Marlène Tissot
J’emmerde la chasse au trésor
Chercher
ce qu’il reste de bonté
en chacun de nous.
in J’emmerde…
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J’emmerde la chasse au trésor
Chercher
ce qu’il reste de bonté
en chacun de nous.
in J’emmerde…
« Que fais-tu grand-mère, assise là, dehors, toute seule ? » Eh bien, vois-tu, j’apprends. J’apprends le petit, le minuscule, l’infini. J’apprends les os qui craquent, le regard qui se détourne. J’apprends à être transparente, à regarder au lieu d’être regardée. J’apprends le goût de l’instant quand mes mains tremblent, la précipitation du cœur qui bat trop vite. J’apprends à marcher doucement, à bouger dans des limites plus étroites qu’avant et à y trouver un espace plus vaste que le ciel. « Comment est-ce que tu apprends tout cela grand-mère ? » J’apprends avec les arbres, et avec les oiseaux, j’apprends avec les nuages. J’apprends à rester en place, et à vivre dans le silence. J’apprends à garder les yeux ouverts et à écouter le vent, j’apprends la patience et aussi l’ennui ; j’apprends que la tristesse du cœur est un nuage, et nuage aussi le plaisir; j’apprends à passer sans laisser de traces, à perdre sans retenir et à recommencer sans me lasser. « Grand-mère, je ne comprends pas, pourquoi apprendre tout ça ? » Parce qu’il me faut apprendre à regarder les os de mon visage et les veines de mes mains, à accepter la douleur de mon corps, le souffle des nuits et le goût précieux de chaque journée ; parce qu’avec l’élan de la vague et le long retrait des marées, j’apprends à voir du bout des doigts et à écouter avec les yeux. J’apprends qu’il faut aimer, que le bonheur des autres est notre propre bonheur, que leurs yeux reflètent dans nos yeux et leurs cœurs dans nos cœurs. J’apprends qu’on avance mieux en se donnant la main, que même un corps immobile danse quand le cœur est tranquille. Que la route est sans fin, et pourtant toujours exactement là. « Et avec tout ça, pour finir, qu’apprends-tu donc grand-mère ? » J’apprends, dit la grand-mère à l’enfant, j’apprends à être vieille !
in J'apprends
Tu crains le Silence ?
- Entends dans la nuit
Le chœur des étoiles.
in La Tête couronnée et autres poèmes
Resserre ton monde et regarde comme il s’étend
Un œil plein de ciel, un monde dans tes bras
je rends les armes
et vous recommande
une seule bombe sous le manteau
le mot d’amour
in Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier
Je n’aime pas Sophie, moi, mais c’est la seule qui m’aime, la seule à m’apprendre le nombril et le trou des fesses.
Elle se jette sur moi pendant la récréation et elle veut jouer à l’amour.
in Vampires, cartable et poésie
Si tu regardes une image très laide, vérifies que ce ne soit pas ton reflet.
Il n’y a qu’aux êtres condamnés qu’est donnée la lucidité de voir à quel point ce qui leur avait paru important n’est que foutaise.
in Les Falaises de Wangsisina
Ô Khusro, la rivière de l’amour suit sa propre loi
Ceux qui l’ont traversée s’y sont noyés à coup sûr
Ceux qui s’y sont noyés l’ont traversée
Les contes de fées sont les seules institutions démocratiques
Et à l’intérieur de cette femme, il y avait toujours une enfant sans père, une enfant qui n’était pas morte quand elle aurait dû mourir et il y aurait toujours le fantôme de la petite fille qui pleurait à l’intérieur, qui pleurait la perte d’un père.
En mars –79
Las de tous ceux qui viennent avec des mots
Des mots, mais pas de langage,
Je partis pour l'île recouverte de neige.
L'indomptable n'a pas de mots !
Ses pages blanches s'étalent dans tous les sens.
Je tombe sur les traces de pas d'un cerf dans la neige
Pas des mots, mais un langage.
in Baltiques, 1983 / traduction Jacques Outin
Figée sur place. Immobile. L’impression d’être plantée là depuis des années. Il ne te vient même pas à l’idée que tu peux remuer. Il ne te vient même pas à l’idée que tu peux enfreindre les règles. Le monde est un tissu de sortilèges et de vérités absolues.
in Bleu éperdument
Je n’ai rien à voir avec un nom, un sexe, une identité, je suis une chose et je ne peux survivre que dans les os, tout contre l’essence, à la racine même des mots de la fin, des ressentes lumières et de la toute dernière pluie.
in La grande tueuse
in Traction Brabant 65
Le temps est une lime qui travaille sans bruit