Georges Lacombe

emporte
vague emporte-moi
sur tes rouleaux charmants
princesse aux mille doigts
fleur de sel et de vent
va roule-moi tout au fond
donne-moi l'ivresse mauve
et le tendre écrin blond
d’un cercueil de sable
in D'ombres
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emporte
vague emporte-moi
sur tes rouleaux charmants
princesse aux mille doigts
fleur de sel et de vent
va roule-moi tout au fond
donne-moi l'ivresse mauve
et le tendre écrin blond
d’un cercueil de sable
in D'ombres

ÉPHÉMÉRIDES
captation de source
pour nourrir la chimère
préserver le désir
assurer ses jouissances
n’appartenir à personne
configuration
qui convient sûrement
pour un temps
ou parce que
tout simplement
magnifier mythifier
pour nourrir la chimère
entretenir la flamme
la nécessité de jouissance
peau cédée
sans posséder
et les amants songent…
in Salines

la lune a coulé
dans le puits des pupilles
patient, il attend
la femme rouge
celle qui jaillit
de la gueule de jade
du grand lézard
celle qui révèle
les secrets des racines
la langue des écorces
la magie des sèves
le pouvoir du cœur
in Oniromancie

Elle refuse la nostalgie, le découragement et elle garde jalousement ce qui la remplit, une braise à couver. Elle la nourrit et elle se nourrit et même si ce n’est que du rêve, bon dieu que c’est riche !
Des ombres tentent de la tirer en arrière, des regrets, des illusions pas faciles à enterrer et pourtant elle sait bien qu’elle n’a pas d‘autre choix que celui d’avancer. Pas de hasard, chaque rencontre a un sens.
in Journal 1999

se tailler les veines
laisser couler
les sangs d'encre amère
distiller les trous noirs
qui criblent l'âme
prendre le corps
disséqué sur la table
froide et lisse
d'une morgue
et le jeter
dans l'orbite du néant

Je marche.
Je dois marcher.
Le ciel a mordu. Les chiens sont lâchés.
Dans les poitrines, les cœurs s’épavent.
On offre les hirondelles aux crocs du boucher.
Partout, s’installent des cirques funèbres.
Les ébréchés se font berner par les miroirs.
Torpeur... Foutoir irrespirable.
Je dois marcher.
in Fugitive, Cardère 2014

X - Le Diable
Boucan de tous les miens,
triqueballe des Enfers,
comme ils sont ingrats !
Comme si je ne savais pas les recevoir
avec chaleur, avec ardeur !
En plus ça manque pas de lumière,
y a le gaz à tous les étages,
le lit gratteur,
la table instable,
la chaise en fusion,
l'armoire à vestes d'écorchés,
les fenêtres avec vue sur
la cage de verre du voisin...
Et puis le grand patron a investi
dans les étages vip :
tournebroches connectés,
champagne bouillonnants,
jeux de bourses arrachés,
pinces-monseigneur
pour ligaments...
Bon je sais bien que ce matos
n'est pas de première main,
qu'il a été utilisé à plein régime,
pendant trois-quatre éternités,
là-haut au paradis définitif.
Faut vous dire qu'en enfer, on ne traite
que les petits délits courants
et qu'on ne connaît pas encore
les nouveautés du catalogue
des accessoires du toit-terrasse.
Boucan de tous les miens,
triqueballe des Enfers,
comme vous êtes ingrats !
Se faire tirer la queue
à longueur de siècles
sans congés, ni retraite !
Service non-stop sans pourboire,
corvée de torture à perpétuité
et à ce propos nous aurions
une petite faveur à vous demander…
Mais non, on n’achète plus les âmes
c'est totalement démodé !
Ce serait juste une petite signature
au bas de la pétition...
Histoire qu'on échange un peu les rôles,
on aimerait bien être clients
pour quelques heures,
ou quelques siècles.
Sinon n'allez pas dire
qu'on ne vous aura pas prévenus...
Nous demanderons à être mutés
chez les Blanchis de Tout Soupçon !
in Le Tarot de Saint-Cirque, Gros Textes 2020

