Philomena Famulok
Je ne suis pas toujours sourire, toujours douceur, je peux aussi être extrêmement sombre, me sentir très seule, très sauvage et très vénéneuse.
in Journal 1996
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Je ne suis pas toujours sourire, toujours douceur, je peux aussi être extrêmement sombre, me sentir très seule, très sauvage et très vénéneuse.
in Journal 1996
J’ai posé ma main sur le bois
clair
de votre cercueil,
votre maison lorsque j’étais enfant
était le point de ralliement, on venait
là, les gosses du quartier,
fumer des clopes et boire des bières
sans que vous le deviniez
c’est dans votre voiture que je suis
parti pour la première fois
voir le bleu de la mer,
il y avait toujours
votre sourire, votre manière
un peu guindée
de fumer des cigarettes fines
à la menthe
on riait souvent, et souvent
le soir, je pouvais rester
regarder la télé en couleurs.
quand on se faisait prendre
car nous étions des garnements
vous n’appeliez jamais nos
parents et nous
avons grandi ainsi
on apprenait
la vie, on était des gamins
puis des adolescents et
votre fille qui est comme ma
sœur a lu vos mots
au dessus de votre
cercueil, Dieu
que vous écriviez bien,
et votre petite
fille vous a lu un magnifique adieu
écrit de sa main juvénile, vous deviez
être fière d’elle de là-haut
et nous avons tous pleuré
un peu plus
et votre fils qui
est comme mon frère
ne pouvait
dire un mot, étranglé
par le chagrin, moi
j’étais tout au fond
à ravaler mes sanglots
vêtu d’une stupide
(inutile et incongrue)
pudeur tout en pensant
que tous ces gens ici
vous aimaient et
surtout que,
tous ces gens ici,
vous les aimiez
et pour le bleu de la mer
le bleu de la vie
et le bleu de votre
sourire
je voulais vous crier un
merci, mais vous n’étiez plus
là, alors j’ai posé la main
sur le bois clair de votre cercueil
et je l’ai murmuré comme on
parle à la douceur du vent,
le vent qui emporte
vers le ciel les
âmes bleus qui s’en vont
loin des larmes de ceux
qui restent
QUI ES-TU TOI ?
Qui es-tu toi
portée de vagues
qui me creusent ?
Qui es-tu toi
entrée sans frapper
à la porte du monde ?
Qui es-tu toi
pour me donner
autant de joie ?
Qui es-tu toi
cherchant mon sein
pour l’engloutir
et mon cœur avec ?
Qui es-tu toi
qui pleures, qui cries
à qui veut entendre
je vis, je vis ?
Qui es-tu toi
perchée au bord
de mes sourires ?
Une fée ? Une angelette
égarée dans mes plis ?
Qui es-tu toi
que j’ose appeler
ma fille ?
Qui es-tu toi
qui a donné sens
essentiel
à ma vie ?
Chut !
Ne dis-rien
garde ton secret
Laisse-moi simplement
t’aimer.
2003
Nous purgeons nos peines de vie et pouvons saisir dans une fraction de temps, de soleil, de silence, quelques visions et parfums fugaces de paradis.
cg in Le poulpe et la pulpe (Cardère, 2010)
https://www.boucle-a-l-ouest.com/2017/12/tissages/
flux et reflux
attirance répulsion
quelque chose qui nous tire
nous attire vers le fond
avec ce bruit de serpent
qui glisse sur des perles
ce chant de drap froissé
et ces sirènes aussi belles
que cruelles
cg in D'ombres (à tires d'ailes 2017)
Aéroport de São Paulo sous la pluie, escale avant Rio, et l'avion redécolle. Musique latino sur les oreilles. Je ne sais pas encore que je suis au Brésil. Appréhension. Manque de sommeil, angoisse, je suis presque maussade. Non, je n'ai vraiment pas encore réalisé que ce que je vois là en bas, à travers le hublot, c'est le Brésil. Pour la quatrième fois !
cg 1999 in Calepins voyageurs et après ?
Interpellez-vous ! Il fut des saisons où tout pivotait en harmonie, les averses étaient torrides, la verdure savoureuse. Nous râpions tous les ensorcellements. Élucubrations ! Les époques se sont consumées, il est temps maintenant de rentrer au sablier.
cg 1993 in Trans(e)fusées (Gros Textes 2015)
Ma lèvre tremble, le ciel est tombé en cataracte de verre.
En granit fracassé à la mer.
cg in Fugitive (Cardère, 2014)
D’être comme déjà morte, lui a ouvert une voie plus spirituelle et le feu caché est si ardent, la source si vive que le plus tenace ennui n’a pas raison d'elle, que le vide loin de l’anéantir la concentre en un noyau toujours plus vif et incorruptible. Ou presque. Et dans ce presque se cache la fêlure. Un danger terrible.
cg in Le baume, le pire et la quintessence
je me suis baladée longtemps avec les racines à l’air
à ne pas trop savoir quoi en faire
je les coupe elles repoussent
toutes aussi inutiles
cg in Nos petites centrales
Les mots sont des animaux dociles ou sauvages et les poètes d'étranges bergers.
cg in Philosovie
Il me faut toujours des portes, des fenêtres, des issues, n’importe quoi pour avoir de l’air, du soleil.
cg in Journal 1995
il est temps de sortir le baromètre
des crues capiteuses
et rejoindre l’esquif sourd
des cavernes
où nous attend écarquillée
la chimie imprévisible
des bourgeons
cg in Aujourd'hui est habitable
Tandis que par la fontanelle la sainte banquise déverse ses poissons,
les écrans phosphorescents clignotent, tranquillisants.
cg in Aujourd'hui est habitable