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FUSIONS POÉTIQUES - Page 21

  • Arnold Böcklin - The Ride of Death - 1871

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    On ne l'appelle plus

    pour les fenaisons, 

    les vendanges ;

    mais juste pour les osselets.

    Son pain n'est pas de blé,

    son vin n'est pas de sang.

    On ne l'appelle que

    pour débaptiser.

    La Mort aime

    les bons vivants ;

    elle aime jouer

    avec leurs âmes d’enfant

    qu’elle raccompagne

    à la Maison.

    Ce qui l'amuse plus que tout,

    c'est bien de les perdre en chemin,

    bien loin de cette Maison 

    qu'elle met en pièces.

    Mais ne soyez pas trop durs avec elle !

    Elle ne fait que son boulot ;

    derrière elle ne doit rester

    que le cintre blanc des os.

     

    in Le Tarot de Saint Cirque, Gros Textes 2020

     

     

     

  • William Turner - Llanberis - 1800

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    Fabuleuse

    Monstrueuse

    Solitude

     

    Tous les mythes de l’humanité

    Mijotent dans ce creuset là

     

    Creusez là                   

    Creusez la terre

    Creusez les méninges

    Déroulez

    Vos rêves de sommets

    Vos songes de cimes

     

    Chacun cherche le signe

    Et tout n’est que fuite ou retour

    Vers le pulsar primal

     

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

     

  • James Wainwright

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    Ces nuits où l’on rêve

    Que l’abcès est crevé

    Que l'amour est revenu

    Décrocher les pendus

     

    L’espoir galope et galope

    Enragé dans nos veines

    Charade enjôleuse

    Des nuits moites

     

    Le cœur bat trop fort

    Attiré au-dehors

    Et nos yeux dans le noir

    Abîment les miroirs

     

     

    in Claques & boxons, Nouveaux délits éd. 2013

     

     

  • Pauline Ohrel

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    femme fantôme

    aux yeux de cendres

     fruit de brume

    à la bouche anémone

    tu souffles

    de douces spirales

    sur mes insomnies

    ton nom est gravé sur un os

    enfoui quelque part

    sous une colline

     

    marquise vaporeuse

    offre-moi

    la dernière valse

    un tour de passe-passe

    car sur mes lèvres la vie

    déjà se consume

     

    in Mon collier de sel, à tire d'ailes 2020

     

     

  • Auteur inconnu

     

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    Saison des sauts

     

    Les saisons sous les ponts

    Tissent des vents bleus

    Ensablent les mémoires

    Dessèchent les instants

    Soie coton et brindilles

     

    Les monstres lèchent

    Le tranchant du parapet

    Lancent aux passants égarés

    De fines aiguilles de pluie

     

    Les poissons dévorent la pierre

    Usent le temps

    L’abîment en eau de prière

     

    Un homme aveugle

    Se jette dans le vide

    Lové sur lui-même

    Fragile coquille

     

    in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

     

     

     

  • Zdzisław Beksiński

     

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    PLUS ENVIE 

     

    Avant j’écrivais comme on dégueule, ça jaillissait, débordait, dégorgeait de partout, maintenant je retiens, je ravale, je n’en veux plus. Écrire c’était crier à l’intérieur. Trop de noir, trop de poisse, trop de poids, trop de larmes, des strates de mélasses et des poissons suffoquant. Avant j’écrivais. Non, ça m’écrivait, me traversait, me transperçait, je n’avais pas de digues, je n’en voulais pas. Aujourd’hui non plus je n’en veux pas mais je ne veux plus écrire. Le noir me fatigue, le malheur aussi, la névrose, la déprime, la rage, les armes dont je ne voulais pas, que j’ai retournées contre moi-même, à me forer jusqu’à l’os, à traquer sans répit le pourquoi. C’est vrai ça, pourquoi ? Aujourd’hui je n’écris plus, la source est retournée dans les limbes et moi je cherche le neuf. Une place que je n’aurais pas eu à voler, une place pour laquelle je n’aurai pas à me raboter ou au contraire à me rajouter des parures, des enflures. Écrire m’ennuie, j’ai déjà tout dit et ça ne change rien. Plus envie de dire, envie de rire, de vivre. D’accomplir des gestes qui servent à quelque chose. C’est idiot. C’est dire à quel point je ne me sens toujours pas légitime.

    2014

    in Ourse bipolaire

     

     

  • Auteur inconnu

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    J’ai le cœur qui s’affirme maintenant

    qui rayonne sans filtre, elle tourne bien ma petite centrale

    j’ai le cœur qui bat à son propre rythme

    qui ne s’emballe plus

    à trop vouloir s’accorder

    avec les uns avec les autres

    avec ce qu’ils disent et son contraire

    j’ai le cœur cristal

    et toutes les fêlures

    sont des tatouages

    dont l’histoire n’a plus d’importance

    ou presque

     

    in Le livre des sensations

     

     

  • Saskia Boelsums - Bargerveen

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    Lasse des épaves, la fantaisie se cabre, glane des comas dans les chardons. On passe le gant de crin sur nos sourires de lézards, tout en ignorant les rituels des cyclopes qui gardent les mines de pollen.

