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FUSIONS POÉTIQUES - Page 22

  • Gilbert Williams - Seeds

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    Voilà que je rêve haut et fort, mais pas encore assez pour me faire entendre. Le temps viendra, peut-être, sûrement ! Tout finit par venir à celui dont l'attente est pleine... Attendre, comme les graines et les fleurs attendent le printemps, sans pour autant avoir cessé d'exister, la force vive est intacte sous la terre. Je ne laisserai pas, ou plus, les autres me détourner ou simplement barrer ma voie. Mon ange ? Non, je ne suis pas folle, simplement un peu trop en avance, mais sur quoi ? Sur le temps ? Sur les humains en général, aucun en particulier... Simplement en avance sur les pensées de mon entourage. Il me semble avoir toujours vécu avec cette sensation de décalage, de distance à la fois fascinante et douloureuse.

     

    in Journal 1996

     

     

  • Sappho - Fresque de Pompei - entre 55 et 79

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    LE PORT DE CYTHÈRE
     
    Là sont les étoiles ! Sur ta peau si douce où ma bouche se hâte vers des contrées particulières, terres sauvages, inondées, pleines d’oiseaux spongieux, de gémissements enfouis.
     
    Bouche en proue, je remonte tes estuaires où, selon la légende, vivent les marins perdus. Agenouillé dans tes lagunes, je bois le sel de tes péchés. Enlacé par tes vagues, je m’élève, jeune soleil gorgé d’un suc qui n’en peux plus de voir tes côtes tanguer sous la houle, ta douce crique enchantée où pleurent les mouettes.
     
    Je prends sur ma langue tous les bateaux amarrés à la frange humide de tes cils, prêt à partir encore et encore pour l'amour du large. Je bois l’écume de ce ravissant coquillage, je cherche la perle qui se cache tout au fond, la perle de satin rose et j’arrache des rafales de cris à ta gorge haletante.
     
    La tempête se lève, mon amour, mais je tiens le cap, à la pointe de la langue et du sextant. Je t’emmène jusqu’au bout de la nuit, là où la jetée se confond avec le ciel mais avant ça, ma lune, tu m’auras donné ton miel.
     
    Je veux jouer avec toi à la joie du monde, je veux entrer dans la vieille danse, accroche-toi ! Je frotterai mon jus sur tes lèvres affligées d’amour. Je suis lame de fond qui harponne tes vaisseaux, je suis pirate sans scrupule qui pénètre ta chambre au trésor. L’huile de mes reins vient mouiller tes rives, se mêler à tes cascades de cyprine. Je jouirai à ton port, ma belle pieuvre, enlacé par tes bras multiples, au flux et reflux de nos baisers dissolus.
     
    *
    août 2000

     

     

  • Tania Font

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    Apprendre à tisser des toiles, à capter la rosée. Manger l’herbe neuve. Faire de sa vie un art d’aimer. Ma solitude est hors d’usage.

     

    Je suis humus, humaine.

     

    Quelle est ma graine ? Ma fleur, mon arbre, mon fruit ?

    Qu’est ce qui en moi n’est pas fumier mais graine ?

     

    Comment cultiver mes jachères, me respecter ? 

     

    Je crois savoir, saisir parfois, mais le savoir ne vaut rien pour lui seul. Terre stérile.

     

    in Celle qui manque

     

     

  • Paul Steven Bailey - Mountainscape

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    Je me sens un peu comme sur le haut d'une montagne. J'aimerais oublier, en cet instant même, tout ce qui me concerne, n'être plus que pure existence, sans passé, sans futur. Le rôle que je joue dans ma vie me semble parfois trop lourd, une entrave qui m'empêche d'être, tout simplement. Plus je vieillis, et plus j'ai conscience de ce besoin viscéral de "sauvagerie", d'un mode de vie plus dénudé, au propre comme au figuré. Me reste à transformer ce désir en force, à l'intégrer à la réalité, alors  peut-être...

     

    cg in Journal 1997

     

     

     

  • Ted McDonnell - L'enfer des mines de charbon - Philippines

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    Manille, gigantesque pieuvre suffocante ! Buildings géants, atmosphère irrespirable et bidonvilles tentaculaires. Pas une ville, un enfer ! L'Espagnol catholique a laissé sa marque austère et Manille à des résonances latines. Les Philippins sont moins discrets que les Cambodgiens. Ici, le culte de l'américanisme sévit. Nuit et jour des gens font la queue devant l'ambassade pour obtenir un visa doré. La responsable de la fondation ERDA* essaie de me joindre depuis que nous sommes arrivés, ils ont bien eu le message et j’espère que les enfants de Sabana pourront venir voir le spectacle. J’en serais vraiment très heureuse !

