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CATHY GARCIA-CANALES - Page 26

  • Atelier Collage & écriture du 23 janvier - Cahors

     

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    J.

     

    Ruissellement_solitude_poulailler_enfermement

     


    *

    C’est un jardin secret, minuscule et luxuriant. Le besoin d’en sortir parvient par moment à te tirer de la solitude et de l’enfermement protecteur. La lumière suinte des murs, ruissellement exubérant. De ta fenêtre, tu aperçois des gens. Allez, met ton manteau, passe la porte et va t’occuper de fermer le poulailler avant que le renard ne fasse un carnage.

    L.

     

     

    *

    Ruissellement d'herbe tendre. Couleurs des jardins promis. Mais les portes sont barricadées, tout est clos, je ne vois rien du dehors. Enfermement. Juste une chaise contre le mur pour asseoir ma solitude. Mal à la tête, monde hachuré… Il me faudrait aller au poulailler, il faudrait que j’aille libérer les poules !...

    O.

     

     

    *

    L’extérieur de la maison ne laisse pas deviner ce qui se trame derrière ses ruissellements de verdure, l’écrin fleuri d’un joli jardin bien comme il faut. En réalité, ce n’est pas une maison qui se trouve là mais une cage. Y règne un coq qui joue les gourous et les quelques poules de ce poulailler doivent se soumettre à toute heure du jour et de la nuit aux désirs libidineux de ce vieillard mal illuminé. Solitude et enfermement. Même sa propre fille y serait enfermée, c’est en tout cas ce que chuchotent entre elles les bigotes du quartier. Fantasme ou réalité ?

    C.

     

     

    *

    La porte est fermée, ici la solitude fleurit. Dans ce poulailler des femmes nues caquettent. 
    Néanmoins ce n’est pas une vie froide et difficile, la Bastide apporte joie et recueillement, certains disent épanouissement et développement de l’âme.
    On dit : pas de contradictions, pas de blessures, que de la douceur de vivre... si on y croit !
    Et bien moi je dis, il est vivant de se retrouver dans le tourbillon de la vie où tout peut arriver : de la joie, de la mort, des problèmes, ce ruissellement incandescent que nous ne maitrisons pas, même derrière des portes fermées. Le patriarche barbe blanche rigole !! il sait lui que l’on ne maîtrise rien. 

    J.

     

     

     

     

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    L.

     

    Chasse_étal_chair_braderie

     

    *

    Ce jour, c’est grand marché de la chasse. Sur l’étal, ces gens-là présentent leurs gibiers morts ou vivants.  Femmes saucissonnées, prêtes à l’emploi, biche de bois, femmes de chair. 
    Voyez!  il y a là ... l’homme en noir, qui discute les prix à la grande braderie. 

    J.

     

     

    *

    Jour de chasse. Après la pesée, les femmes sont lâchées au milieu des biches pour tester leur résistance. Un commissaire-priseur sera chargé de la vente aux enchères destinées aux parieurs, une sorte de grande braderie où leur chair sera exhibée sur les étals du bichodrome. Qui prend, qui achète, qui mise ?... Louise a perdu sa chaussure en courant. Peu importe… désormais, elles sont toutes destinées à vivre dans ce qu'ils appellent le jardin d’Éden où, esclaves dénudées,  elles devront apprendre à courir plus vite que les biches.

    O.

     

     

    *

    À courre, à courre, la chasse et ils accourent de partout pour être les premiers à la grande braderie pour le peuple. Chaque année, la même effervescence pour venir tâter la chair que les tractopelles ont déposé sur les étals, chaque année la même concupiscence et le grand veneur d’observer la foule endimanchée avec ce mélange de morgue et d’amusement, caractéristique des grands prédateurs qui siègent à la cour.
    À courre, à courre, la chasse !

    C.

     

     

    *

    Malgré les siècles, le grand marché de la chair est toujours là ! Chair fraîche de la femme, de l’enfant, des animaux de la forêt. Tout est bon pour se mettre en chasse et pour exhiber ses trophées. Où se loge cette envie qu’à l’homme de présenter sur l’étal de sa masculinité, ses prises ? Pourquoi ce besoin de mettre en évidence, telle une braderie, ce qu’il piétine allègrement ? 

