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CITATIONS - Page 113

  • Anthony de Mello

     

    Quand le moineau construit son nid dans la forêt, il n'occupe qu'une branche. Quand le cerf étanche sa soif à la rivière, il ne boit pas plus que son estomac ne peut contenir. Nous accumulons les choses parce que nos cœurs sont vides.

     

     

     

  • Joaquim O. Gianuzzi

     

     

    La lampe signale l’instabilité de sa robe

     Jusqu’à ce qu’elle tombe sur le lit et regagne sa chair.

     

     

     

    in Violin Obligado 

    traduit par Yvan Avena in Traction Brabant 40

     

     

     

     

  • Gilles Baudry

     

    Ne le crains pas le vide ne le supprime pas me dit la voix -et s’il ouvrait les apparences ?- Ne veuille pas combler le manque ni affranchir toute distance -si porter les stigmates de l’absence creusait le pur désir ? – Le peu, ne le méprise pas considère l’insignifiant -si passait la gloire dans les jours gris ? L’illimité dans l’ordinaire des petites heures ? – La phrase détachée, la phrase inachevée, la toile restée sur le chevalet – tout est là me dit la voix dans la sève invisible de toute croissance – 

    in Le bruissement des arbres dans les pages

     

     

  • Saïd Mohamed

     

    L’idiot va à ses ratages comme à une science exacte,

    Seule raison valable pour achever cette bouteille.

     

    Quelle autre sagesse peut évoquer un tel carnage 

     

    in L'éponge des mots

     

     

     

  • Marlène Tissot

     

    Il punaisera la lune en haut d’un building

    pêchera des sourires dans une rivière orange pulpeuse

    il fera sonner son réveil à trente-deux heures soixante-six

    pour observer la pluie de rêves filants

    il picorera l’amour dans la gorge des oiseaux

    (…)

    Et puis un soir il épousera une colombe en robe d’été

    à la lueur d’une catastrophe nucléaire ou boréale, il hésite encore à ce sujet

    mais pour l’instant, il doit

    se raser

    se doucher et

    arriver à l’heure au bureau

     

    in Celui qui essayait d’être un homme comme les autres

    Microbe n°75

     

     

     

  • Etty Hillesum

     

    Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter,

    au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier. 

     

    in An interrupted life: The diaries of Etty Hillesum 1941-1943

     

     

     

  • Rûmi

     

    L’amour est un océan infini,

    Dont les cieux ne sont qu’un flocon d’écume

    Sache que ce sont les vagues de l’amour,

    Qui font tourner la roue des cieux

    Sans amour le monde serait inanimé.

     

    Chaque atome est épris de cette perfection

    Et se hâte vers lui.

    A chaque instant retentit de tous côtés l’appel de l’amour.

     

    Si ce n’avait été par pur amour

    Comment aurais-je donné aux cieux l’existence ?

     

    J’ai élevé cette sublime sphère céleste

    Afin que tu puisses comprendre la sublimité de l’amour.

     

     

     

     

  • Jules Supervielle

     

    Encore frissonnant

    Sous la peau des ténèbres,  

    Tous les matins je dois  

    Recomposer un homme  

    Avec tout ce mélange  

    De mes jours précédents  

    Et le peu qui me reste  

    De mes jours à venir.  

    Me voici tout entier,  je vais vers la fenêtre.  

    Lumière de ce jour,  je viens du fond des temps,

     Respecte avec douceur  

    Mes minutes obscures,  

    Épargne encore un peu  

    Ce que j'ai de nocturne,  

    D'étoilé en dedans  

    Et de prêt à mourir  

    Sous le soleil montant  

    Qui ne sait que grandir. 

     

    in La fable du Monde