Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CATHY GARCIA-CANALES - Page 24

  • Randolph Stow - The Visitants

     

    TheVisitantscouv-une.jpgUne belle surprise ce roman et je remercie les éditions Au Vent des Iles de me l'avoir généreusement offert. La découverte déjà d'un auteur majeur en Australie, si bien que c'est incroyable qu'il soit inconnu chez nous et cela m'a donné envie de lire tous ses livres ! C'est donc une première traduction en français pour un roman paru en 1979 et qui a remporté le Prix Patrick White, le Nobel australien, la même année ! Roman très humain, au sens le plus authentique du terme, c'est ce qui sans doute lui donne l'air d'avoir été écrit hier. Il se déroule en 1959, sur une île reculée de Papouasie, alors australienne, et donne alternativement la parole à tous les protagonistes qui racontent des évènements antérieurs à la fin tragique de l'officier Alistair Cawdor. Une polyphonie rythmée et captivante, on ne s'ennuie pas une seconde, on est happé, c’est un régal. L’écriture pourrait rappeler certains romans amazoniens, en rapport avec la présence très forte de l'environnement naturel, sa chaleur, sa moiteur jusqu'à l'étouffement, cette fièvre toujours à la frontière de la folie que le lecteur peut ressentir comme s'il était lui-même parmi les protagonistes. Une très belle écriture vivante et franche qui nous plonge dans les tréfonds des uns et des autres en explorant notamment la douleur humaine et qui, et c'est un aspect essentiel de ce roman, donne à la culture indigène la place qui est la sienne : égale en humanité, respectable dans ses différences. C’est là une des qualités qui fait de ce roman une telle réussite : l'auteur qui s'est inspiré de sa propre expérience, ne tombe ni dans un travers colonialiste même repenti, ni dans une adulation trop naïve du bon indigène, un regard tout aussi colonialiste qui ôte à l'autre ses nuances, ses contradictions. Le choc des cultures est réel et il fait intégralement partie du récit, ce qui fait le lien, c'est l'humanité qui dans son essence est partout la même et comment chaque culture se modifie au contact de l’autre. Et on sent le respect que l’auteur a pour la culture Kiriwina qu’il a donc lui-même côtoyée et dont il a même commencé à apprendre la langue lors des quelques mois de séjours en Papouasie-Nouvelle-Guinée dans sa jeunesse. Une bonne façon de découvrir aussi une culture rarement abordée en littérature. Plus personnellement, je me sens très proche de l'auteur dans sa façon de ressentir les choses et la lecture de sa biographie détaillée a confirmé ce ressenti. J'ai hâte de voir ses autres livres traduits en Français, ce qui est donc le projet des éditions Au Vent des îles dont je ne peux que recommander le catalogue rempli de perles, que j'ai déjà évoqué lors d'une autre lecture, L’île des rêves écrasés de Chantal T. Spitz. 

     

    cgc

     

    Randolph-Stow-in-Park.jpgRandolph Stow (1935-2010) est un auteur du patrimoine australien, un grand classique maintes fois primé tant pour sa prose que pour sa poésie. Inconnu en France, il est le chaînon manquant, à côté du prix Nobel Patrick White (son contemporain), pour nous permettre d’appréhender toute la richesse du paysage littéraire australien et son importance pour la littérature mondiale d’aujourd’hui. 

     

     

    Voir : https://auventdesiles.pf/catalogue/collections/litterature/the-visitants/

     

     

     

  • Andrea Pramuk

    Andrea Pramuk.jpg

     

    Ma chair en résonance

    avec le minéral humide

    les parois remontées

    du débuts des temps

    le parcours des doigts

    qui tracent les lignes

    faille strates

    chevaux bisons

    ma peau mon souffle

    le même frisson

     

    in en cours

     

     

     

  • Y'en a marre

    Tous les donneurs d'ordre d'assassiner, toujours bien planqués, les bouchers aux mains immaculés, les fabricants de malheurs, les semeurs de vengeances à répétitions, vous êtes la lie de l'humanité, faut que ça s'arrête, faut qu'on vous arrête, vos mensonges, vos déraisons, vos abjectes autojustifications, votre obstination à aller contre l'évidence et à entretenir les problèmes que vous clamez vouloir régler, c'est plus possible, y'en a marre de vous, vraiment y'en a au-delà du marre, vous qui prenez en otages les populations dans vos délires de puissance et qui vous arrogez le droit de pourrir les vies de toutes celles et ceux qui n'ont qu'un désir : vivre en paix leur simple vie sans nuire à personne dans un monde simplement juste et construire et créer du beau, du bon. On vous voit, vous êtes transparents et on voit toute la merde à l'intérieur, vos paroles creuses, on entend le vide, on voit, on entend et on n'oublie rien, nous les gens de partout qui voulons vivre sans nous entretuer parce que nous sommes bien plus forts et bien plus intelligents que ça.

     

    cgc

     

     

     

  • Atelier Collage & écriture du 10 octobre - Cahors

    COLLAGE 1 Myriam.png

    M.

