Chiharu Shiota - A room of memory
Je suis un être de verre cent fois recollé.
L’écriture est un panneau « attention fragile ».
cg in Chroniques du hamac, 2008
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Je suis un être de verre cent fois recollé.
L’écriture est un panneau « attention fragile ».
cg in Chroniques du hamac, 2008
Souffle, eau, sang, sève, mouvement.
La lumière comme la pensée, des impulsions.
cg in Chroniques du hamac, 2008
LA chaise, sur laquelle se pose et se repose notre partie la plus charnue, LA chaise, une sorte de cul de remplacement en somme. Objet commun d’entre tous, objet d’une telle évidence et qui s’offre si généreusement « Prenez-donc une chaise. ». Quatre pieds bien ancrés, entre terre et ciel, nous offre une position qui n’a pas toujours été la nôtre, et qui d’ailleurs ne l’est toujours pas dans bien des endroits de notre planète. Quatre pieds bien arrimés, qui n’empêchent pas pour autant les enfants de s’en balancer, au risque de valdinguer, chaise et enfant confondus, six pieds en l’air. Serait-ce à dire que les enfants ont moins de respect pour ce si noble objet que nous, adultes, grands et responsables ? Les enfants préfèrent, à l’image de nos ancêtres et de nombreux peuples encore aujourd’hui, s’asseoir par TERRE. La chaise finalement ne serait-elle pas plus convenable que confortable ? Ce n’est pas Pharaon qui me contredirait qui fut sans doute le tout premier à vouloir affirmer sa puissance, en dominant un peuple accroupi aux dépends de son propre confort. En effet, les premiers sièges nous les devons aux Égyptiens, avant la klismosdela Grèce Antique, qui innove avec le siège ergonomique.
À l'origine donc, la chaise était un privilège réservé aux élites. Les gens du peuple, chez nous par exemple, utilisaient le coffre, le banc ou le tabouret. Autant dire que de la chaise au pouvoir, il suffit de prendre place, et le must ce sont les chaises portées par d’autres, la sedia du Pape (habemus !) et autre chaises à porteur qui sont souvent vite devenus le symbole de l’oppression dans les pays colonisés. Et nous pouvons pousser la réflexion jusqu’à l’inversion du symbole, quand la chaise fait déchoir l’être au plus bas, elle devient alors celle du condamné, la chaise punitive par excellence, la chaise électrique.
Mais revenons à nos chaises à nous, nos chaises toutes simples, si familières dans les foyers même les plus modestes. Si pratiques certes, mais sont-elles vraiment à ce point, indispensables ? Si nous n’avons pas la grosse tête en y posant nos fesses, ne seraient-elles pas pourtant comme un obstacle immiscé entre notre rondeur postérieure et la rondeur de la Terre ? Nos fesses ne se plairaient-elles pas mieux au sol finalement et n’y aurait-t-il pas quelque chose à apprendre à s’asseoir de cette façon ? Quelque chose qui aurait à voir avec un peu d’humilité. Agenouillés, en tailleur, voire en lotus, est-il impensable d’imaginer que cela puisse nous libérer l’esprit ? Nous ramener à une plus juste mesure ? A une gymnastique à la fois morale et physique qui nous serait bénéfique ? Les Asiatiques semblent en savoir plus que nous en ce domaine et pour avoir pratiqué, je pourrais même dire que la posture assise au sol, lotus ou zazen, peut nous être extrêmement bénéfique, de même que tout simplement s’asseoir plus souvent dans l’herbe.
J’écris tout ceci en buvant mon café, assise bien évidemment sur une chaise, une chaise en bois tout ce qu’il y a de plus classique. Alors plutôt que de bavarder plus longtemps, passons à la pratique justement. Me voilà assise sur le ciment de la terrasse. Première observation : il est frais et c’est agréable. Deuxième observation : le sol est sale. J’en arrive donc à cette conclusion, je vous l’accorde un peu hâtive, mais c’est un fait : si nous n’avions pas de chaises, nous passerions plus souvent le balai !
CG, juillet 2010
J’emmerde les artistes et les poètes qui se pensent à part.
Le mot ART ne devrait pas exister, à la place il faudrait lire VIE.
Pulvériser ces ghettos qui font que les poètes ne fréquentent que les poètes. Tracer, tresser des ponts, se faire passeurs d’ailes.
