Stanislaw Jerzy Lec
Une fenêtre qui donne sur le monde peut se couvrir avec un journal.
in Nouvelles pensées échevelées
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Une fenêtre qui donne sur le monde peut se couvrir avec un journal.
in Nouvelles pensées échevelées
Baby Boom : Né en 1945, j'ai cultivé l'étrange conviction d'appartenir à la première génération d'hommes civilisés qu'il y aurait sur la terre : finies la guerre, la religion, les censures, la violence, les tyrannies, l'injustice, le racisme, la misère et la faim. Je cherche où, par qui, cette atroce illusion m'a été inculquée. Je ne trouve sérieusement que... le Journal de Mickey !
in Abécédaire malveillant
il y a des déchets qui font pencher le jour
in Oncle Bo (TB 65)
Dire l’instant émerveillé devient insolence
Aux hommes obscurcis par trop de misère.
in L’éponge des mots
GEORGE Nous grattons tous des étiquettes, ma petite fille… Et quand on a gratté la peau, quand on a percé le cuir, toute la graisse, fouillé à travers les muscles et farfouillé à travers les organes (à NICK)… quand ils existent encore… (à HONEY) et quand on arrive enfin jusqu’à l’os… vous savez ce qu’on fait ? HONEY (très intéressée) Non. GEORGE Quand on arrive à l’os, il y a encore tout un travail à faire. (Il pointe un doigt, un léger temps, sadique.) Hé !... c’est qu’à l’intérieur de l’os il y a quelque chose qui s’appelle… la moelle… et c’est la moelle qui est bonne, délicieuse !... C’est ça qu’il faut extraire.
in Qui a peur de Virginia Woolf
Je ne sais pas si tout ce bordel que j'entrepose dans ta cervelle avec confusion et douceur t'aidera un jour dans quelque chose. Je ne sais pas si c'est des bâtons ou des roues que je te goupille et si ce n'est pas déjà fait, tu ne vas pas tarder à comprendre qu'il y a ceux qui ne comprennent rien et ceux qui se trompent, que la vie est douce et immonde, qu'il faut être bon parce que rien n'est juste, qu'on fait avec ce qu'on ne sait pas faire et que tous les hommes, moi le premier, toi le premier, sont des prairies dégénérées.
Le bruit des cabarets, la fange du trottoir
Le bruit des cabarets, la fange du trottoir,
Les platanes déchus s'effeuillant dans l'air noir,
L'omnibus, ouragan de ferraille et de boues,
Qui grince, mal assis entre ses quatre roues,
Et roule ses yeux verts et rouges lentement,
Les ouvriers allant au club, tout en fumant
Leur brûle-gueule au nez des agents de police,
Toits qui dégouttent, murs suintants, pavé qui glisse,
Bitume défoncé, ruisseaux comblant l'égout,
Voilà ma route - avec le paradis au bout.
Si vous nagez dans le bonheur, soyez prudent, restez là où vous avez pied.
Être au monde avec ses pertes de lumière, des voiles trouées
et ces haubans qui sifflent au moindre vent
in L'éponge des mots
L’espoir est le combustible que les hommes brûlent pour pouvoir vivre.
in 1Q84, Livre 3 : Octobre-Décembre
Des coulisses à blabla
D’importance planétaire
Puisque c’est diffusé
Sur télé-tromblon
Et radio-matraquage
Aussi souvent
Que tout le temps
Même
Tout ce bourrage de crânes
Spectaculairement
Amené
Dans la petite pièce du fond
Là
Où
S’éjacule le néant.
extrait de « je me mouille et je glisse et me trisse »
in l’éclairage viendra de la nuit, plaquette made in Traction-Brabant 50, février 2013
Revenir sur ton ventre noyer ma détresse à l’hôtel des carnages
en soudoyant le gardien de nuit
après une errance de bar en bar
pour resquiller la lumière
in L'éponge des mots
Je veux voir la lune crevée
Serrée aux dents de la nuit
Fonder des bibliothèques, c'était encore construire des greniers publics, amasser des réserves contre un hiver de l'esprit qu'à certains signes, malgré moi, je vois venir.
in Mémoires d'Hadrien
Mélancolie
Et toute parole est adieu,
lancé à travers la porte de la maison des morts,
où chante une tête d'ossements,
où des doigts d'ossements jouent
la vieille romance :
Livide - la face interne de la rouge enveloppe de la
pomme,
Plus livide encore l'enfant sur la marche de pierre,
quand tombe le soir et qu'il tremble,
ne sait pas où partit sa mère,
qui pleurait et répète sans cesse,
que son sang coule,
qu'elle s'évide... s'écoule... s'éva...
Vous les êtres, où êtes-vous, qui tenez les mots,
nous tenez ?
Vous les anges ? - les anges gisent en leur cercueil,
empoussiérés de la neige des soupirs.
Ils gisent dans cette autre salle de la maison,
où des doigts d'ossements jouent la
vieille romance :
Livide - la face interne de la rouge enveloppe de la pomme...
in L’Étoile du possible
traduction de l’allemand par Denis Thouard et Françoise Lartillo