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FUSIONS POÉTIQUES - Page 66

  • Alexey L. Ulturgashev

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    C’est une chieuse, je vous l’ai dit, une vraie sauvage, elle se fout d’avoir des belles fringues, des ongles vernis ou une coiffure, même d’être coiffée tout court, mais elle aime la propreté… La vraie propreté, pas celle qui s’obtient en étant fanatique de ménage, d’ailleurs de ce côté-là, on ne peut pas dire qu’elle soit une fée du logis, parfois elle frise même la carabosse… Mais elle a un besoin viscéral d’air pur, d’eau pure, de terre propre, de la propreté des pensées, la propreté de l’âme… et sur ces terrains là, difficile de la prendre en faute. Je lui dis qu’elle se prend pour un vigile au service de Mère Nature, mais elle ne voit pas ça comme ça, pour elle c’est plus profond que ça, vital, essentiel.

    cg in sans titre provisoirement

     

     

  • Alain Rivière-Lecoeur

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    J’aime cet instant où l’écriture tente d’esquisser un sourire sur mes lèvres. Plaisir de patauger dans la boue. J’en tire de la force. Face à moi la grande vitre embuée et derrière, un ciel de novembre avec un sombre rideau qui lentement se referme, funèbre, accablant de tristesse.

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

  • Josef Hník (?)

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    Le petit rien de décalage, de dérapage, la rage qui se polit comme un diamant au fur et à mesure que les années passent. Je dis que je déteste mais en vérité je suis fascinée ! C’est une protection contre ma propre folie, celle que je glisse entre les mots d’une poésie inoffensive, des jeux d’esprits sans importance. Il faudrait pouvoir lire au travers, que l’écriture devienne transparente pour laisser apparaître l’inexprimable. C’est cela même, l’inexprimable, l’innommable, qui me fait trembler, qui m’exalte. C’est à la fois un meurtre et une jouissance. L’assassinat de la raison, l’autodafé de tous ces masques, ces laisser-passer face au monstre appelé « normalité ». Foutaises ! Cœur au ventre agacé par des spasmes violents, la vie qui veut sortir, qui veut naître à elle-même.

     

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

     

  • Elyssa Obscura - Emptiness

     

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    Comme si entretenir le désir de l’autre était plus important, plus précieux que nous-mêmes ou l’autre pour ce qu’il est réellement, que l’on n’a pas à séduire mais à aimer, ce qui est très différent. Quand un miroir regarde un miroir, c’est le néant qui se reflète. Être libéré du fardeau de devoir séduire est absolument fabuleux, c’est sans doute difficile de l’admettre, mais aimer est tout autre chose.

    cg in Le livre des sensations

     

     

     

  • Kérik Kouklis - Clouds near Camino - Californie

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    Agitée. Oppressée. Nuages noirs. Gorgée de larmes. Vide. En pression, compression. En colère. Tomber à l’intérieur de soi. Rien à quoi se raccrocher. Hypnotisée par la face sombre de chaque chose. Ne pas voir ce que cet état dissimule. Le trou, l’abîme de frustration. Et la fatigue jusqu’aux os.

    cg in Le livre des sensations

     

     

     

  • Albarrán Cabrera - Japan - 2015

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    Ces forces souterraines qui se lient et fusionnent en mon centre. Je les sens prendre consistance, comme une pierre, un joyau poli et translucide. Un cristal de feu qui germe du creuset de mon être. Il faut qu’il durcisse encore, concentration maximale des énergies. Cosmiques ?

    cg in Journal 1995

     

     

     

  • Christopher Swann

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    Il me prend comme une irrésistible envie d'enjamber la balustrade, pour aller marcher légère parmi les étoiles marines sur les eaux somnambules. Légère comme ces voiles que les vieux rêves laissent sur leur sillage. Aller rejoindre les mythiques baleines et les dauphins lunaires, le grand ballet des créatures océanes, disparues elles aussi, au cœur d'un rêve qui scintille à la surface des mers, les nuits de lune trop pleine.

     

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

  • Jasenko Dordevic

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     Où es-tu ?

    Je suis là.

    Tu penses à quoi ?

    Je ne pense à rien.

    Tu penses à moi ?
     

    Je ne pense à rien. Pourquoi penser, creuser en vain ? Je ne sais que le chemin qui file là-bas, loin, loin là-bas. Tu ne le vois pas ? Personne ne le voit… Seulement moi peut-être, seulement moi.

     

    cg in Histoires d'amour, histoire d'aimer

     

     

     

  • Jasenko Dordevic

    jasenko dordevic.png

     

     

    RÉSURGENCE 

     

    Je suis la Truie dit-elle

    et la Lionne.

    Mon jardin fut des plus fertiles,

    ma fontaine des plus sacrées.

    Je contiens tous les âges,

    le temps devant moi

    docilement s’inclinait.

     

    Ils sont venus

    en mon ventre

    arracher le soleil.

    Ils m’ont liée à la lune,

    jetée à la nuit

    mais jamais lumière

    ne fut plus blanche

    qu’entre mes cuisses

     

    Toi le frère, le fils, le père

    et l’Ancien qui a trahi,

    tu te dresses en conquérant

    sur des ruines et des cendres.

    Tu invoques l’amour

    glaive à la main,

    des fusils des roquettes,

    innombrables phallus

    de destruction.

     

    Tu n’as jamais été pourtant

    aussi impuissant,

    homme émasculé du sens,

    depuis que les déesses de l’amour

    tu as maudites.

     

    Innana, Ishtar, Astarté

    Brûlés le fruit le jardin

    Symboles de ta perdition

     

    Tu as réduit les mères nourricières

    au rang de putains de l’agro-industrie,

    tu leur a mis le joug

    de tes folies mécanistes.

     

    Cérès Déméter pleurent sans fin,

    quelle que soit la saison,

    Perséphone ne quitte plus les enfers.

    La vulve de Gaïa est sèche,

    ses seins sont crevés,

    ses veines lourdes et souillées.

     

    La vérité n’est plus voilée,

    elle est violée sans répit

    mais tu as beau pilonner homme

    je reste l’Inviolable

    et la Vierge éternelle

     

    « car je suis la première et la dernière.

    Je suis l’honorée et la méprisée.

    Je suis la prostituée et la sainte.

    (…)

    Ayez du respect pour moi.

    Je suis la scandaleuse et la Magnifique. » *

     

     cg in Salines, 2007

      

     

    * transcrit de papyrus gnostiques traduits en copte au IIIe ou Ive siècle,

    découvert vers 1945 à Nag’ Hammâdi, en Haute-Egypte