*
Tu te lèves et tu vois la sale gueule du monde, les flippés qui se regroupent en meutes hargneuses et assassines, les mers qui vomissent la mort, les plus "jamais ça" qui ont fondu comme neige au chalumeau, les mal bénis qui rêvent d'Armageddon, les trous du cul qui chient des lingots et à qui un enfant de quatre ans né dans un bidonville pourrait donner des leçons d'humanité.
Ne cherchez pas, l'enfer c'est ici. Les enfers, il y en a de toutes sortes mais si on est là avec encore un minimum de dignité, ce n'est pas seulement pour se lamenter sans fin ou aboyer plus fort, c'est qu'il y a quelque chose à comprendre, des choses à faire, petites, toute petites, minuscules, ridicules, risibles mais avec courage, avec du cœur.
Nous ne serons pas des héros, des sauveurs, ni plus humains ni meilleurs que les autres. Nous sommes tous reliés, qu'on le veuille ou non, enchainés les uns aux autres. La moindre de nos pensées forme des ondes, le moindre de nos actes a des répercussions sans fin. Un mot après l'autre, un geste après l'autre, un pas après l'autre, nous ne sommes pas là pour rien mais nous ne pouvons agir que là où nous sommes et à partir de là où nous en sommes.
Et il y a des choses essentielles à comprendre au-delà des apparences. Cherchons toujours et encore ; apprenons toujours et encore ; et sur nous-mêmes pour commencer, pour ne plus être dupes de cet enchainement continuel de causes et d'effets, de cet enchainement continuel de nos pensées qui nous rend malades sans nous rendre pour autant plus efficaces.
C'est énorme en fait d'être là, ÉNORME ! Et je ne sais pas si c'est la fatigue qui m'inspire (de nouveau en concubinage avec Dracula, j'ai atteint l'au-delà de la fatigue) mais vraiment, arrachons-nous aux engrenages et essayons de percer le brouillard pour voir les choses telles qu'elles sont vraiment. Toutes les sagesses et philosophies humaines convergent vers un même point, alors ouvrons bien nos écoutilles, toutes ! Et acceptons à quel point nous sommes ignorants mais servons-nous aussi de tous ces flambeaux posés depuis le début du monde pour éclairer notre voie d'humanité ! À l'échelle cosmique, notre temps ne tient même pas dans une fraction de secondes. ÉNORME !
in Ourse bipolaire, le 30 juin 2018

nuit émaciée
aux éclats de souffre
la langue des anges
dérange les nerfs
prend la douleur
trois fois nouée
in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009

D’une main l'amour nous donne des ailes, mais dans l'autre, il tient une paire de ciseaux...
Ces ailes qu'il nous donne, ne sont pas destinées à nous protéger, ni à fuir, ce sont des ailes pour voler ! Il n'est pas donné à beaucoup de savoir bien s'en servir...
Certains vont trop haut, trop vite et tel Icare, leurs ailes fondent au soleil. D'autres se jettent impunément du haut des falaises, mais au dernier moment ne savent pas ouvrir leurs ailes... Par peur, par manque de confiance ?
D'autres encore s'empêtrent dans des ailes trop grandes pour eux, et il y en a même qui en ont de si petites, qu'ils n'ont aucun espoir de décoller, ne serait-ce que de quelques centimètres !
Je voudrais pouvoir voler de mes ailes d'amour, mais elles sont si belles que je n'ose pas les toucher. J'ai peur de les abîmer au cours d'un vol trop désordonné...
in Journal 1996

Sur ton front glacé tous mes souvenirs épars
Un profond baiser et je clos ton regard.
in Journal 1996

« Aussi pâles que la lune, aussi nombreux que les étoiles », racontait sa grand-mère lorsqu’ils étaient lui et ses frères et sœurs, pas encore sortis de la tanière. « Les Hommes étaient des créatures sans pelage, ni plume, très faibles à la naissance. Il fallait d’innombrables lunes avant qu’ils ne sachent se déplacer à quatre pattes, mais très vite, ils se tenaient sur deux pattes seulement et grandissaient en direction du ciel. C’était des êtres extrêmement rusés, habiles, qui habitaient de solides abris. Excellents chasseurs, disait encore la grand-mère, ils ne craignaient ni l’eau, ni la foudre de feu, ni aucune autre créature à part l’ours. Les Hommes, racontait-elle encore, vivaient en bonne entente avec nous, jusqu'au jour très ancien où une épaisse couche de glace recouvrit la terre. Le gibier se fit alors de plus en plus rare. Les Hommes ne voulurent plus partager et commencèrent à nous chasser aussi, rompant ainsi nôtre vieux pacte d’amitié. »
in Le rêve du loup

C’est un âge où soudain on n’a plus envie d’attendre, plus envie d’être fidèle à son malheur. Un âge de volcan qui n’a pas dit son dernier mot.
in Ourse bipolaire

Le grand jardin qui m’entoure ne cesse de m’extasier. J’ai décidé de faire de mon quotidien, un sanctuaire. Le noir, le sombre, l’obscur, on connaît, depuis des siècles et des siècles et je crois avoir compris quelque chose tout récemment.
in À la loupe, tout est rituel, à tire d'ailes 2019