René Char
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque.
A te regarder, ils s’habitueront.
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Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque.
A te regarder, ils s’habitueront.
Tu seras aimé lorsque tu pourras montrer ta faiblesse
sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force.
Tu es libre
Tu es vivant
avec ta souffrance et ta joie
tu es un immense regard
Si tu plonges longtemps ton regard dans l’abime, l’abime te regarde aussi
L'éclat de la lumière qu'un être est capable de tirer de soi en se meurtrissant aux silex de la route se mesure à l'épaisseur de la nuit, à la profondeur des abîmes dans lesquels il peut avancer sans sombrer.
in Les Yeux d'Ezéchiel sont ouverts
L'un de mes compagnons, qui se présentait lui-même comme "un écrivain raté", m'a dit que les autorités du Kentucky avaient découvert dans le journal d'un schizophrène échappé d'un asile la citation suivante : "Les oiseaux sont des trous dans le ciel à travers lesquels un homme peut passer." J'en suis resté bouche bée. Je me suis pieuté à dix heures, légèrement perturbé par cette phrase.
in Une odyssée américaine
Et donner à boire aux mémoires trahies.
Figés dans nos masques d’effraies
Tout nous éteint. Les nouvelles
Qui nous parviennent du front de la vie
Sont si laides que les écouter
Ne donne plus envie de vivre.
in Souffles
Il est loin le bonheur
Et l’idée qu’on s’en fait s’estompe dans l’odeur insistante des camions
Toujours statiques
En warning sur le bas-côté des choses.
le mot voyageur semble déplacé, peut-être subversif. Nous ne sommes plus des personnes ou des citoyens mais les clients d’un lupanar transparent surveillé par des caméras vidéo
in Dernières nouvelles du Sud
Parcourir le monde
comme le sang bat les veines
à la recherche de l’instant qui rend caduc tous les autres.
in L'éponge des mots
Je te le dis, la grande erreur est d'ignorer que recevoir est bien autre chose qu'accepter. Recevoir est d'abord un don, celui de soi-même. Avare non pas celui qui ne se ruine pas en présents, mais celui qui ne donne point la lumière de son propre visage en échange de ton offrande.
Il viendrait. Il aurait l’âge de ses mains – de très charnels arpèges,
un regard à dépecer la nuit, une voix à prendre feu aux mots.
in L’inconnu
Dans le ciel, les oiseaux semblent pétris d’infini.
J’ai gardé au fond de ma poche le ticket froissé.
in L'éponge des mots
De quoi souffres-tu ? Comme si s’éveillait dans la maison sans bruit l’ascendant d’un visage qu’un aigre miroir semblait avoir figé. Comme si, la haute lampe et son éclat abaissés sur une assiette aveugle, tu soulevais vers ta gorge serrée la table ancienne avec ses fruits. Comme si tu revivais tes fugues dans la vapeur du matin à la rencontre de la révolte tant chérie, elle qui sut, mieux que toute tendresse, te secourir et t’élever. Comme si tu condamnais, tandis que ton amour dort, le portail souverain et le chemin qui y conduit. De quoi souffres-tu ? De l’irréel intact dans le réel dévasté. De leurs détours aventureux cerclés d’appels et de sang. De ce qui fut choisi et ne fut pas touché, de la rive du bond au rivage gagné, du présent irréfléchi qui disparaît. D’une étoile qui s’est, la folle, rapprochée et qui va mourir avant moi.
in Rémanence