    L.

     

     

     

     

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    O.

     

    Regard_reg_cactus_douceur

     

     

    *

    Le sablier du temps emporte les regards. Pourtant, vous voyez le cactus qui se fraye un chemin dans l’ocre du sable. Il y a dans ces couleurs, l’or des cieux qui apporte la douceur d’une fin de journée. Dans le reg, malgré les pierres, la poussière et la chaleur, fleurissent des pousses vertes.... 

    J.

     

     

    *

    Les regards sont d’une douceur infinie. Des yeux de biche aussi profonds que le désert. Le reg, d’une dureté âpre, réveille l’envie du voyage chez les créatures qui le peuplent. À l’horizon scintille, inaccessible, une fleur simple, loin, très loin des cactus.

    L.

     

     

    *

    Dans le flacon, trois cailloux et un génie. 
    « Vas-y mon frère, demande ce que tu veux, il exaucera, il suffit de frotter le flacon trois fois !
    -    Qui s’y frotte s’y pique, répond l’homme du reg, qui me dit que ton flacon n’est pas un cactus ou qui me dit que ce n’est pas un mirage et que mon regard me trompe ?
    -    Mais non, mon frère, touche, tu vois bien, c’est un flacon doux comme une biche du désert, allez, essaye, frotte et fais un vœu !
    -    Non merci, mon frère, garde ton flacon et prends plutôt cette fleur verte comme l’espoir, je me méfie des génie, je préfère me contenter de ce que j’ai, mais je te remercie et te souhaite d'aller en paix. De ton flacon, j’emporterai juste la douceur. »

    C.

     

     

    *

    Dans la nuit profonde, une biche d’airain a surgi de nulle part, peut-être d'un conte où elle a remplacé le renard. Ici, c’est le désert. Parfois, on rencontre encore des fennecs dans les regs hostiles où les cactus ne poussent plus. Subsistent quelques hommes qui tentent de pactiser quand tombe la douceur du soir. Ils échangent des regards auréolés d’espoir... étrange connivence…ou encore, ils implorent le ciel… mais leur aspiration se révèlera frelatée. Une tout autre réalité attend ces orpailleurs oubliés.

    O.

     

     

     

     

     

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    C.

     

    Odeur_miel_lanterne_sens

     

     

    *

    Ici tout est douceur, couleur miel, sucré, bouche vanillée. J’aime cette odeur persistante, agréable, qui imprègne mes sens, qui imprègne le manteau noir. 
    Restez avec moi ! allumez la lanterne, je vous suis, surtout ne m’oubliez pas. 
    Vous savez je ne pleure pas, la douleur n’existe pas, je suis si fragile et si forte, la vie est une grande aventure, la vie est belle !

    J.

     

     

    *

    Un boudoir ocre nacré, peau douce, odeur de miel et de vanille… tous les sens en éveil en quête de cette petite lumière au cœur même de la volupté, cette hypothétique lanterne qui éclairerait mon chemin…Rien ne résonne dans ma tête… Dehors, dedans, où suis-je ?

    O.

     

     

    *

    La lanterne diffuse une douce lumière. La chaleur dorée révèle les senteurs de l’automne, dernier grain de raisin dégusté. Le refuge exhale la vanille et les pétales de roses. Les sens sont en éveil. Tout est prêt pour la recette : chocolat et miel aussi. Quand le souvenir est trop fort et l’absence obsédante, les odeurs sont un abri de sucre.

    L.

     


    *

    « Je m’en vais chercher l’Homme, dit Diogène, allumant de bon matin sa lanterne. 
    -    Mais cesse donc, lui croasse la grenouille cachée dans le puits, cesse donc cette quête vaine, va donc plutôt chercher la Femme, elle tu la trouveras ! Ouvre tes sens, suis la piste des parfums, rose, vanille, cacao, les odeurs de miel, suis les abeilles ! Va et trouve la Femme, goûte les saveurs de sa sagesse, la justesse de ses gestes, inspire-toi de son courage. Va, trouve la Femme et savoure enfin le plaisir de vivre ! À chercher l’Homme comme un pauvre dément, tu es comme mort, quitte ton tonneau et rejoins la terre des vivantes. »

    C.

     

     

    Merci à toutes les participantes !