René de Obaldia
Le chat est la sentinelle de l'invisible.
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Le chat est la sentinelle de l'invisible.
On n’atteint pas l’illumination en imaginant des figures de lumière,
mais en portant à la conscience l’obscurité intérieure.
Je n’ai pas de patience pour certaines choses, non pas parce que je suis devenue arrogante, mais simplement parce que je suis arrivée à un stade de ma vie où je n’ai pas envie de perdre davantage de temps avec ce que je n’aime pas ou qui me blesse. Je n’ai aucune patience avec le cynisme, la jalousie, la critique excessive et les exigences de toute sorte. J’ai perdu la volonté de plaire à qui je n’aime pas, d’aimer qui ne m’aime pas et de sourire pour ceux qui ne veulent pas me sourire. Je ne perds plus une minute de mon temps pour quelqu’un qui ment ou qui veut me manipuler ou manipuler d’autres.
J’ai décidé de ne plus cohabiter avec le faux-semblant, l’hypocrisie, le superficiel, la malhonnêteté et les éloges bon marché. Je ne peux plus tolérer l’érudition sélective et l’arrogance académique. Je ne supporte pas les conflits et les comparaisons. Je crois en un monde d’opposés et pour cette raison j’évite les personnes au caractère rigide et inflexible.
Je fais miroir à qui me voit ; et c’est pourquoi
une main aveugle, à tâtons, m’a relégué
dans ce grenier, où, tel un souvenir perdu,
je bois contre la paroi le sucre de la pluie
J'aime la simplicité qui s'accompagne avec l'humilité. J'aime les gens qui savent sentir le vent sur leurs propres peaux, sentir les arômes des choses, en capturer l'âme. Ceux qui ont la chair en contact avec la chair du monde. Car là il y a la vérité, là il y a la douceur, là il y a la sensibilité, là il y a encore l'amour.
Tu n’as jamais pensé en faire un métier. Écrire était ta façon maladroite de rester en lien avec toi, de ne pas perdre, sous ta capacité au faux self, la part de toi qui demeurait un jardin. Grâce au poème, tu as conservé une joie, le sentiment d’exister, d’être créatrice. Sous la mort et le mot, tu répondais vivante.
in Lettres aux jeunes poétesses
Le poète est un homme qui a l'imagination et la psychologie d'un enfant. Sa perception du monde est immédiate, quelles que soient les idées qu'il peut en avoir. Autrement dit, il ne décrit pas le monde, il le découvre.
in Le Temps scellé
nous étions l’oiseau blanc
qui porte le nuage entre ses ailes
nous étions le vol et l’oiseau
fendant le ciel du regard
quand s’abolit la distance
et que renaît le feu
in soleil à son lever
Un homme marche dans les feuilles,
non loin du pavillon. Il se déplace si
lentement, avec tant de précautions
qu’il ne s’aperçoit pas qu’un arbre le
suit.
in L’homme qui penche
Demande au veilleur là-haut
sur sa branche
parmi les lucioles
dans la braise des mots
dans le presque rien d’écrire
il sait – lui- l’attardé
que son aujourd’hui
dorsale de l’ailleurs
n’a pas d’autre horizon que sa langue
où l’éclair se dénude
in Sur la table inventée