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FUSIONS POÉTIQUES - Page 24

  • Tilly Losch - Dance of her Hands (1930-1933)

     

     

    MAINS

     

     

    Ce n’est pas une main satiable

    c’est une main vide

    pour donner forme

    au repos

     

     

    Ce n’est pas une main tenue

    c’est une main tenant

    libre vraiment

    de maintenir en vie

    le désir

     

     

    Ce n’est pas une main courante

    c’est une main buissonnière

    aux capiteuses fragrances

    une main pleine de terre

     

     

    Ce n’est pas une main sensée

    c’est une main croyable

    un orgasme entêtant

    à filer frisson

    à l’ordinaire jetable

     

     

    Ce n’est pas une main délicate

    c’est une main forte

    puissante assurément

    une main pressée

    sur l’aorte

     

     

    Ce n’est pas une main constante

    ma main dans la vôtre

    juste un instant de joie

    dans un écrin

    de paumes

     

    cg in Toboggan de velours, à tire d'ailes 2019

     

     

     

  • Ghyslaine et Sylvain Staëlens

    Ghyslaine et Sylvain STAËLENS.jpg

     

    La solitude me permet de retrouver la paix, avant ce que je pourrais appeler un cataclysme intérieur. Le temps ne me laisse pas le temps ! Je dois me réadapter sans cesse et me voilà au point de commettre un meurtre qui me pèse...

    Tuer un peu de moi, pour que le reste reprenne de plus belle. Un coup de sécateur !

    Mais, il y a des vieilles branches dont j'ai du mal à me séparer, peut-être me sont-elles plus utiles que ce que je crois.

    J'ai toujours autant de mal à former un tout cohérent avec mes morceaux épars. Je ne parviens à me rassembler que dans la solitude, mais ce n'est peut-être qu'une illusion, car sitôt que je me confronte de nouveau au monde, aux autres, tout part en vrille...

    La part essentielle, est probablement celle qui tente de réunir les autres ! Une bergère, une étoile, une gardienne...

     

    cg in Journal 1996

     

     

  • Edward Okuń - La mort de Paganini - 1898

    Edward Okuń La mort de Paganini 1898.jpg

     

    quand j’entends des violons
    inexistants
    et oublie ces mots ces gestes
    qui bafouillent 
    je t’aime
     
    je naufrage au revers
    d’un alcool de brume
    ma robe est noire
    mes yeux brûlés
    des accents nomades
    me font couler
     
    mes sourires
    tournent grimaces
    et  je tremble et grince
    le vent se lève
    tempête dans ma tête
    gicle à mes lèvres
    un jus noir amer

     

    cg in Salines

     

     

     

     

  • Olga Zima - Baikal Zen Stone - Irkutsk Oblast, Siberia - 2016

    Baikal Zen_n.jpg

     

    Nous sommes chacun des fractions, d’infimes fractions d’expérience et nous nous pensons tellement importants, mon expérience versus ton expérience, votre expérience versus notre expérience… Vanité ! Un claquement de doigts dans une bulle de rêve. Le plus difficile est de marcher sur le fil de ce rêve sans basculer d’un côté ou de l’autre. Réel, irréel, le même mirage, miroir, miracle.

     

    cg in Le livre des sensations

     

     

  • Anaïs Charras

    Anaïs Charras.jpg

     

    Il faut tenir bon, s’accrocher à la barre, museler le mental, l’attacher au mât… Il faut tenir bon, océan, désert, jungle étouffante, être les héros de nos tragi-comédies, les aventuriers du néant quotidien, les chevaliers du rêve, les ninjas de nos emmerdes banales et ridicules, naufragé de la méduse en plastique, recalés de la Grande Parade. Il nous faut tenir et surtout, rester bons.

     

    cg in Le livre des sensations

     

     

     

  • Photo de presse néo-zélandaise

    photo de presse Nouvele Zélande.jpg

     

    Pavillons cossus, bien alignés, auxquels succèdent usines aux cours désertes, cheminées sinistres braquées vers le ciel. Voie ferrée, wagons rouillés, immenses cuves en métal, tuyaux, amas de débris graisseux... Voilà le port et ses grues fantômes. Containers de toutes les couleurs comme des boîtes d'allumettes empilées sur un vaste parking. Une poignée de caravanes sur un terrain vague parle plus de galère que de vacances et voici enfin le bateau massif de la P&O, le Norland.

     

    cg, en route pour le port de Zeebruge, novembre 1997

    in Calepins voyageurs et après

     

     

     

     

     

     

  • Georges-Victor Hugo - La Grande Guerre

    Georges-Victor Hugo (le petit fils) la grande guerre.jpg

     

    Trêve de noël

    trinquer à la paix

    vin et schnapps

    à l’amitié

    à l’absurdité

    au courage obligé

    au retour

    à l’oubli

    gueules cassées

    de ce qui ne pourra jamais

    cicatriser

    la honte le dégoût

    d’être tombé au plus bas

    de l’humanité

    et pour qui ?

    et pour quoi ?

    de chaque côté sectionnés

    par une ligne mouvante

    ligne mortelle

    héros meurtriers

    patriotes assassins

    du frère épuisé

    qui s’est endormi

    en faisant le guet

     

    La machine de guerre

    hachoir fou

    recrache ce qu’elle ne peut

    avaler

    ossements pierres

    justice et vérité

    les cœurs qui battent

    ba boum ba boum

    pour la liberté.

     

    cg in La grande boucherie

     

     

     

  • Jean-Louis Millet - Mémorial

     

    376-06 mémorial2.jpg

     

     

    MÉMORIAL

     

    Statues guerrières

    Au coucher flamboyant

    Brandissant meurtrières

    Vos étendards sanglants

    Vous qui vous tenez

    Hautes, droites

    Immobiles et féroces

    Tandis que sonne le glas

    Que l'on recouvre la fosse

    Splendides épouvantails

    Sur vos socles maudits

    Statues gorgées

    De tant de sang répandu

    Foutez donc la paix

    Aux soldats inconnus.

     

    cg, in Guerres et autre gâchis, Nouveaux Délits éd. 2014

    illustration originale de JL Millet

     

     

  • Ester Vonplon

    Ester Vonplon unnamed.jpg

     

    Parfois, j’ai des orgasmes de nature, qui m’ouvrent le cœur en deux comme une graine mûre. Je suis l’arbre, la mésange, la grenouille, le nuage, la pluie, l’orage, je pourrais dévaster un bureau de pôle emploi, en faire une jungle pleine de feuilles, de cris et de fouillis odorant. Où est la case poète ? S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception, en résonance avec le monde des formes mais totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie.

     

    cg in Le livre des sensations

     

     

     

  • Auteur inconnu

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    Ne cherchez pas, l'enfer c'est ici. Les enfers, il y en a de toutes sortes, mais si on est là avec encore un minimum de dignité, ce n'est pas seulement pour se lamenter sans fin ou aboyer plus fort, c'est qu'il y a quelque chose à comprendre, des choses à faire, petites, toute petites, minuscules, ridicules, risibles, mais avec courage, avec du cœur.

     

    cg in (c)ourse bipolaire

     

     

     

     

     

  • Gao Xingjian

    Gao Xingjian large.jpg

     

    La rumeur insolente des transhumances s’estompe.

    Les amas de pierres expriment l’œuvre de l’oubli.

     

    Je marche encore.

     

    Il me faut grimper jusqu’au point d’ancrage. Déployer la corolle.

    Prendre refuge là où naissent les glaciers.

     

    cg n Fugitive, Cardère 2014