Yulia Shibirkina
et que vienne la relève
les nouveaux dieux
barbares et bandant
qui marqueront nos lèvres
d’une sève profane
in Salines
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et que vienne la relève
les nouveaux dieux
barbares et bandant
qui marqueront nos lèvres
d’une sève profane
in Salines
Les sorcières ont les mains qui tremblent, des mains de sève, des mains de lumière,
mille fois plus trouées que l’herbe de saint Jean.
in Journal 2010
Je vais pas me laisser abattre
par le courage.
Mais nul besoin de me pousser,
j’irai au bois
quand j’en aurais terminé
avec ceci et cela
qui ne vous regarde pas.
Maintenant que mon choix est fait,
nul besoin de me brusquer.
J’irai, vous dis-je.
De toute façon, je n'ai toujours pas
commencé à tresser ma corde
et pas encore planté la graine
de l'arbre qui m'emportera.
in Le Tarot de Saint-Cirque
avec Lionel Mazari
Dans la forêt glacée de l'abandon
j'ai perdu mes mots
les oiseaux noirs les ont mangés
quelque chose est tombé
un brouillard épais
je marche et trébuche
sur les cicatrices blanches
du silence
dans la forêt de la dissolution
je veux perdre mes maux
miroir
ne te regarde pas, sens-toi
et corrige selon le ressenti
pas selon ce que tu vois
l'image est illusion
ce que les autres voient
ce n'est pas comment tu es
mais ce que tu dégages
in Petit livre des illuminations simples
Un thé tiédi avec une pincée de poivre, une feuille de basilic, à boire les pieds sur la barrière, au soleil, lentement. Puis passer un quart d’heure, couchée dans le salon avec musique et coussin sous les pieds.
in à la loupe, tout est rituel
- Dis-moi bel enfant des glaces, que vois-tu ?
- Ô Grande mère des glaciers, je vois un avenir tranquille et lumineux...
- Tu sais pourtant que je vais disparaître ?
- Disparaître, ô non, tu vas seulement te transformer, ô sage mère et tes millénaires de mémoire vont alimenter les océans, chaque cellule de chaque être vivant en sera imprégnée.
- Tu es bien optimiste mon enfant, ne crains-tu pas la montée des eaux ?
- Je ne crains rien, ô vieille et douce mère, vois comme je suis nu et pourtant je n'ai pas froid.
- N'as-tu pas donc peur de mourir ?
- Mourir ? Mais tu le sais, ô mère sublime, rien ne meurt, tout se transforme, glace, eau, vapeur, pluie, larmes, rivières, océans, peu importe la forme, je suis ton origine aussi bien que tu es la mienne, ne sois pas triste, c'est juste une fatigue passagère, elle va s'envoler comme nuée d'oiseaux.
- Dis-moi bel enfant des glaces, que vois-tu ?
- Je me vois et m'entends dans ta voix, je suis toi et tu es moi, c'est toi-même qui me l'a enseigné, tu perds la mémoire c'est normal, tu commence à perdre tes eaux et je vais naître bientôt.
12/01/22
Mystérieux territoires de résonances. Franchir les frontières par inadvertance.
L’exode des certitudes maintient en éveil.
Nécessité vertigineuse de la métamorphose.
Loin devant marche le primitif éclaireur. Visionnaire, il conserve quelques braises sous ses paupières. Il ne les rendra aux hommes que lorsqu’ils cesseront de souffler sur les cendres.
La connaissance est périlleuse.
in Les mots allumettes
prophétesse
l'écriture est une pythie
j'en ai eu cent fois et plus la preuve
en relisant mes journaux
in Petit livre des illuminations simples
Authentique, un mot clé en ce moment. Un mot piège ?
Ou juste un caillou sur le chemin, un patrin, un message ?
in Journal 2005
Coup de bec de l’oiseau-mère.
Cosmos brisé, voici le ciel, voici la terre
Et voici le temps.
Rêve, désir, méditation ?
Volonté ?
in Oniromancie
La pluie comme une encre sombre
dans la veine des arbres
lustre le cuir du macadam
miroir sans tain de la ville
sous l'aiguille d'un talon invisible
la poésie revêt
son long manteau noir
Le désespoir nous rend ridicules
Ma cuisinière à gaz aura bientôt 20 ans…
la porte du four ferme mal
les boutons sont cramés
et une crasse graisseuse a comblé le moindre interstice
Il pleut de l’eau grise et des feuilles
la nature se prépare pour le solstice
elle n’a aucun mal à se dépouiller
ni à se rouler dans la boue
Elle se fout de Noël qui ne la concerne pas
elle sait que la lumière revient
et que dans quelques mois
ce sera l’orgie et l’extase
in À la loupe
nous irons célébrer l’élan
avant le vermoulu de la neige
et du vieux bois d’hiver
quand les sarments seront noirs
et qu’il nous faudra être chaste
à cause des filets tendus
pour les papillons perdus
à l’envers des fleurs
in Aujourd'hui est habitable
TERRE DU QUERCY
Que m’as-tu fait terre, terre de chênes, m’aurais-tu enchainée ? Envoûtée à tes sources secrètes, ton sol osseux, tes bras de genièvre ? Tu m’offres ta couche de pelouse sèche où se pressent pelures d’univers, mondes miniatures enchanteurs et cruels. Que m’as-tu fait terre du Quercy ? Des racines me poussent, je me noie dans ton ciel. Les oiseaux me parlent et je capte la langue nomade des nuages sans même plus avoir le désir de les suivre. Que m’as-tu fait ? Agenouillée dans ton hiver, je guette avide tes premières érections printanières, tes orchis clitoris. Qu’as-tu fait terre pour que je me sente si ancienne entre la rose chienne et les sortilèges du chèvrefeuille ? J’arpente tes courbes et tu me découvre les secrets de ton causse. Me rendras-tu fertile et profonde comme l’échancrure de tes combes et vallées ? Te joues-tu de moi pour que je me sente reine avec des bois sur la tête ? M’enverras-tu tes chasseurs ? La bête se cache et je deviens ta bête, ô terre du Quercy.
J’entends rire les arbres et pleurer aussi. Et tout leur travail d’arbre. Les écorces me dévoilent le trésor de leur art, ma chevelure s’emmêle de lichen et de mousse.
Plus de sept ans que tu me tiens sous tes charmes, pays d’Avalon d’Occitanie. Tes pierres, tes eaux, parlent plus que les hommes. Tu m’apprends ça aussi, à me taire, terre du Quercy.
Tes galets remplissent mes poches, tes branches, tes racines rampent jusqu’à ma porte.
Que veux-tu ? Que je sois chêne parmi les chênes, que j’y perde ainsi mes chaînes d’humanité ? Ou bien m’acceptes-tu jardinière, poète, contemplatrice.
Terre du Quercy, je sais qu’autrefois tu as connu bien plus de vie. Aujourd’hui sur ta peau broussailleuse ce sont les pèlerins et autres amoureux des chemins qui te caressent.
Certains peut être te font même l’amour.
Terre de beauté, prends-moi encore contre ton sein, que j’y sente couler la sève des rêves.
2009