     

    in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018

     

     

     

     

  • Judith en den bosh

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    Je voudrais des ailes. Aile comme lumière, aile comme légère.
    Hélas…. Mes ailes lasses.

    Je touche aux bas-fonds où rampent folies, insanités. Tunnels lugubres, lancinants. Je me creuse au-dedans pour accueillir la vie mais mes yeux ne surprennent que la mort. Mort des mouches, mort du souriceau, mort dans l’âme que je traîne d’un matin à l’autre.

    L’âme…  Une superstition ?

    Ainsi donc j’étais folle et je ne le savais pas. J’avais oublié. Je l’avais trop bien caché, dissimulé dans mes brouillards, mes fumées. Folle sans aile. Sans amour. Sans amour surtout. Toujours à me frotter au côté crin de la vie. 

    Peau douce mais le cœur si friable. 

    À force d’user ma solitude, elle est devenue fine et translucide. 

    Fragile, si fragile…

     

     

     

    2002

    in Ourse bipolaire

     

     

  • Wolfgang Suschitzky

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    enfouir dans l’argile

    les cendres de palabres

    quand l’onde fraîchit

    courir vers la forêt

    danse effilochée des sentiers

    s’imprégner du chant

    sur la peau de la pluie

    foudre de joie

    fulgurante lucidité

    primitive

     

    in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018

     

     

     

     

     

     

  • Daniel Masclet - La fille au pot de confiture - Quai d'Orléans - Paris - 1950

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    J'emmerde les artistes et les poètes qui se pensent à part.

    Le mot ART ne devrait pas exister, à la place il faudrait lire VIE.

     

    Pulvériser ces ghettos qui font que les poètes ne fréquentent que les poètes. Tracer, tresser des ponts, se faire passeurs d’ailes.

     

    Que le poète s’enivre avec le plombier, que le plombier danse avec les ballerines, que les danseuses recoiffent les infirmières, que les infirmières peignent les maçons, que les maçons bâtissent des charpentes d’étoiles, 

    que les étoiles fassent des confitures, que les grand-mères fassent la révolution, que les révolutionnaires fassent du yoga, que les yogis fassent des plans sur les comètes qui ouvriraient des bars pour les poètes qui s’enivreraient avec les policiers en tricotant des alouettes pour faire rire les plombiers. 

     

    Que tout se mêle se mélange, semer l’ange bleu de chez Armani, costard de travail, babouches bleu blanc rouge et baguette au sésame. Que tout s’enlace dans l’immense orgie de l’humanité réconciliée et dans un grand feu de joie à ciel ouvert, toutes les machinations du monde seraient jetées.

     

    in Chroniques du hamac

     

     

  • Gustave Gain - Femmes sur la plage de Siouville-Hague vers 1908

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    AMER PÂLE

     

    Si pâles, toutes ces pages que le vent tourne

    Si sale, la plage où la viande se retourne

    A l'abandon vont les vieux bateaux

    Leurs grandes voiles tombées en lambeaux

     

    Les flots tournent en rond, à genoux

    Jusqu'au fond des draps

    Et les femmes pleurent tous les époux

    Qu'elles n'épouseront pas

     

    Mais allez venez, n'y pensez plus

    Allez dansez, dansez pour la mer

    Même si tout l'amour semble perdu

    Tournez, tournez trop blanches pages

    Que le vent jaloux balaie sur les plages

     

    Femmes, laissez coulez vos flots amers

    Qu'ils s'en retournent à la mer pâle

    Laissez partir toutes ces pages

    Que le vent tourne, tourne encore.

     

     

    in Au fond du tiroir, Livre d'artiste n°2, 2012

    http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2012/11/27/livre-d-artiste-n-2-au-fond-du-tiroir.html

     

     

     

     

  • Edvard Munch - The girl at the window - 1894

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    Je ne suis pas faite pour observer le lent écoulement des jours au travers d'un encadrement de fenêtre...

    Tout se fond dans l'informe, uniforme! Je me lasse de ce petit bout de ciel, aussi changeant puisse t-il être ! J'ai un besoin vital d'horizons nouveaux, d'espaces inconnus surtout quand l'hiver approche, traînant ses heures froides, sombres, interminables de puits sans fond. Je crains la petite mort de cette morne saison, celle qui jette sur les rêves des pelletées de mélancolie.

     

    in De la vie et de l'amour, inédit 1989

     

     

     

     

  • Johan Dahl - Ausbruch des Vesuvs - 1823

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    voyageurs des limbes
    hissons les voiles de l'oubli
    traversons le Léthé
    cherchons le bleu des mers
    sous la cendre des volcans

    voyageurs perpétuels
    entre la vie et la mort
    derrière nos masques
    nous n'avons pas d'autre visage
    que celui que nous prête
    l'imagination des mouettes.

     

    in D'ombres, à tire d'ailes 2017