     

    Inégalités extrêmes, dégueulasses ! Je pense à Sao Paulo, à Rio. Les gens dorment partout, n’importe où, des jeunes, des vieux, des familles, des bébés… La misère et son escorte : saleté, maladies, détresse, violence, prostitution… Injustifiable ! Ici, donner devient une obsession. Ce que je peux, ce que j’ai, de l’argent, de la nourriture, une main, un sourire, ce que nous sommes venus faire ici, avec nos rêves et nos histoires. Une fois de plus l’injustice me bouleverse, ne me laisse pas en paix. Donner, ne serait ce qu'un regard, faire ce geste vers l'autre, car il est un peu de moi et je suis un peu de lui et j’emmerde ceux qui me prennent pour une apprentie-Teresa, malgré que je ne puisse pas leur en vouloir. Il y a eu un soir ce môme, à qui il manquait une jambe, un enfant mutilé comme il y en a tant. Ce gamin pourtant était plus entier que moi ! Je lui ai donné un sachet de riz encore chaud, les restes de notre repas dans un bon restau indien… et il m’a offert une danse de joie, une danse si spontanée et un sourire si radieux que ça m’a fauché, je ne le méritais pas.

     

    Puis, il y a eu ce « banquet » improvisé à la sauvette dans le parc, en sortant sous le nez des convives et des gardiens, divers plats et petits fours de la fête donnée par l’ambassade après le spectacle. Double plaisir : de prendre là où il y a trop, pour donner là où il n’y a rien. C’était facile et ça nous a fait du bien, à nous les trois ou quatre robins des rues de la compagnie. Loin de faire la majorité… Juste le champagne qui était un peu déplacé… mais tous ces gens, j’en ai même réveillé certains, je n’étais pas sûre qu’ils apprécieraient, ils ont mangé ce soir là, réunis tous ensemble autour de ce pique-nique incongru et c’est ce qui compte. Je me souviens en particulier de cette mère avec ses deux jeunes garçons, de sa douceur, sa lucidité, son intelligence, la façon dont elle parlait de sa situation et de la corruption de son pays. Je me souviens du plaisir que j’ai eu à bavarder avec elle et de ma rage impuissante quand les agents sont venus vider le parc pour la nuit et lui ont refusé le droit de rester, elle et ses deux enfants. Qu’est-ce que je croyais ? Qu’ils allaient m’écouter ? Elle savait, et moi j’ai cru l’espace d’un instant pouvoir changer le monde.

     

    Les premiers typhons de l'année passent sur les Philippines, nous essuyons la queue de Maguy. Nous annulons un peu vite la deuxième et dernière représentation. Les enfants de Sabana ont-ils pu voir la première ?

     

    Les journaux déposés devant la porte de ma chambre grand luxe déplorent le sort des sans-abri… Je n'aime pas cette ville.

     

     

    (* ERDA France Philippines, association luttant depuis 1976 pour la protection et la scolarisation des enfants aux Philippines, a fondé depuis entre autre des écoles maternelles et un collège technique, le Collège Erda Tech ainsi que deux centres d’accueil, Sabana, un centre de reconversion des enfants de la zone de l’ex--montagne fumante et Tuklasan, un centre pour les enfants des rues. Une fois rentrée en France, Chantal VC, une jeune juriste belge travaillant dans les prisons pour enfant à Manille, avec qui j’avais été mise en contact par ERDA et que j’ai eu le plaisir de rencontrer le soir où nous n’avons pas pu jouer, m’apprendra plus tard que les enfants étaient venus à la première représentation, le vendredi soir et qu’ils avaient adoré. J’ai été et le suis encore, extrêmement ravie !)

     

    cg, mai 1999

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

     

  • Paul Cupido

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    Toutes les sagesses et philosophies humaines convergent vers un même point, alors ouvrons bien nos écoutilles, toutes ! Et acceptons à quel point nous sommes ignorants mais servons-nous aussi de tous ces flambeaux posés depuis le début du monde pour éclairer notre voie d'humanité ! À l'échelle cosmique, notre temps ne tient même pas dans une fraction de secondes.

     

    in Ourse (bi)polaire, 2018

     

     

     

     

     

  • Lene Kilde

    Lene Kilde - béton et fil de cuivre_o.jpg

     

    Ils savent tous tendre la main

    Tous ces peuples qui chavirent

    Avec des armes sur leur sein 

    Leurs enfants jouent dans les rues

    Qu'il tombe de l'eau ou des bombes

    Ils aiment tous courir pieds nus

    Même s'ils trébuchent sur des tombes

     

    cg in Guerres et autre gâchis, Nouveaux Délits éd., 2014

     

     

     

  • Efi Kokkinaki

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    Les sons : oiseaux, insectes, toujours un bruit de fond humain quelque part, une machine quelconque et la connexion avec des sensations qui semblent remonter de l’enfance, une sorte de solitude immémoriale, métaphysique, pour laquelle la nature forme un écrin familier, protecteur. Un cercle d’arbres qui frémissent et chuchotent des secrets éternels, apaisants. Mon alliance avec la nature ne doit pas dater de cette vie.

     

    cg in Le livre des sensations