Que le poète s’enivre avec le plombier, que le plombier danse avec les ballerines, que les danseuses recoiffent les infirmières, que les infirmières peignent les maçons, que les maçons bâtissent des charpentes d’étoiles,
que les étoiles fassent des confitures, que les grand-mères fassent la révolution, que les révolutionnaires fassent du yoga, que les yogis fassent des plans sur les comètes qui ouvriraient des bars pour les poètes qui s’enivreraient avec les policiers en tricotant des alouettes pour faire rire les plombiers.
cg in Chroniques du hamac, 2008
Tant mieux si vous êtes délibérément inutiles, joie de moucheron, beauté des pelages,
petite cuillérée de mondes extravagants.
cg in Qué wonderful monde
Nouveaux Délits, Coll. Les Délits vrais, n°1 - 2012
Parfois, il y a des courts circuits entre les émotions, les sentiments… ça peut mettre le feu ou plonger l’esprit dans le noir… Pas le noir de l’amertume ou de la tristesse, non, juste la coupure d’électricité, la panne… et je ne sais plus ce que j’éprouve. Je sais juste que marcher se fait en mettant un pas devant l’autre, un pas après l’autre avec un peu d’attention pour voir où on met les pieds, mais toujours un pas après l’autre.
cg in Journal 2004
Mon amour est sans concession, mon amour est barbare. Pas assez dilué. J’aime ou je déteste. J’aime et tout doit brûler. Je cherche le diamant de l’homme, un cœur pur, une âme fraîche comme un torrent, une peau douce comme l’aurore. Je cherche un homme fort comme une femme et doux comme un chat.
cg in Journal 2008
Lisse absolu, la richesse est une double protection, rose sur mesure. Alors osez les reflets de surfeuses, balayage bord de mer et le sable en tube. Et n’oubliez pas, dîner en blanc, c’est élégant.
cg in Un vanity de vanités (Asphodèle 2012)
Je me sens entière et vaste, plein d’espace dans ma tête, dans mon cœur, bien en ce corps imparfait que je commence enfin de nouveau à accepter, regarder comme mien. Ce corps marqué par la maternité, une maternité difficile mais qui a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Une femme que je regarde avec amour enfin, confiante dans mes forces comme dans mes faiblesses, parfaitement consciente que je peux souffrir encore, chuter encore et que la vie n’est que recommencement, multitude de morts et de renouveaux.
cg in Journal 2005
Obligée de m’asseoir.
L’imposture abstraite saigne le quotidien.
Tomber à genoux sur un grincement de parquet.
La langue plantée avec joie tisonne la gorge.
L’averse mouille la chapelle.
Passe la nacre d’un ange.
L’usure sent le vieil or, le charme des croix d’automne.
Un lierre a muselé les muses.
Territoire entrebâillé, chaos de chiendent, douce fêlure.
Le pain d’abeille prépare l’érosion des cathédrales.
Ce qui trouble les anges, est-ce un parfum de foudre ou bien de foutre ?
cg in Fugitive (Cardère 2014)
Ma lèvre tremble, le ciel est tombé en cataracte de verre.
En granit fracassé à la mer.
Tant de pêcheurs encombrent la rive et le soleil veut sa part de crème géologique.
Je glisse, toboggan, vers l’abime entraperçu sous la couture des océans.
cg in Fugitive (Cardère 2014)
Il y a une abeille au cœur des fleurs jaunes. Coronilles ? Une abeille, un miracle.
Le monde est devenu fou, il est cependant bien plus fragile que la Terre.
cg in A la loupe
poissons loufoques
nous quittons les fonds d’impasse
cg, Aujourd'hui est habitable
Les magiciennes désœuvrées tissent
Des sorcelleries poussiéreuses
Raccommodent au clair de terre
Des rêves dérisoires
Les poupées de songe bercent
Les pantins somnambules
Les nourrissent de blé trouble
De fleurs coupées à la kétamine
cg in Mystica perdita, 2009
Buisson des cuisses où croassent les crapauds.
Rumeur des langues qui lapent les pierres.
Bouillon noir des reins vrillés de trouille.
La vie et son implacable sentence de mort.
cg in Les mots allumettes
(Cardère 2012)