Saïd Mohamed
Parcourir le monde
comme le sang bat les veines
à la recherche de l’instant qui rend caduc tous les autres.
in L'éponge des mots
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Parcourir le monde
comme le sang bat les veines
à la recherche de l’instant qui rend caduc tous les autres.
in L'éponge des mots
Je te le dis, la grande erreur est d'ignorer que recevoir est bien autre chose qu'accepter. Recevoir est d'abord un don, celui de soi-même. Avare non pas celui qui ne se ruine pas en présents, mais celui qui ne donne point la lumière de son propre visage en échange de ton offrande.
Il viendrait. Il aurait l’âge de ses mains – de très charnels arpèges,
un regard à dépecer la nuit, une voix à prendre feu aux mots.
in L’inconnu
Dans le ciel, les oiseaux semblent pétris d’infini.
J’ai gardé au fond de ma poche le ticket froissé.
in L'éponge des mots
De quoi souffres-tu ? Comme si s’éveillait dans la maison sans bruit l’ascendant d’un visage qu’un aigre miroir semblait avoir figé. Comme si, la haute lampe et son éclat abaissés sur une assiette aveugle, tu soulevais vers ta gorge serrée la table ancienne avec ses fruits. Comme si tu revivais tes fugues dans la vapeur du matin à la rencontre de la révolte tant chérie, elle qui sut, mieux que toute tendresse, te secourir et t’élever. Comme si tu condamnais, tandis que ton amour dort, le portail souverain et le chemin qui y conduit. De quoi souffres-tu ? De l’irréel intact dans le réel dévasté. De leurs détours aventureux cerclés d’appels et de sang. De ce qui fut choisi et ne fut pas touché, de la rive du bond au rivage gagné, du présent irréfléchi qui disparaît. D’une étoile qui s’est, la folle, rapprochée et qui va mourir avant moi.
in Rémanence
Quand je serai morte, et que sur moi, avril rayonnant
Secouera sa chevelure lourde de pluie,
Même si tu te penchais sur moi, le cœur brisé,
Je ne m'en soucierais pas. ...
J'aurai la paix, la paix des arbres feuillus
Quand la pluie courbe leurs branches,
Je serai plus muette et mon cœur plus froid
Que tu ne l'es aujourd'hui.
in Fleuves vers la mer
Je jure de ne plus savoir retourner chez moi.
in L'éponge des mots
On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes
qu’il est capable de supporter.
« I have a dream »
Moi aussi mais c’était il y a longtemps…
Je viens tout juste d’avoir quatre-vingt quinze ans, lui a-t-elle répondu avec une moue coquette.
- Depuis quand ?
- maintenant, c’est aujourd’hui mon anniversaire.
in Dernières nouvelles du Sud
Tout a déjà été dit, mais comme personne n’écoute, il faut sans cesse recommencer.
L'amour, c'est que tu sois pour moi le couteau avec lequel je fouille en moi.
mais ce n’est pas la paix
ce n’est jamais la paix nulle part
ni dans la chambre close
ni sur le lit défait
qui ressemble soudain à un piège
où la mort assemble les pièces
de son misérable échiquier
In Terre de dénuement
ivres à l’égal
de ces jonchées de bleu
dans la tanière obscure du soleil
in Dans la tanière obscure du soleil