     

    paix_geste_aboutir_ouverture_fenêtre

     

     

    *

    Asie merveilleuse, je t’imagine douce et spirituelle, en paix. Malgré la force immense et innombrable de ton peuple, c’est l’ouverture de la vie dans le silence. Au bruit du gong, les bonzes se rassemblent, la lumière s’étend peu à peu par les ouvertures des fenêtres. Dans un geste, le moine observe, avance seul, en prière pour aboutir au bout du chemin, le souffle de l’air se parfume, les oiseaux s’envolent au soleil couchant. 

    J.

     

     

    *

    Quel long chemin depuis la barque amarrée dans un marais poitevin à ce village perdu au fin fond du Tibet ! J'ai longtemps marché, infatigable, de Compostelle à Katmandou, j’ai traversé des forêts denses, emprunté des sentiers inextricables à poursuivre ma quête, chercher une ouverture, une fenêtre sur le monde. J’ai appris les gestes ronds et doux comme de l'argile polie. Je marche encore dans l’espoir d’aboutir,  trouver enfin l'amour et la paix du cœur et de l’esprit. J'attendrai.

    O.

     

     

    *

    J’ai passé ma vie à chercher la paix. Je l’ai cherchée dans mes voyages les plus lointains, je l’ai cherchée dans les livres, dans des philosophies d’ici et d’ailleurs ; je l’ai cherchée dans la nature, dans mes longues marches. Je l’ai cherchée partout sauf en moi-même et puis il y a eu ce bloc d’argile, le pot que j’ai commencé à façonner et au moment où ma main s’est mise à lisser l’intérieur, soudain j’ai compris ! J’ai senti, surtout, ce passage en moi… Sans m’en apercevoir, j’ouvrais une fenêtre : ma quête venait d’aboutir en un seul geste.

    C.

     

     

    *

    Aboutir à ce presque rien
    En son point de rupture précisément 
    Mais avant 
    Le chercher dans l’ouverture 
    Du geste et de l’oubli
    Au creux de la glaise
    En une amplitude infinie
    L’accompagnant dans l’herbe murmurante
    Puis passer la fenêtre de pierre
    Peut-être
    En paix.

    M.

     

     

     

     

    Collage du 9 octobre 23.png

    O.

     

    sauvage_majesté_cinéma_prisme_lumière

     

     

    *

    Regarder par le prisme acéré
    La douce folie du souffle
    Sauvage étreinte 
    Par mille feux répétée
    Et revivre
    Le cinéma d’une vie. 
    Mais alors
    Mais alors avec majesté
    Recevoir la lumière.

     M.

     

     

    *

    Dans la lumière du cinéma, se ligue l’alternance du prisme de l’ombre et d’éclats de cristal, voyez-vous les bêtes sortent le soir pour forniquer. Les fauteuils rouges accueillent sa majesté, maquillée, apprêtée, cet animal aime la vie parisienne, le luxe, la débauche et la nuit.

    J.

     

     

    *

    Ce soir, il l’emmène au cinéma Majesté ! Ce soir, elle s’est faite belle, juchée haut sur ses talons de lumière, une splendide girafe toute en strass. La ville aussi brille dans sa tenue nocturne, oh Paris ! Elle l’attend et ce soir, elle se sent à la fois sublime et animale et au travers du prisme de cette nouvelle confiance en elle, se sait irrésistible ! Il aura bien du mal à ne pas se jeter sur elle pour la prendre ardemment sur le velours rouge des fauteuils comme un sauvage. Oui, c’est certain, ce soir, il l’emmène au cinéma Majesté ! «  Madame Michel, vous m’entendez, madame Michel, c’est l’heure de la piqûre. ».

    C.

     

     

    *

    Éteignez la lumière ! Ce soir on joue « Sauvage » dans un cinéma du 8e arrondissement, au pied de la tour Eiffel. C'est le soir de la Première. Tous les acteurs sont conviés. Du haut de son second rôle, sa majesté la girafe maintenue fermement par sa dresseuse, observe le couple star, les cervidés qui ne semblent pas avoir compris que les répétitions étaient finies. Le réalisateur s'impatiente, il n'est plus sûr de son scénario ni du prisme qu'il a choisi pour conquérir le public qui arrive déjà. . Comment interrompre les ébats de ces chers animaux ? ...

    O.

     

     

     

    Josiane Collage octobre 2023.jpeg

    J.

     

    riche_tourbillon_strabisme_affichage_mouvement

     

     

     

    *

    Je dessinerai l’humanité 
    En un tourbillon de corps
    Riche de ne plus t’attendre
    Mais le mouvement de tes bras
    L’étirement de tes lèvres
    Sous cet affichage outrancier
    Je te vois
    Lorsqu’en un strabisme inquiet
    Mon regard se pose sur tes hanches.

    M.

     

     

    *

    J'ai prévu un affichage sur tous les murs de la ville afin d’imposer la complexité du strabisme et peu importe si ce kaléidoscope, ce tourbillon de couleurs vives et riches risque de faire perdre la tête ! La vie va vite. L'humanité va vite. Tout est mouvement. Où suis-je dans cette agitation ?

    O.

