Gilles Pajot
Il arrive qu’à 40 ans ou plus l’on reçoive un coup sur la tête
qui vous rend vos 17 ans ; mais dans quel état.
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Il arrive qu’à 40 ans ou plus l’on reçoive un coup sur la tête
qui vous rend vos 17 ans ; mais dans quel état.
je sais le ciel sombre
et l’enfance maigre
au-delà de ces murs
où un écran ricane
ses rêves frêles
nous ne sommes pas devenus fou subitement,
cela a demandé du temps.
D’abord, on a vu l’étrange plaie
Qu’est la joie dans les yeux des autres.
in L'éponge des mots
Et c’est toujours demain
Demain demain demain
Toujours demain
Comme si aujourd’hui
N’était qu’un spectre
Un vieux rat malade
Demain et pourquoi pas
si celui-là m’offre
Le jour et l’horizon
Assez bleu pour vaincre ma nuit
in Commissures », les éditions du contentieux, 1995
Partout être à contretemps,
à contre-emploi, à contresens du flux
dans le décalage permanent,
fuir quand tout converge.
in L'éponge des mots
Le soleil n'ignore pas un village parce qu'il est petit.
Il était une fois une femme
Née dans la fournaise
Sur la peau des écailles
Dans les veines la mer
Il était une fois une femme
Accouchée insulaire
Sur les fentes du sel
Des entraves aux pieds
in Penser maillée
Dans tes cheveux charbon
Une odeur de mélisse
in Penser maillée
L'amour ne connaît pas de mort naturelle.
Il meurt d'aveuglement, d'errements et de trahison,
Il meurt de lassitude, de flétrissure et de ternissement.
Tout en ce monde est constamment en mouvement. La terre, le temps, les idées, l'amour, la vie, la foi, la justice, le mal. Tout est fluide, tout est transitoire. Rien ne reste éternellement au même endroit, sous la même forme.
in Kafka sur le rivage
C’est la mer qui s’emballe
Et débonde le cœur
C’est la main sur mon sein
Qui colmate la brèche
in Penser maillée
Il y a une émotion encore plus forte que celle de tuer, c'est celle de laisser la vie.
Je vous salue névrosés !
Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes
Parce que vous ressentez les autres comme si ils étaient vous-mêmes
Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance Parce vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde, parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde
Pour votre peur de l’absurdité de l’existence
Pour votre subtilité à ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux
Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu, pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien
Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches, pour votre créativité et votre capacité à vous extasier
Pour votre inadaptation à « ce qui est » et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être », pour toutes vos capacités inutilisées
Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur qui ne permettra jamais l’appréciation de la grandeur de ceux qui viendront après vous
Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez à ne pas humilier les autres, parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale; et pour tout ce que vous êtes capable de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous
Pour la solitude et l’étrangeté de vos vies
Soyez salués !
Il faudra que j’aille jusqu’au bout
de celui que je ne suis pas
pour trouver celui que je suis vraiment
et seule la peur de perdre celui que
je ne suis pas
me freine et m’arrête
« cependant tu ne peux forcer le mûrissement d’un fruit
sans en altérer la qualité : patience »
J'appartiens néanmoins à cette espèce d'hommes qui restent toujours en marge du milieu auquel ils appartiennent, et qui ne voient pas seulement la multitude dont ils font partie, mais également les grands espaces qui existent à côté.
in Le livre de l'intranquillité