Muriel Modély
C’est la mer qui s’emballe
Et débonde le cœur
C’est la main sur mon sein
Qui colmate la brèche
in Penser maillée
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C’est la mer qui s’emballe
Et débonde le cœur
C’est la main sur mon sein
Qui colmate la brèche
in Penser maillée
Il y a une émotion encore plus forte que celle de tuer, c'est celle de laisser la vie.
Je vous salue névrosés !
Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes
Parce que vous ressentez les autres comme si ils étaient vous-mêmes
Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance Parce vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde, parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde
Pour votre peur de l’absurdité de l’existence
Pour votre subtilité à ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux
Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu, pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien
Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches, pour votre créativité et votre capacité à vous extasier
Pour votre inadaptation à « ce qui est » et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être », pour toutes vos capacités inutilisées
Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur qui ne permettra jamais l’appréciation de la grandeur de ceux qui viendront après vous
Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez à ne pas humilier les autres, parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale; et pour tout ce que vous êtes capable de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous
Pour la solitude et l’étrangeté de vos vies
Soyez salués !
Il faudra que j’aille jusqu’au bout
de celui que je ne suis pas
pour trouver celui que je suis vraiment
et seule la peur de perdre celui que
je ne suis pas
me freine et m’arrête
« cependant tu ne peux forcer le mûrissement d’un fruit
sans en altérer la qualité : patience »
J'appartiens néanmoins à cette espèce d'hommes qui restent toujours en marge du milieu auquel ils appartiennent, et qui ne voient pas seulement la multitude dont ils font partie, mais également les grands espaces qui existent à côté.
in Le livre de l'intranquillité
L’eau est une flamme mouillée
Quand le moineau construit son nid dans la forêt, il n'occupe qu'une branche. Quand le cerf étanche sa soif à la rivière, il ne boit pas plus que son estomac ne peut contenir. Nous accumulons les choses parce que nos cœurs sont vides.
Nous devons préserver notre fragilité
parce qu'elle nous rapproche les uns des autres,
alors que la force nous éloigne
in Fragilité
Jusqu’à l’heure où
Le galet de la lune
Roulera au sable du ciel
in Ruines
in Décharge n°155
La lampe signale l’instabilité de sa robe
Jusqu’à ce qu’elle tombe sur le lit et regagne sa chair.
in Violin Obligado
traduit par Yvan Avena in Traction Brabant 40
Ne le crains pas le vide ne le supprime pas me dit la voix -et s’il ouvrait les apparences ?- Ne veuille pas combler le manque ni affranchir toute distance -si porter les stigmates de l’absence creusait le pur désir ? – Le peu, ne le méprise pas considère l’insignifiant -si passait la gloire dans les jours gris ? L’illimité dans l’ordinaire des petites heures ? – La phrase détachée, la phrase inachevée, la toile restée sur le chevalet – tout est là me dit la voix dans la sève invisible de toute croissance –
in Le bruissement des arbres dans les pages
Nous marchons vers le désert de nous-mêmes
Aveugles aux feux brûlants dans la nuit.
in Souffles
L’idiot va à ses ratages comme à une science exacte,
Seule raison valable pour achever cette bouteille.
Quelle autre sagesse peut évoquer un tel carnage
in L'éponge des mots
Il punaisera la lune en haut d’un building
pêchera des sourires dans une rivière orange pulpeuse
il fera sonner son réveil à trente-deux heures soixante-six
pour observer la pluie de rêves filants
il picorera l’amour dans la gorge des oiseaux
(…)
Et puis un soir il épousera une colombe en robe d’été
à la lueur d’une catastrophe nucléaire ou boréale, il hésite encore à ce sujet
mais pour l’instant, il doit
se raser
se doucher et
arriver à l’heure au bureau
in Celui qui essayait d’être un homme comme les autres
Microbe n°75
Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter,
au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
in An interrupted life: The diaries of Etty Hillesum 1941-1943