Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

FUSIONS POÉTIQUES - Page 111

  • Ignacio Teran - Amazon

    Ignacio Teran Amazon.jpg

     

     

    MON  LOUP D’AMAZONIE

     

    A Punch

     

    Il y avait un ruisseau au fond du potager, l’Amazone, et au-delà c’était la forêt, la grande, la vraie. Et puis toi et moi, à la belle aventure. Toi, loup berger noir et fauve et moi intrépide héroïne chaussée de caoutchouc vert.

     

    Le pont d’allumettes franchi, nous glissions dans le lit sauvage du ru, pour remonter son cours et pister ses secrets, humer l’acidulé des pommes humides, le frisson phosphorescent d’étoiles grenouilles sur l’argile moussue.

     

    Nous apprenions la langue de l’eau, entre le chuchotis des rives vierges, les périlleux méandres et l’obscur ensorcellement des racines.

     

    Nous galopions, bondissions entre ronces et lianes, nous enfoncions au plus profond de la mer végétale pour connaître soudain la joie ivre et farouche de se savoir enfin perdus. Quand Réel et Imaginaire tissaient le Temps du Jeu alors TOUT devenait possible !

    Je m’abandonnais heureuse à cette magie du monde qui m’a tout enseigné. Et toi beau loup fidèle sans faute toujours, à la civilisation tu me ramenais.

    Civilisation dont l’entrée se situait à hauteur exacte de la première rangée de carottes du potager.

     

    cg 2005

     

     

     

  • Serena Malyon

    Serena Malyon.jpg

     

    Je ne veux plus me perdre dans le marais des illusions. J’ai encore besoin d’apprendre à distinguer le vrai, l’humain, le naturel de l’artifice et de la poudre jetée aux yeux par les apparences. A vrai dire, je passe plus de temps à préparer ma mort – et ça sans aucune morbidité de ma part – plutôt qu’à envisager ma vie.

     

    Après tout, je n’ai que 22 ans et j’ai déjà pas mal avancé, si ce n’est socialement – quel intérêt ? – au moins intellectuellement et spirituellement. Je finis toujours par me dire que la vie est fascinante, parce que c’est un mystère et que le moindre détail est une richesse : le pigeon qui roucoule, le chat qui somnole, la pendule qui marque les secondes et les battements de mon cœur. On pourrait passer sa vie à ne faire que vivre si seulement on ne subissait pas la pression de cette société qui veut que tout humain soit un produit rentable.

     

    Le silence parfois est magnifique. Vivre par amour ce n’est pas perdre sa vie.

     

     

    cg in Journal 1992

     

     

     

     

  • Alao Yokogi - That Side of Paradise - 1998

    Alao Yokogi - That Side of Paradise, 1998.jpg

     

    Mais qu’est-ce que tu racontes ? Allo ? ? ? Le tournis, la confusion, que sèment le moindre échange de paroles entre toi et moi. Mais qu’est-ce que tu dis ? Je ne comprends pas ! Tu n’as pas dit ce que j’entends et tu n’entends pas ce que je dis. Pire, tu entends des choses que non seulement je n’ai pas dites, mais que je n’ai même pas pensées et tu dis quelque chose, puis tu dis que tu n’a pas dit ça. Allo ? Je deviens folle avec toi. Seule avec ma poésie, mes élans, mes désirs, mes passions et mes abîmes, seule et l’âme toujours et encore assoiffée.

     

    cg in A la loupe, tout est rituel

     

     

  • Richard Harrington -Inukjuak

    Richard Harrington inukjuak.jpg

     

     QUI ES-TU TOI ?



    Qui es-tu toi
    portée de vagues
    qui me creusent ?

    Qui es-tu toi
    entrée sans frapper
    à la porte du monde ?

    Qui es-tu toi
    pour me donner
    autant de joie ?

    Qui es-tu toi
    cherchant mon sein
    pour l’engloutir
    et mon cœur avec ?

    Qui es-tu toi
    qui pleures, qui cries
    à qui veut entendre
    je vis, je vis ?

    Qui es-tu toi
    perchée au bord
     de mes sourires ?
    Une fée ? Une angelette
    égarée dans mes plis ?

    Qui es-tu toi
    que j’ose appeler
    ma fille ?

    Qui es-tu toi
    qui a donné sens
    essentiel
    à ma vie ?

    Chut !
    Ne dis-rien
    garde ton secret
    Laisse-moi simplement
    t’aimer.

     

    cg 2003

     

     

      

     

  • Edgar Degas - Après le bain, femme nue s'essuyant la nuque -1898

    Edgar Degas _045.jpg

     

    Laver ses sens et se faire confiance. Le quotidien nouveau est là. Aussi limpide, aussi simple et évident qu’une fleur de véronique, une évidente beauté. La vie ne peut pas être qu’une longue et interminable suite de conflits et de problèmes. Il faut un temps pour le rire et pour la fête, pour respirer à pleins poumons, chanter, aimer, délivrer le corps. Je veux du bonheur maintenant, du bonheur tout simple, bon comme du pain frais.

     

     

    cg in A la loupe, tout est rituel, 2013

     

     

     

     

     

  • Christopher L. T. Brown

    Christopher L. T. Brown.jpg

    L’homme sans racine s’enfauve, s’enrapace.   Sans racine, l’homme s’en meurt, s’enfuit et ne revient plus au lieu mythique où il a laissé son cœur. Un cœur nouveau né abandonné qui sait à peine battre mais qui pourtant cogne, résonne comme un tambour.

