Albarran Cabrera - Japan - 2013
Tout ce qu'elle lui a donné
A fini en buée
Sur la vitre de son
Aquarium à lui
cg in Le baume, le pire et l'essence
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Tout ce qu'elle lui a donné
A fini en buée
Sur la vitre de son
Aquarium à lui
cg in Le baume, le pire et l'essence
En ces temps de lune bleue, lune noire, lune douce, lune aigre…
cg in A la loupe, tout est rituel
Je suis la hantise des hommes. J’ai placé Lilith sur le trône. En Lion. Orgueilleuse Lilith, combien de mâles te faut-il encore ? Jamais tu ne seras assouvie, car tu ne cherches que la libération. Et voici un soleil qui vient s’opposer à toi, t’éclairer toi, l’obscure. Un soleil à la peau noire pour t’éclairer, toi, la plus noire des noires. J’en ai marre de toi, tu es cruelle, drapée dans tes douleurs immémoriales. Sans concession. Celui qui te dominera devra être plus cruel que toi et moi j’en ai marre, alors refaisons le rite et que je sois libérée enfin. Pouvoir aimer. Je ne connais pas mes limites, faut-il vraiment les connaître pour ne plus se sentir perdu en soi même ?
cg in Journal 2006
EN NERFS ET EN BOSSES
BIEN EN CHAIR
COMBLER LA FOSSE
Mordre
Les grappes de nuit lourdes amères
Mordre
Jusqu’au sang le soleil
Mordre la peau
Punir les marques
Du temps irrespectueux
Abîmer pour abîmer
Creuser le vertige
Sculpter un scalpel
Dans le silex des os
Fendre le fruit
Profaner sa chair
D’un rite animal
D’un rire rupestre
Injecter au cœur
Un virus de vie
Clarté sereine
Éblouissement
Orageuse beauté
De l’entraperçu
Gravir un bout d’éternité
Était-ce bien la peine ?
Plaie obscure de la nuit
Dans nos paumes accolées
Rêve bu au carreau du destin
Est-ce en creusant que l’on ouvre un espace ?
À coup de langues de pioche
Tirer du sensible un semblant de sens
Ou tout au moins l’essence
Le sacre du réel
L’homme qui brûle
Dit à l’homme qui pleure :
Elève-toi !
Jette la dépouille du monde
Et danse !
cg in Mystica perdita, 2009
(in Eskhatiaï, Ed. de l'Atlantique 2010)
Voyage au bout de ma nuit. Journal d’une instabilité psychique. La lune plonge et baise avec Neptune. Rythme. Énergie. Son. Vibration. Euphonies incantatoires. Parfois la route est large et resplendissante, tellement que les yeux se ferment, éblouis. En profiter pour faire pénétrer le vent du large dans les poumons. Se mettre au diapason. Ne l’avais–je pas dis ? « Je trouve la paix sur les ailes d’un délire ». J’explore entre deux avenues de soleil, des catacombes étrangement familières. Je suis au-dessous de la ligne de flottaison. Faire confiance. On ne risque jamais rien de plus que sa vie. Naître, c’est risquer sa vie. Je me fraie un passage entre deux falaises, c’est parfois d’une étouffantes lenteur, puis soudain les rapides et la navigation à l’instinct. Prise de risque oui, mais nulle part où débarquer, alors il faut continuer, louvoyer entre les falaises abruptes, immenses. C’est une naissance longue, compliquée, douloureuse mais qu’importe, il ne s’agit toujours que d’ici et maintenant. Je m’épouvante d’un rien, je me réjouis d’un rien, c’est un genre d’équilibre, de grand écart. La vie n’est-elle pas un grand écart ? Buissonnière d’essence. Il me faut encore changer de peau, ma peau d’âme, la peau intérieure, grand ménage. Une période riche, parfois atrocement dérangeante… La peur jugulante. De nouveau crever d’anciens yeux pour déciller les nouveaux, me traquer dans les moindres recoins. Je suis le pisteur, je flaire mes déjections morales, me suis à la trace de mes compromissions, me fouette l’ego parce que j’aime ça. C’est comme une douche glacée en plein hiver dans la montagne.
cg in Journal 2005
Se séparer. Les pissenlits en graines, réfractaires aux vœux, nous manquons de souffle. Se séparer. Être dans l’instant d’un bourdonnement qui passe, faire taire les pensées, l’espoir, le désespoir. Se séparer. Arrêter les pensées ? Impossible ! Elles tournent, tournent, infernal manège, on n’en veut pas, on n’en veut, à l’autre. Un bourdon sur ma peau, doux, mais aussitôt la peur, ancestrale peut-être, de la piqûre.
