Leonard Cohen - The Hills
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C'était passerose et ras de ruines j'allais vers toi
remonter l'en haut tirait doucement d'abord
par les yeux
tout cet enfer de tranquillité saoûlerie de solitude
pour un arbre je ne sais pas quelque chose comme
bourgeon avant terme éclaté
branche fourrée de fourmis
feuille
méprisée lors de la cassure du froid
un ressuiement
de terre tôt dégelée
un arbre juste un arbre
inqualifiable
lacis noir gris de fond de pluie
et toi innommée inaperçue ma vieille usure
ma peau de petitesse
l'extase de vivre
malade minable rouillé roulé par les rues
comme une boîte de conserve à la bouche ébréchée
de vivre un peu à peine ce petit reste croûton de pain
séché blêmi fade ton visage de laideur qu'un arbre là
aimait sans rien dire
et je viens les yeux fermés
où tu étais venue
je viens me souvenir
avec des douleurs réapprises
aux épaules
je viens comme un matou de nuit
rôdeur parmi les
détritus
c'est toi que je trouve grise cernée de folie
vigne tombante contre un mur de briques
et cela aussi près de l'en dessous cette splendeur
de bric-à-brac de broche à foin
est
le plus pur amour
LA PLACE
La mitraille résonnait. Sa clameur s'entendait des murailles de Chine
aux îles du pacifique.
Un feu d'artifice embrassait le firmament.
Des fumées éclipsaient le soleil.
On répétait souvent : " Demain ".
Les murs des échoppes vacillaient.
On se donnait la main pour avancer les canons.
On s'écrivait des lettres anonymes.
L'ironie gagnait quand Monsieur-Mensonge survint.
On vit sur le marché des légumes contrefaits et des collectes
catastrophiques.
De graves messieurs hochaient leur tête dénudée.
Des monocles soulignaient des regards haineux.
On se vendait.
On découvrit une autre planète. A la fin, un grand brouhaha
sur la place ( surtout quand on voulut peindre le tréponème pâle).
On y voyait des rats, des bouledogues endiablés, vociférer
les commères. Des croquemitaines en rupture de ban, des gnomes, des baguettes magiques, des laiderons aux seins, des pantouflards, des crapauds, des violons d'Ingres, des tabliers raccommodés, des bagatelles, des alchimistes, un tas d'affaires incommodes, une pierre philosophale, des gens rassis, des mystérieux phénomènes, des techniciens à la recherche des ténèbres, des boutiquiers sans façon, d'anciens champions d'échecs. Le monde à l'envers.
Un marmot gentil comme tout, un petiot frileux, un petit garçon grand comme ça, si petit qu'on ne le voyait plus, un petit fou de rien du tout, assis à califourchon sur une borne disait :
- J'ai faim.
La vie ne serait-elle qu’un long dialogue de sourds avec les morts, nos morts ?
Chacun charrie ses défunts, certains des villes entières, des peuples. Litanies sans fin de noms gravés dans le granit de l’âme. Parfois nous vivons à peine, certains morts pèsent si lourds. Nous devrions les lâcher, tous, lâcher nos morts, qu’ils s’envolent.
cg in Celle qui manque