Raphaële Colombi - Encres de chine
L’encre douce de l’âme
Cette flaque à boire
À la frêle cuillère
Entre l’os et l’humus
Dans les maquis du silence
cg in Aujourd'hui est habitable
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L’encre douce de l’âme
Cette flaque à boire
À la frêle cuillère
Entre l’os et l’humus
Dans les maquis du silence
cg in Aujourd'hui est habitable
Cycle et fiction
Le chat lèche le poulpe.
Le poulpe lâche le chat.
Le cycle n’est pas une roue fermée.
Seule la vitesse en donne l’illusion.
cg in Le poulpe et la pulpe (Cardère 2011)
Tandis que par la fontanelle
La sainte banquise
Déverse ses poissons
La palpitation lasse
Des jardins hallucinés
Trace un pont
Entre cimes et cimetière
Vers le calme éternel.
cg 2014
in Surréel des surrénales
Je funambule sur le tranchant du Réel en exil perpétuel.
Naufrage en terre-ciel. L’échelle et le sceau du rapace.
L’affront et l’envol.
Ailleurs. Ailleurs.
cg in Fugitive (Cardère 2014)
Allongée. Au bord de la jouissance,
s’ouvre une ruche à la toxique ardence.
Exquise écharde. L’impérieuse salissure allume les ourlets
sur la corniche du souffle.
Conjugaison de l’air et du verrou.
Espace ramifié de torrents et de fourches.
La sève cache ses vieilles ruses de silex
cg in Fugitive (Cardère 2014)
Je ne vis que pour le vent, la fuite est vaine. Vouloir retenir ce qui déjà n’est que poussière… Poudre des illusions, si volatile, s’envolera t’elle ?
Des rêves restent cette argile rouge et molle entre les doigts. Colmater les fissures, se peindre la face et hurler à la vôtre des sons barbares qui ne racontent rien d’autre que le cœur battant, le sang dans le ventre et le limon de nos sexes. Vous, mes semblables si dissemblables, si prévisibles, je veux poser mes mains sur vos corps qui s’effacent, qui s’aplatissent et s’étalent en pixels. Cette chair si corruptible, cette ordure, je veux la retenir encore et creuser en elle des chemins de fête, ô divine solitude. Je ne vis que par le vent qui me traverse, qui me caresse, je suis si lasse de vous regardez tourner en rond dans vos boîtes. Je voudrais vous ouvrir, comme des fruits trop mûrs qui refusent de délivrer leurs graines.
cg in A la loupe
EXIL
failles fissures entailles blessures
par où se glisser fuir
dans la gueule puante du mépris camouflé
sous de belles déclarations avec lesquelles
le grand commerce se torche
et chacun chacune
clandestin clandestine
promu étranger étrangère
à sa propre existence
clouer son sourire
ne pas faire de bruit de remous
ne pas déranger
à l’étroit d’affublements de convenance
mâchonner une langue malapprise
qui écorche la bouche
cloue le sourire
in Pandémonium II
Piqûre du vivre. Miel rauque du secret. Nudité inhabitable.
Se sertir dans un jardin amer. Ciseler le semblant, en élucider les ramifications.
J’épouse le cercle de la cohérence oubliée.
cg in Les mots allumettes (Cardère 2012)
Nos mains dépliées
Les dés d’argile roulent
Comme des perles
Les bêtes de potence
Sautent des falaises
Nous jetons leurs os
Dans les vasques de brume
Là où les crapauds boulimiques
Mangent des braises d’orage
cg in Mordre les temps de morts, 2013
Nous ne cherchons qu’à combler le manque et nos béances ne sont pas les mêmes. Nos pains d’ennui, nos charges de nuit, les journées entonnoirs où filtre l’espoir.
cg in Chroniques du hamac, 2008
« Combien ça dure une poule », me demande ma fille,
et je m’entends lui répondre « ça dépend des piles ».
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poules
(Ed. Nouveaux Délits - Coll. Les Délits Vrais n°2, 2012)
La rumeur insolente des transhumances s’estompe.
Les amas de pierres expriment l’œuvre de l’oubli.
Je marche encore.
Il me faut grimper jusqu’au point d’ancrage. Déployer la corolle.
Prendre refuge là où naissent les glaciers.
cg in Fugitive
(Cardère éd. 2014)
Dans la cuve du crâne
On entend l’étrange
Ressac de l’acide
L’esprit cataracte
Éclate les coutures
Tandis que dévalent
Par maints orifices
Les pensées mornes
En ruisseaux de plumes
cg in Aujourd'hui est habitable
Contempler jusqu'à renverser le monde, passer de l'autre côté du fameux miroir. Le verre conjugué à la lumière est une porte, l'eau mariée au ciel est une porte également. Le reflet devient réalité à part entière et l'autre dans le reflet, c'est moi, mais ce n'est pas moi. Cela me ramène encore à l'idée du double dans le miroir qui se met à vivre d'une vie propre. Où finit le conte et où commence le cauchemar?
Et si le double du miroir possède lui aussi un miroir ? Et nous voilà, multipliés à l'infini, un sens au mot éternité.
cg in Journal 1997
Les issues vont croissantes à califourchon
Tandis que tournent les chevaux nacrés
Pour les orchestres de sucre ou de purée
Un dangereux morceau d’immensité
cg 2013
In extremis