     

     

    *

    L’écran s’allume, l’affichage clignote : il y a du parasitage puis tout apparaît en même temps, tourbillon ! Le clignotement devient stroboscopique, tout semble en mouvement et le panel déjà si riche des couleurs passe au fluorescent aveuglant ! Ma vue se brouille, j’entends une voix « tout se réunit au point du strabisme », la tête me tourne, explosion, écran noir. Le docteur me prend la main : « c’est très bien, me dit-il, revenez la semaine prochaine, même heure. ». Je sors du cabinet, je sors dans la rue, tout me semble si calme.

    C.

     

     

    *

    Sur le mur de béton accrochée, collée, brute, existe une affiche, grande colorée, riche de mouvements, déchirée de tourbillons. C’est l’affichage qui dessinera toute l’humanité, des hommes, des femmes, des enfants, des animaux, un foisonnement. Ouvre tes yeux, évite le strabisme, l’avenir c’est le passé qui devient l’avenir.  

    J.

     

     

     

     

    Course duelle.jpg

    C.

     

    humanité_évolution_duel (adj.)_énergie_équilibre

     

     

     

    *

    Énergie
     
    Grogne l’humanité
    Mais veille l’ange du jour d’après
    L’homme court
    L’homme hésite
    Et dans un élan duel
    Écorche son rêve
    Principe de son évolution même
    L’homme court
    L’homme aime
    En équilibre
    Sur un lit de braises.

    M.

     

     

    *

    Ça bouge, ça explose d’énergie, sans équilibre, sans décence, avec évolution dans l’ horreur. Le monde duel s’exprime, l’homme nu, l’homme squelette, l’homme armé, l’homme en un mot détruit l’humanité. Les mamans en pierres restent figées, malgré tout protectrices, elles essaient d’ouvrir les bras pour l’éternité. 

    J.

     

     

    *

    Voilà la grande ronde de l'humanité des démonstrations d’amour aux gestes les plus barbares, les  rapports duels homme-loup, ange ou démon… L'homme court, dépense son énergie aux conquêtes de l'impossible. Évolution ou régression ? Équilibre précaire avant la chute funeste. Des dunes d’os redeviendront poussière.

    O.

     

     

    *

    L’humanité a toujours été duelle. Dans sa course à l’évolution, elle n’a cessé de chercher l’équilibre pour le détruire sitôt repéré. Elle met tant d’énergie à avancer qu’elle ne voit pas que la plupart du temps, elle recule. Il y a quelque chose d’essentiellement simple qu’elle a perdu à moins qu’elle ne l’ait pas encore trouvé. Les braises des origines couvent encore, nos plus lointains ancêtres continuer à souffler dessus et l’humanité court… Court-elle à sa perte pour se retrouver ?

    C.

     

     

    *

     

    Textes inspirés par le collage de F.

     

    partir_houle_cercle_voyage_spirituel

     

     

    *

    Pourrais-je partir malgré la houle
    Et sortir, sortir du cercle dormant
    Le voyage sur mes lèvres
    Et d’humeur spirituelle
    Suivre l’appel de l’eau.

    M.

     

     

    *

    J’aime le voyage, je vais partir. Monte dans mon bateau, la houle de la mer me porte déjà. J’imagine ce temps spirituel, des hommes en cercle où tout se négocie, l’attente des palabres, les animaux gracieux, terrifiants, dangereux, les couleurs extraordinaires, les senteurs du marché, la chaleur de la terre, je suis sûre qu’en rentrant, je serais différente.

    J.

     

     

    *

    Partir pour un autre peut-être, sortir du cercle pour un voyage, une quête spirituelle…se nourrir des gestes ancestraux et de la nature apaisante… mais il y aura l'épreuve de la traversée ! Celle du fleuve  et de sa houle violente avec les inquiétants tourbillons d’ écume… Une fois sur la rive opposée, le soleil se lèvera derrière une arche de verdure et les éléphants s'embrasseront.

    O.

     

     

    *

    Partir… Elle avait toujours rêvé de partir loin et elle avait beaucoup voyagé, navigué et toujours le cercle de la houle l’avait ramenée à son point de départ. Un jour, elle décida qu’elle ne bougerait plus. Ainsi commença le plus étonnant de ses voyages : son voyage spirituel.

    C.

     

     

     

  • Quand les jeunes et les scientifiques dialoguent avec les Kogis

    J'ai connu Tchendukua dès sa naissance, passionnée par les Kogis et ce qu'ils ont à nous apprendre. Les peuples premiers et moi c'est une histoire que je ne m'explique pas qui remonte à mon enfance, avec toujours cette cruelle sensation d'être née chez l'ennemi... mais donc j'ai soutenu, participé à l'époque où je le pouvais (au rachat des terres ancestrales notamment), maintenant les Kogis viennent ici ausculter nos terres, nos montagnes, nous dire à quel point elles sont malades, ce n'est pas du folklore, c'est de la connaissance, séculaire, extraordinaire, qui est confrontée aujourd'hui à celle de scientifiques ouverts d'esprit (ça semble une lapalissade et pourtant... hélas non), bref, c'est juste essentiel :