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CITATIONS - Page 107

  • Anaïs Nin

     

    Je suis une exaltée qui ne comprend la vie que lyriquement, musicalement avec des sentiments beaucoup plus forts que la raison. J’ai une telle soif de merveilleux, et seul le merveilleux a de la puissance sur moi. Le reste, quand je ne peux plus le transfigurer en merveilleux, je le laisse. La réalité ne m’en impose pas. Je ne crois qu’à l’ivresse, qu’à l’extase, et quand la vie ordinaire m’entrave, je m’en échappe par un moyen ou par un autre. Plus de murs.

     

     

     

  • Vera Feyder

     

    je garde d’un narval la longue dent

    sorcière et je monte sur boucle

    l’anneau blanc des atolls

    à mes doigts coraliers

     

    Pour moi tout est dérive

     

    in Corps seul amer

     

     

     

     

  • Anaïs NIn

     

    Solitude. Je recherche cette division en moi. Je recherche cette tension et ces multiples directions dans ma vie. C’est là l’expression véritable de mon moi. Lorsque je marche seule pendant des heures, je m’accepte telle que je suis. Je ne m’interdis rien et ne laisse pas les autres m’interdire quoi que ce soit. Obéissance au mystère que le journal s’emploie seulement à décrire et non pas à expliquer. 

     

     

     

  • Héloïse Combes

     

    Voici mes dessous blancs,

    Symboles de ma mue.

    Je n’en ai plus besoin,

    Maintenant je vais nue.

    Je vais par les forêts

    De charmes et châtaigniers,

    Je fuis par les clairières,

    Je fraie par les rivières

    Pour tenter d’apaiser

    Le phosphore à mon front,

    Pour chérir et cacher

    Le tendre et rude affront.

    Non, je ne suis plus femme

    Et pourtant je suis Vive.

    Tu as tué la femme…

    À présent je suis Vouivre !

     

    18 août 2012

     

     

     

     

     

     

  • Kate Braverman

     

    Nous sommes coupées en deux, songe-t-elle, nous sommes distendues, nous sommes magnifiées. Nous nous asseyons au creux de fontaines d’où l’eau jaillit par trop d’orifices. Nous posons la machine à écrire à même le sol, sous la table de la salle à manger, et vivons là. En sécurité avec le bois au-dessus de nos têtes. Nous restons assises là onze jours et onze nuits de rang, à nous perforer les veines des bras et des jambes. Nous écrivons des poèmes, à l’encre de sang. Nous nous croyons alors justifiées. Nos bras sont infectés. Nous savons bien n’être pas tout à fait à l’image de Dieu. Nous, profusions de trous. Notre genre est monumental. N’est-ce pas d’ailleurs ce que notre sculpture nous raconte ? Nous sommes l’appétit dépourvu de crâne. Nous sommes amputées. Nous enfantons sans maris. Nous donnons naissance à nos bébés dans la solitude absolue, comme une espèce de renégats. Nous n’avons ni tribus ni totems. Aucun rituel de consolation. Lorsque nous naissons ou mourrons, personne n’allume de cierge. Plus personne ne se souvient des litanies, des formules pour invoquer et divertir les dieux. Nous vivons seules. Célibataires durant des décennies. Larguées sur Terre puis désertées. Peut-être sommes nous une mélopée ? Quelqu’un nous a écoutées choir. Peut-être sommes-nous une forme de pluie avilie ? 

     

    in Bleu éperdument

     

     

     

  • Anaïs Nin

     

    Equilibre ? Un rêve impossible pour moi, padre amor. Parce que je suis née sous le signe de Sainte-Thérèse et des grandes courtisanes perverses. Mysticisme de la terre ou du ciel, mais des extrêmes. 

     

     

  • Red Cloud - Chef Sioux Oglala

     

    …Je suis pauvre et nu, mais je suis le chef de la nation. Nous ne voulons pas de richesse mais nous tenons à instruire correctement nos enfants. Les richesses ne nous serviraient à rien. Nous ne pourrions pas les emporter avec nous dans l’autre monde. Nous ne voulons pas de richesses. Nous voulons la paix et l’amour.

     

     

     

  • Pierre Véry

     

    Il arrive que des fantômes d'enfants laissent avec confiance leur main

    dans la main de l'adulte qu'ils sont devenus. On appelle cela une grâce.

     

     Les Anciens de Saint-Loup (1944)

     

  • Shizue Ogawa

     

    Jetez-y les os des vieux

    Qui ont des trous

    Jetez-y les os transparents des enfants,

    Jetez-les vers le berceau des chants

    Au fond de la mer, où ils sont nés

    Pour tenter de bloquer les vagues

    Qui ne cessent de s’agiter.

     

    traduit par Michèle Duclos depuis la version anglaise

    In Traversée n°68, mai 2013