Samuel Beckett
Nous naissons tous fous. Certains le demeurent.
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Nous naissons tous fous. Certains le demeurent.
À l’impossible je suis en proie,
et à ce qui jour après jour
dans le temps suspendu
m’exténue et me tue et me mène,
comme le désir plus vif que l’aube
de tous les univers,
ou le feu du soleil noir qui nous escorte
Un soir de paseo grande.
in Paseo grande
Ce qui nous sauve, ne nous protège de rien et pourtant cela nous sauve.
Une science subtile de l'égarement illuminera les plus humbles choses.
in Rhétorique fabuleuse
Il n’y a plus d’infini. Il y a de l’interminable. Le problème de l’homme est d’assumer cet interminable. Ecrire = c’est comme s’effondrer... au-dedans. Ecrire = faire le vide pour qu’une précipitation soit possible. Rendre l’empreinte verbale de l’empreinte charnelle, voilà ce que je cherche. Être humain est un long travail d’illusion.
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque.
A te regarder, ils s’habitueront.
Tu seras aimé lorsque tu pourras montrer ta faiblesse
sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force.
Tu es libre
Tu es vivant
avec ta souffrance et ta joie
tu es un immense regard
Si tu plonges longtemps ton regard dans l’abime, l’abime te regarde aussi
L'éclat de la lumière qu'un être est capable de tirer de soi en se meurtrissant aux silex de la route se mesure à l'épaisseur de la nuit, à la profondeur des abîmes dans lesquels il peut avancer sans sombrer.
in Les Yeux d'Ezéchiel sont ouverts
L'un de mes compagnons, qui se présentait lui-même comme "un écrivain raté", m'a dit que les autorités du Kentucky avaient découvert dans le journal d'un schizophrène échappé d'un asile la citation suivante : "Les oiseaux sont des trous dans le ciel à travers lesquels un homme peut passer." J'en suis resté bouche bée. Je me suis pieuté à dix heures, légèrement perturbé par cette phrase.
in Une odyssée américaine
Et donner à boire aux mémoires trahies.
Figés dans nos masques d’effraies
Tout nous éteint. Les nouvelles
Qui nous parviennent du front de la vie
Sont si laides que les écouter
Ne donne plus envie de vivre.
in Souffles
Il est loin le bonheur
Et l’idée qu’on s’en fait s’estompe dans l’odeur insistante des camions
Toujours statiques
En warning sur le bas-côté des choses.
le mot voyageur semble déplacé, peut-être subversif. Nous ne sommes plus des personnes ou des citoyens mais les clients d’un lupanar transparent surveillé par des caméras vidéo
in Dernières nouvelles du Sud