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FUSIONS POÉTIQUES - Page 8

  • Sophie Patry

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    Le train trace une jolie courbe, rayant au passage de fines rivières. Les peupliers dépouillés veillent les nids du printemps dernier, les champs exhibent une chair brune fumante, bien grasse. Nourrie à quoi ? Le temps se couvre, penser à l’hiver ne m’enchante guère mais au moins je me sens mieux que l’année dernière. Cette fois, c’est moi qui prends soin de moi, je ne laisse à personne d’autre cette responsabilité.

     

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

  • Anouk Rugueu

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    Seule une attention croissante et concentrée sur l’instant et mon environnement présent, permet au souffle de prendre place, à la pensée de s’apaiser jusqu’à me taire, et laisser l’être venir s’installer, me vivre, me respirer. Chercher sans chercher, mais s’ouvrir pour qu’il vienne, le secret, la clé. Tout alors prend sens parce qu’il n’y a plus de sens. Laisser venir, monter la voix intérieure, celle qui propose, conseille, guide parfois. Aller jusqu’au bout, profiter du délai difficile à affronter, en faire un espace de clarification, de choix conscients. Mais est-ce possible d’être ouverte à ce point ? Ouverte ou aveugle ? Il est ici question de spiritualité, comme on l’appelle, et de rien d’autre. Une effroyable envie de savoir, de comprendre toujours pourquoi. Ne peut-on vraiment rien faire pour améliorer ? Chacun fait sa part, accepter que chacun le fasse avec ce qu’il est, mais je suis toujours dans le devenir, or la clé pour moi est le présent. La pépite, la porte des palais. Parfois je me sens sur la voie et le mental arrête sa critique, son manque de foi, l’analyse, et là je sais. Je sais les gestes, l’état, le voyage intérieur. Suivre l’autre voie/voix, sans mettre de nom, sans chercher à comprendre par le mental. Juste ressentir et agir en osmose avec ce ressenti. 

     

    in Journal 2009

     

     

     

  • Andrew Bret Wallis

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    Alors vient sans qu'on ne l'ait vu venir

    l'hiver de la vie

    impossible de rebrousser

    son chemin de silence

    les flocons tombent

    douceur et douleur

    douleur et douceur

    effacent les traces

    d'un passé non résolu

     

    in en cours

     

     

     

     

     

     

  • Ester Maria Negretti

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    Il y a ces trainées dans la mémoire

    quand on passe le doigt sur le rugueux

    des taches de rouilles

    autour de la plaie

    où vive encore la lave menace

    de tout engloutir

    il y a ces atomes de poussière

    qui s'entrechoquent dans le sang

    et puis soudain le temps dérape

    un tête à queue sur le bitume

    et le réel de nouveau

    éclaté contre le mur du sens

     

    in en cours

     

     

     

  • Nona Limmen

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    mais dieu oui, je t’aime !
    alors comment
    émousser les pointes

    échapper aux bûchers
    qui la nuit se dressent
    sifflent serpents fourches

    foudre de langues
    et la mienne cousue vive
    à mon sexe

     

    oui je t’aime
    mais puisque la chute
    toujours n’est que chute
    alors qu’on me rende mes ailes
    pureté innocence
    ne sont pas humaines

     

    in Mon collier de sel

     

     

  • Auteur inconnu

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    un craquement
    dans le cœur
    imprévu troublant
    et puis soudain
    bouleversant
    la débâcle !
    la grande fonte des glaces
    entamée
    sans prévenir
    la joie d’entendre
    mon cœur battre à nouveau
    comme un jeune oiseau
    l’exaltation d’un printemps
    d’automne un peu fou
    sous le signe intense
    de la poésie
    je commence à voir des signes
    à croire en la magie
    mais la peur a pris le dessus
    mon cœur tremblant
    mis à nu
    regrette déjà
    son berceau de glace
    l’espoir est un poison
    qu’il craint plus que tout

     

     

    in Des volcans sur la lune

     

     

     

     

     

     

  • Agnès Giberne - Le Solstice - 1898

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    Solstice, afflux d’émotions, compression, chercher la pause, la rive et ce n’est pas encore le moment. Toujours la gorge qui accroche, trop dit, pas assez dit ? La fatigue mêlée d’agitation, ça sent l’auto combustion, bouffées de chaleur qui ne sont pas des bouffées de fièvre, mais comme si le corps chercher à brûler ce qui reste de cette année chaotique, épuisante, parfois enivrante et délicieuse, mais terrifiante aussi. Chutes vertigineuses et forces souterraines qui affluent, l’instinct qui flaire les pistes, s’aiguise à sentir le danger sans paniquer. Solstice et confusion, mais la lumière revient, le soleil perce la chair dure des ténèbres, la croûte froide des peurs qui tétanisent. Syndrome du terrier.


    La période est tellement étrange, douloureuse, que le langage devient codé et la raison erratique. 

     

     

    in Journal du passage,

    in Faits d'hiver, Jacques Flament éd. 2002

     

     

     

     

  • Maggie Vandewalle

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    Tiens, j’avais oublié l’araignée, je ne sais toujours pas où elle est passée, peut-être dissoute dans l’éther après avoir délivré sa leçon, la leçon de l’araignée, mais je ne suis pas bien sûr de l’avoir vraiment intégrée. Elle est dure la leçon de l’araignée : transformer la peur en amour, ça passe par la tolérance, forcément. La tolérance est le chemin entre la peur et l’amour, de la tolérance naît l’amour, car c’est avant tout à soi-même que l’on accorde le droit de vivre et alors on cesse de vouloir à tout prix défendre, mériter, quémander, voire prendre de force, quelque chose qui nous a déjà été donné, dont nous n’avons que le devoir de jouir, de profiter pleinement, dans l’idée d’en faire profiter, peut-être jusqu’à la septième génération qui suivra, et pas seulement dans le cercle étroit de sa propre famille, sa propre tribu, sa propre nation… Peuple rouge, le regard tourné vers l’intérieur voit ce sang commun à tous les êtres, pas seulement humains mais les animaux aussi, les poissons... Et puis il y a ce peuple vert, au sang transparent ou blanc comme lait, ce peuple vert qui nous fait la décence de ne pas hurler quand nous l’arrachons, l’abattons, le mangeons. Peuple qui s’offre en fleurs, en feuilles, en fruits et en racines. Juste prendre soin de la graine, respecter, remercier aussi peut-être, si c’est possible, si ça ne fait pas trop grimacer l’ego. L’ego qui étouffe un rire, paré de ses plus belles parures : peuple vert, quelle connerie ! L’arrogance, le prix de l’arrogance, c’est le titre d’un journal je crois au sujet de… mais, c’est ça ! Nous payons le prix de l’arrogance, et encore, moi je ne paye pas grand-chose. Je peux me permettre ce luxe d’écrire sur un cahier, bien installée sous la couette (et l’araignée, elle est où ?).

     

    in Journal 2001