cg in A la loupe, tout est rituel
POÈME NOIR
Poème aux rimes noires
Poème d'un monde écorché
Monde de paix illusoire
De rêves assassinés
Toutes les nuits sont les mêmes
Autant de joies que de haine
Tous les soleils se ressemblent
Trempent dans un même sang
Aux pieds de cités qui tremblent
Jusqu’à la mort elles dansent
Tous les peuples savent sourire
Ils savent tous tendre la main
Tous ces peuples qui chavirent
Avec des armes sur leur sein
Leurs enfants jouent dans les rues
Qu'il tombe de l'eau ou des bombes
Ils aiment tous courir pieds nus
Même s'ils trébuchent sur des tombes
Poème aux rimes noires
L’espoir est un supplice
Le monde à l'abattoir
Et l’amour s’éclipse
cg 1995
in Guerre et autres gâchis
J’ai toujours cette image de deux enfants, peut-être les premiers, peut-être les derniers, cheminant en silence, seuls et étrangement unis. Vers quoi marchent-ils ? Sur quel fil invisible sont ils en équilibre ? Lequel a t-il le pas le plus sûr ? Qui lâchera l’autre le premier ?
La petite fille qui croit avoir des ailes ou le petit garçon qui préfère marcher en aveugle ? Peut-être ont-ils tous deux des ailes et ils ne le savent pas. Ce sont peut-être des anges, chacun est l’ange de l’autre.
cg in Journal 1993
Noir d’encre. Cette musique est un appel aux voyages, toujours le voyage, intérieur ou extérieur. Ma maladie, c’est de vouloir me sédentariser alors que mon âme reste nomade. Cette maladie je ne sais si elle est bénédiction ou malédiction. Pourquoi donc, toujours ces choix à faire ? Ces contraires qu’il faut départager ?
cg in Journal 2001
Depuis quelques jours, des parfums suaves m’arrivent soudain de je ne sais où, des parfums fleuris. C’est étrange. C’est un phénomène qui a commencé il y a quelque temps maintenant, et qui revient soudain, comme ça. Des parfums flottent dans les airs. Parfois la sensation qu’un autre monde est là, tout près, de l’autre côté d’un voile de plus en plus fin.
cg in A la loupe, tout est rituel
fragile-moi
évade-moi
sois mon cheval nu
réveille le chaos entre mes cuisses
cg in Tisonne, 2013
Je ne pars pas en Asie les mains vides. Je pars avec des bagages de lumière. A moi de savoir les utiliser. La nervosité me guette mais je connais les moyens de l’apaiser. C’est l’esprit qui créé cet état alors c’est l’esprit qu’il faut calmer. Pour cela le corps est un instrument exceptionnel. L’esprit est le cheval, le souffle est le cavalier. Seul le cavalier peut maîtriser le cheval.
cg in Journal 1999
Les mouches fermières ronronnent sur la peau de lait. Déguisé en mendiant, un bleuet part en fumée. Sur les toits, une pie s’effarouche et dans les herbes hautes, les cailles s’endorment en rêvant à des nids sur la lune. Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.
Aux portes de la ville, valse de muses infécondes. Cantiques de murailles à faire froid dans le dos. La langue râpeuse de l’étranger, sa langue hachée, servie juste trop cuite à ceux qui pensaient pouvoir l’avaler. Des gorgones, des maux de têtes apparaissent les soirs de grand vent. Ces soirs où les passants passent comme des mortes-feuilles, où les enfants s’accrochent aux lampadaires qui urinent sans façon sur des chiens vêtus de noir.
Dans les jardins publics, qu’il vente ou qu’il pleuve, les mantes non religieuses sucent des fourmis à miel. Cela offusque et excite les vieilles coquettes, chapeau, gants, eau de violette. Diamants concassés dans leurs regards éteints.
Oui, juste un peu de poussière.
cg 2000
in Trans(e)fusées
En ligne sur http://jlmi22.hautetfort.com/
On s’entasse ici une identité, comme on amasse de la sécurité. Des murs, des enceintes, des cocons d’objets. Je suis comme une éternelle étrangère, cherchant désespérément ses semblables et cette solitude là est abyssale, mais à quoi cela sert-il de ressasser. La poésie est le langage de l’étranger.
cg in Journal 2006
La laideur nous fait subir un interrogatoire. Hantise de nos forêts ténébreuses, de nos landes glauques. Nous devons réintégrer nos monstres, qu’ils cessent d’errer seuls, désespérément cruels. Laisser s’exprimer le réprimé, le refoulé, l’exilé. Nos migrations intimes, nos frontières, nos gardes chiourme, gardes chiottes. Toute cette merde en nous, ordure ou fumier ?
cg in Vous avez dit satyre ?
in Qué wonderful monde (Nouveaux Délits 2012)