     

    cg in Chroniques du hamac, 2008

     

     

     

     

  • Adolph Gottlieb - Burst

    Adolph Gottlieb Burst.jpg

     

    LÀ-BAS

     
    Le cri du coq jaillit du bord de l'aube
    Il y aura des œufs à ramasser

    Une gamine dans la cour tire sur sa robe
    Et s’en court au pré pas encore fauché
    Des nuées d'oiseaux sur son passage
    Croassent de sombres avertissements
    Là-bas au loin la grande faucheuse
    Cogne aux tambours de l’enfer
    Mais l’enfant ignore le présage
    Elle court et saute les barrières


    L'air est suave, pur, ni fumées, ni poudre
    La folle fillette papillonne en chantant
    Une comptine à conjurer la foudre
    Sur ses lèvres rose sang
    Elle a les joues rouges et les yeux qui brillent
    Quand elle atteint le ruisseau
    A son front des gouttes perlent et scintillent
    Elle sourit, elle est joyeuse, il fait chaud


    A genoux sur le sable au bord de l'eau
    Elle ferme les yeux et offre un beau visage
    L’oreille aux bruissements des roseaux
    Aux fleurs, au soleil nouveau-né
    Avec toute la ferveur de son âge
    Au vent qui chuchote leurs secrets
    Promet d’être sage comme une image
    Et envoie au ciel un vœu de paix


    Le monde soudain déboule en rafales
    L’enfant sans un cri bascule en arrière
    Tombe comme tombent aussi les pétales
    Des petites fleurs changées en suaire
    Pas de place pour l’enfance à la saison des guerres
    Et pas de tombeau pour les fillettes inconnues
    Seuls des fleuves de haine qui s’en retournent à la terre
    Et des fleurs qui saignent sous les balles perdues

     
    Le cri du coq jaillit du bord de l'aube
    Il y aura des corps à ramasser.

      

       cg, texte original de 1994, paru dan Pandémonium 1 (ed. Clapàs 2001)

    version remaniée pour Guerre et autres gâchis (Ed. Nouveaux Délits 2014)

     

     

     

     

  • Hilde Pollak - Onhe title (tänzerin) - 1930's

    Hilde Pollak- Onhe title ( tänzerin)  1920-1930s.jpg

     

     

    Cette réalité tangible, visible, audible, dans laquelle nous évoluons sinon verticalement, au moins horizontalement, au gré de nos pensées et de nos perceptions. Réalité qui nous conforte dans cette idée du moi, dur comme fer qu’il existe, chacun en est la preuve pour soi…et pourtant nous sommes bien ennuyés quand il faut le définir ce moi. Pour masquer notre ignorance, nous nous construisons une personnalité à l’aide de goûts, de préférences, d’aversions, de projets, d’ambitions. Nous nous approprions certains sentiments, émotions plus que d’autres et nous en faisons ce que nous appelons notre caractère et nous sommes rarement d’accord avec la description qu’en font les autres. C’est normal, personne ne nous connaît vraiment (et pour cause qui pourrait connaître ce qui n’existe pas parce que sans cesse changeant…) alors nous nous drapons d’un sentiment de solitude que nous attachons avec une ceinture d’apitoiement sur soi. Qu’on y réfléchisse un peu trop et survient l’angoisse, l’ego qui se sent menacé d’inexistence.

     

    Nous voudrions être comme ci ou comme ça, mais hélas les miroirs sont parfois cruels, alors nous nous trouvons des raisons pour continuer à consolider le mythe d’une façon de plus en plus complexe, afin qu’il ne puisse pas être réduit au néant. Vu sous cet angle là, c’est épuisant de vivre !

     

    cg in Journal 1999

     

     

     

     

  • Moony Khoa Le - Water Walker

    Moony Khoa Le _Water-Walker.jpg

     

    ...chercheuse d’absolu a du mal avec le côté pratique des choses. Le côté terre à terre. Je manque de terre et de feu, on le sait bien. Je navigue dans les eaux et dans les airs, un univers de bulles. Plénitude ou illusion, un poisson volant. Et le plus fou, c’est que j’en ai vu des poissons volants, des immenses et j’en ai même promené quelques-uns...

     

    cg in Journal 2006

     

     

     

  • Nils Udo - The nest

    Nils Udo.jpg

     

    Le coucou clame son forfait et les oiseaux plus convenables achèvent la construction des derniers nids. Un chien aboie comme il se doit. Ça pépie, ça ricane, ça siffle et bourdonne. Le grand jardin qui m’entoure ne cesse de m’extasier. J’ai décidé de faire de mon quotidien, un sanctuaire.

     

    cg in A la loupe

     

     

     

     

     

  • Eva Riley - Lost in the Storm – Mind of Riley, California

    Eva Riley Lost in the Storm – Mind of Riley, California .jpg

     

    Un homme, la nature. Avec ça je suis heureuse à condition que… Toujours les conditions ! Que tout soit en parfaite harmonie y compris mes accès de folie, de sauvagerie. La nature aussi à ses orages, ses tornades…

     

     

     

    Cg, sur la route pour Santa Maria de Feira, Portugal, juin 2000 

    in Calepins voyageurs et après ?