Arrêt sur image - Giuletta Masina - La strada - 1954
L’image qui nous est renvoyée du monde est plus étroite que l’anus d’une blatte. Elle se base principalement sur la séduction — qui n’est au fond qu’une stratégie animale pour ne pas crever la dalle — dont la plus vile et la plus dégénérée des formes est sans aucun doute la publicité. Le problème avec la séduction, c’est que l’on confond cela trop souvent avec l’amour mais séduire, ce n’est pas plus aimer qu’être aimé. L’amour, c’est différent. Moins tape à l’œil et bien moins séduisant justement. On y perd en surface, on y gagne en profondeur, on y perd en brillance, on y gagne en rayonnement. L’amour, c’est comme ces personnes que l’on ne remarque pas de prime abord : les invisibles. Comme ces petites fleurs des talus qu’on ne voit même plus. C’est cette eau de pluie qui s’immisce dans une cavité, ça nous remplit petit à petit et un jour ça ressort, comme ça d’un coup, ça jaillit, nous traverse : c’est une source.
in (c)Ourse bipolaire