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CITATIONS - Page 110

  • Pascal Ulrich

     

     

    Des coulisses à blabla

    D’importance planétaire

    Puisque c’est diffusé

    Sur télé-tromblon

    Et radio-matraquage

    Aussi souvent

    Que tout le temps

    Même

    Tout ce bourrage de crânes

    Spectaculairement

    Amené

    Dans la petite pièce du fond

    S’éjacule le néant.

     

     

    extrait de « je me mouille et je glisse et me trisse »

    in l’éclairage viendra de la nuit, plaquette made in Traction-Brabant 50, février 2013

     

     

     

  • Saïd Mohamed

     

    Revenir sur ton ventre noyer ma détresse à l’hôtel des carnages

    en soudoyant le gardien de nuit

    après une errance de bar en bar

    pour resquiller la lumière

     

    in L'éponge des mots

     

     

     

  • Marguerite Yourcenar

     

    Fonder des bibliothèques, c'était encore construire des greniers publics, amasser des réserves contre un hiver de l'esprit qu'à certains signes, malgré moi, je vois venir.

    in Mémoires d'Hadrien  

     

     

     

  • Ernst Meister

     

    Mélancolie

    Et toute parole est adieu,
     lancé à travers la porte de la maison des morts,
     où chante une tête d'ossements,
     où des doigts d'ossements jouent
     la vieille romance :

    Livide - la face interne de la rouge enveloppe de la
     pomme,
     Plus livide encore l'enfant sur la marche de pierre,
     quand tombe le soir et qu'il tremble,
     ne sait pas où partit sa mère,
     qui pleurait et répète sans cesse,
     que son sang coule,
     qu'elle s'évide... s'écoule... s'éva...

    Vous les êtres, où êtes-vous, qui tenez les mots,
     nous tenez ?
     Vous les anges ? - les anges gisent en leur cercueil,
     empoussiérés de la neige des soupirs.
     Ils gisent dans cette autre salle de la maison,
     où des doigts d'ossements jouent la 
      vieille romance :

    Livide - la face interne de la rouge enveloppe de la pomme...



    in L’Étoile du possible

    traduction de l’allemand par Denis Thouard et Françoise Lartillo

     

     

     

     

  • Saïd Mohamed

     

    Pas de gloire à se combler d’alcool

    Pour s‘inventer des cataplasmes.

     Boire encore et tordre le cou aux sortilèges.

     Capitaine au long cours veillant sur l’histoire du hasard.

     Taillader son chemin dans l’aventure de rues lisses.

     

     in L'éponge des mots

     

     

     

  • Ossip Mandelstam

     

    À mes lèvres je porte ces verdures,  

    Ce gluant jugement de feuilles,  

    Cette terre parjure, mère  

    Des perce-neige, des érables, des chênes.

    Vois comme je deviens aveugle et fort  

    De me soumettre aux modestes racines,  

    Et n'est-ce pas trop de splendeur  

    Aux yeux que ce parc fulminant ?

    Les crapauds, telles des billes de mercure,  

    Forment un globe de leurs voix nouées,  

    Les rameaux se changent en branches  

    Et la buée en chimère de lait.

     

    30 avril 1937

    (traduit par Philippe Jaccottet)

     

     

  • André Laude

     

    Combien de taureaux dans les ruelles de l’errance où je cherche Marie-Juana au visage d’enfance abîmé par les matelots de Sydney, Vancouver et Brest-Recouvrance. Combien de taureaux fous derrière mon front de rêveur. Combien de vers dans la sombre tombe où repose mon ami. Combien de clous enfoncés dans ce cercle rouge mon coeur. Combien de prophètes et de sourciers au bout des déserts. Je cherche Marie-Juana une femme sans âge, elle est sorcière du monde des légendes des pays verts. Elle est l’hostie sur mes lèvres et la lampe à huile au fond de mes yeux. Combien de taureaux aveugles et combien de feux et combien de morts dans des guerres pour d’obscures îles.