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CITATIONS - Page 115

  • Saïd Mohamed

     

    Qu’auront nous dit vraiment ?

     

    Le silence est préférable à ces babils,

    ces faux-savoirs,

    ces mensonges appris comme une leçon.

     

    Ces bribes de rien, de tout, d’abject aussi, récitées par cœur

    quand le plus grand dénominateur commun ouvre sa gueule

    dans l’immonde barnum du tube cathodique,

    ce rectum de la pensée qui souille

    tout ce qu’il touche.

     

    in L'éponge des mots

     

     

  • Luis Sepúlveda

     

    Pour définir la capacité des armes on parle de pouvoir de destruction. Pour définir la capacité de destruction de certains hommes il faut parler du pouvoir d’achat. 

     

    in Dernières nouvelles du Sud

     

     

     

  • Christian Bobin

     

    C'est plus fort que vous : il vous est nécessaire de refuser une quantité considérable de rencontres, afin de préserver une chose dont la plus juste formule est "rien" ; ne rien faire, rien dire, presque rien être. Vous y découvrez le cœur subtil du temps, son cœur battu par le rien du sang dans les veines. C'est un état limite dont vous avez besoin, une mince ligne de rien entre l'ennui et le désespoir, et la joie qui passe en funambule sur ce fil, la joie qui se nourrit précisément de rien

     

     

  • Henri Michaux

     

    Emportez-moi dans une caravelle,

    Dans une vieille et douce caravelle,

    Dans l'étrave, ou si l'on veut dans l'écume,

    Et perdez-moi, au loin, au loin.

    Dans l'attelage d'un autre âge,

    Dans le velours trompeur de la neige,

    Dans l'haleine de quelques chiens réunis,

    Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.

     

     

  • Erri de Luca

     

     

    Des mains m’ont saisi, douaniers du Nord, gants en plastique et masque sur la bouche. Ils séparent les morts des vivants, voici la récolte de la mer, mille de nous enfermés dans un endroit pour cent. 

     

    in Aller simple

     

     

  • Georges Bataille

     

     Je rêvais de toucher la tristesse du monde  au bord désenchanté d’un étrange marais  je rêvais d’une eau lourde où je retrouverais  les chemins égarés de ta bouche profonde j’ai senti dans mes mains un animal immonde  échappé à la nuit d’une affreuse forêt  et je vis que c’était le mal dont tu mourais  que j’appelle en riant la tristesse du monde une lumière folle un éclat de tonnerre  un rire libérant ta longue nudité  une immense splendeur enfin m’illuminèrent et je vis ta douleur comme une charité  rayonnant dans la nuit la longue forme claire  et le cri de tombeau de ton infinité.

     

    in L’Archangélique et autres poèmes

     

     

     

  • Christian Bobin

     

    J'ai au cœur une bête sauvage qui ne sort que la nuit et pour quelques secondes. Elle s'empare des restes abandonnés par le jour - feuille, visage ou parole - et elle regagne précipitamment son trou, ayant trouvé de quoi manger pour deux siècles. Ce n'est jamais la même chose dont elle se nourrit - ici un voyage, là une lecture, ailleurs un silence, - mais c'est toujours la même joie qui est cherchée et parfois atteinte, une joie légère et enfantine comme une tâche de soleil.