence créent l'harmonie. L'avant et l'après se suivent. Le tout et le rien ont le même visage. C'est pourquoi le Sage s'abstient de toute action. Impassible, il enseigne par son silence. Les hommes, autour de lui, agissent. Il ne leur refuse pas son aide. Il crée sans s'approprier et œuvre sans rien attendre. Il ne s'attache pas à ses œuvres. Et, par-là, il les rend éternelles.
Miroir
Le problème est le miroir
Devant le miroir
Le double apparaît
Le regard
Effroi Mon regard s’est vidé de moi
Le miroir me donne à voir
MOI
Avec à l’intérieur de moi
une AUTRE…
Cœur mon effraie de velours
aux valves battantes du sang
l’arbre de tes nuits ruisselle
dans l’éclat palpitant de mon être
Tes serres nouées aux ramures du vent
chassent des rêves rongeurs
je m’initie chaque nuit aux couleurs de ton chant
Cœur mon hibou de velours
aux aigrettes du sang
Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l’hécatombe
Des jours accumulés
Dans mon miroir
Défraîchi
seule-au-monde revient
avec la chute des feuilles
un chuintement entre les côtes
un grincement dans le torse
les vents sifflent en-dedans
ils font tomber les branches
Quand les tambourinaires de la lumière
Se répondent par-dessus
La forêt des ténèbres
in Uluru