Victor Hugo
J'ai l'obstination farouche d'être doux.
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J'ai l'obstination farouche d'être doux.
Les Benetton prétendaient apporter le progrès dans la région. Ils y ont apporté les clôtures en fil de fer barbelé, empêché la transhumance des gauchos et des rares espèces sauvages encore existantes, imposé des bornes absurdes dans une région où le ciel et la terre sont les seules limites.
in Dernières nouvelles du Sud
Nous apprenons à apprivoiser le vide
créé par l’appétence de l’homme.
in Indalo
Chien noir qui sors de la muraille ensanglantée reviens flairer leurs derniers pas, ô hurle encore à la Mort dans le cirque sourd de nos années ! Le tueur dit : sautent les crânes ! et les crânes font sauter avec eux le ciel. Le tueur dit : la grenade, en plein tas ! et le volcan éclate éclaboussant les murs de flamme et de pensée. Le tueur dit : brûlez ! et les os de la terre craquent dans son rictus haineux. Le tueur dit : que le vent fasse place nette ! et le vent vient docile, éparpiller les cendres. Le tueur dit : RI-EN, il n’y a RI-EN. Mais si, tueur il y a ce chien qui se souvient de toi, ton âme de désespoir aboie sans trêve en ce chien noir.
in Tristesse Ô ma Patrie, 1946
Décalée
Un peu
En rade
Tendue
Déboussolée
Malgré ce qui va droit
(...)
Il est temps d'aller
D'aller noircir
Les petits matins froids
in En train de dérailler
À mes lèvres je porte ces verdures,
Ce gluant jugement de feuilles,
Cette terre parjure, mère
Des perce-neige, des érables, des chênes.
Vois comme je deviens aveugle et fort
De me soumettre aux modestes racines,
Et n'est-ce pas trop de splendeur
Aux yeux que ce parc fulminant?
Les crapauds, telles des billes de mercure,
Forment un globe de leurs voix nouées,
Les rameaux se changent en branches
Et la buée en chimère de lait.
30 avril 1937
traduit par Philippe Jaccottet)
ce soir parmi nous moi j’aime l’ivrogne qui perd le chemin de sa maison.
Les poètes enfoncent leurs têtes dans les fours. Attirés qu’ils sont par le pouls de la flamme bleue. Leurs crânes sont des plazzas de chagrin et de pourriture. Ils ont au fond des yeux des entrepôts et des jetées. Il y a le déchirement atroce du cœur au moment de partir. Puis ils s’enquillent du monoxyde de carbone par la bouche. N’ont de cesse de tomber malades sous l’évangile fielleux de la lune.
in Bleu éperdument
- Quel était le secret de ce pacificateur efficace ?
- Sa simplicité désarmante.
« - Ce violon, quand l’avez-vous perdu, l’ami ?
- Qui vous a dit ça ? Je ne peux pas l’avoir perdu puisque je ne l’ai pas encore trouvé, déclare t-il dans une nouvelle démonstration de logique écrasante. »
in Dernières nouvelles du Sud
c’est l’encre qui fait que
le poète
trouve dans l’horizon
domicile fixe
in Le sang visible du vitrier
Armé de la vision des guêpes étroites
Qui sucent l'axe de la terre, l'axe de la terre,
Je pressens tout ce qu'il m'a fallu connaître,
Je m'en souviens par cœur et vainement.
Et je ne dessine pas, ne chante pas,
Ne guide pas l'archet à la voix noire:
Je me contente de boire la vie et j'aime
À envier les guêpes fortes et rusées.
Oh, qu'un jour vienne, n'importe quand,
Où la piqûre de l'air et la chaleur de l'été
M'obligent, une fois franchis soleil et mort,
À entendre l'axe de la terre, l'axe de la terre.
8 février 1937
traduit par Jean-Claude Schneider
Les paroles des blancs sont écrites sur l’eau.
La deuxième paix est celle qui se crée entre deux individus, la troisième et celle qui soude deux nations. Mais au-dessus de tout cela il vous faut comprendre que la paix ne sera pas possible entre les nations tant qu’on ne sera pas convaincu que la véritable paix – comme je l’ai souvent dit – se trouve au cœur même de l’âme humaine.
Et par les cercles
Limpides
De l’orage
Sourdant du fond des silex
J’écoule mes pensées
in Prémonitoires