Grisélidis Real
LA VIE SELON LA PLUS ÉMOUVANTE DES PUTAINS
Se noircir toute la nuit
danser baiser
bourlinguer
traverser les frontières
et n’en avoir rien à foutre
in Bonzaïs hallucinogènes, Gros Textes 2017
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LA VIE SELON LA PLUS ÉMOUVANTE DES PUTAINS
Se noircir toute la nuit
danser baiser
bourlinguer
traverser les frontières
et n’en avoir rien à foutre
in Bonzaïs hallucinogènes, Gros Textes 2017
Le mot juste. Un silence pointé. Un baiser.
Le mot juste, un souffle. Le premier déchire les poumons. Le dernier les recoud.
Le mot juste, pas un soufflet. Le mot juste ne dit pas je t’aime mais le fait. Il ouvre le cœur, ça fait mal, mais l’air est juste.
L’air qui sépare le mot de la mort.
in Les mots allumettes, Cardère 2012
http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2012/11/27/livre-d-artiste-n-2-au-fond-du-tiroir.html#more
La lune exerce sa pleine influence. Éclat livide et ensorceleur. Le silence a une nouvelle texture, un goût de déjà vécu, un voile d'amertume... Un drap froid est tombé. Est-ce moi qui l'ai cousu de mes propres désillusions ?
Avais-je cessé de l'attendre bien avant qu'il ne revienne ? Voilà l'amour expédié au plus profond des contrées lunaires !
in Journal 1996
D’être comme déjà morte, lui a ouvert une voie spirituelle et le feu caché est si ardent, la source si vive que le plus tenace ennui n’a pas raison d’elle, que le vide loin de l’anéantir la concentre en un noyau toujours plus vif et incorruptible. Ou presque. Et dans ce presque se cache la fêlure. Dangereuse fêlure.
Alors elle creuse un tunnel sous les tombes qui mène au vaste ciel, à la mer tiède du ventre, à la bouche de sève qui fait pousser les arbres, au souffle d’où naissent toutes les musiques. Le ciel aura beau s’obscurcir, le froid pourra l’étreindre, silence et désespoir n’auront pas raison d’elle. Elle crache du sang dans les noirs chaudrons, met le feu aux bûchers de glace, joue du marteau sur les bornes de verre.
Elle trouvera toujours la faille par où passe la lumière.
Faille, fêlure, ce n’est pas la même chose.
in Le baume, le pire et la quintessence
Paroles des corps, danse cosmique, le bal du vide et ses milliards de particules.
La main a des yeux. Dedans mordre délicatement. Faire le vide, dedans, autour. Rien ne sert de courir après l’autre s’il n’est pas prêt. Descendre, faire confiance.
in Celle qui manque
défaire le crépuscule
glisser dans les reflets renards de ses draps
fixer l’horizon par des pointes d’améthyste
le laisser sécher à la lune
tracer un paysage au fusain de la langue
compter les brûlis sur la peau
les innombrables feuillets de nos masques pâles
regarder fondre la vitre du réel
ses reflets d’huile sur l’étendue de neige
le roulis des roseaux
grand soleil rouge à l’horizon brûlé
in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009
Du plomb fera-t-on métal solaire ?
Folle ou sage la grande perforatrice
Pour aller au cœur où réside le secret ?
Créatures oui
Mais de quoi ?
Dans son bain en fusion
Son rire apocalyptique
Grand x
Non résolu
Arbitre défoncé
Programmateur de génie
Méga lumineux
Maître amour
Chercher le sens
N’a aucun sens
Le révélé
Demeure
Caché
in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009
SE TENIR INFORMÉ
Une éruption de bus
perturbe la circulation en Seine Saint Denis.
Un volcan caillassé en Islande.
in Purgatoire du quotidien
On ne l'appelle plus
pour les fenaisons,
les vendanges ;
mais juste pour les osselets.
Son pain n'est pas de blé,
son vin n'est pas de sang.
On ne l'appelle que
pour débaptiser.
La Mort aime
les bons vivants ;
elle aime jouer
avec leurs âmes d’enfant
qu’elle raccompagne
à la Maison.
Ce qui l'amuse plus que tout,
c'est bien de les perdre en chemin,
bien loin de cette Maison
qu'elle met en pièces.
Mais ne soyez pas trop durs avec elle !
Elle ne fait que son boulot ;
derrière elle ne doit rester
que le cintre blanc des os.
in Le Tarot de Saint Cirque, Gros Textes 2020
Fabuleuse
Monstrueuse
Solitude
Tous les mythes de l’humanité
Mijotent dans ce creuset là
Creusez là
Creusez la terre
Creusez les méninges
Déroulez
Vos rêves de sommets
Vos songes de cimes
Chacun cherche le signe
Et tout n’est que fuite ou retour
Vers le pulsar primal
in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009
Tendue de peaux mortes, elle tangue, la mâchoire rouillée.
Elle tangue sous le couteau et ses cauchemars sont des drones.
Le guetteur lui parle de vie majuscule.
Elle entend funérailles, rubis teinté de mort.
in Fugitive, Cardère 2014
Ces nuits où l’on rêve
Que l’abcès est crevé
Que l'amour est revenu
Décrocher les pendus
L’espoir galope et galope
Enragé dans nos veines
Charade enjôleuse
Des nuits moites
Le cœur bat trop fort
Attiré au-dehors
Et nos yeux dans le noir
Abîment les miroirs
in Claques & boxons, Nouveaux délits éd. 2013
femme fantôme
aux yeux de cendres
fruit de brume
à la bouche anémone
tu souffles
de douces spirales
sur mes insomnies
ton nom est gravé sur un os
enfoui quelque part
sous une colline
marquise vaporeuse
offre-moi
la dernière valse
un tour de passe-passe
car sur mes lèvres la vie
déjà se consume
in Mon collier de sel, à tire d'ailes 2020