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CITATIONS - Page 149

  • Pierre Colin

     

     Nous savons témoigner des mots lovés dans

     les terriers de chair. Mots désastres du corps perdu.

     Mots qui n’ont plus leur place dans la bouche…

     

     Nous sommes des brûleurs d’eau froide.

     L’aube est sans laisse, et le cœur est immense.

     L’âge du monde est notre voie.

     

     

    in Je ne suis jamais sorti de Babylone

     

     

     

  • Pierre Colin

     Autant de hanches, autant de gorges sur l’horizon. Autant de tailles cernées par l’océan, l’ambre et la pulpe des mots. La mer s’est retirée, découvrant l’étendue de la nuque, les halos de l’échine, la lune attardée des yeux dans les saules. Ce quelque chose qui fait de nous des puits, des corps tourbillonaires dans le chaos des rêves. Ecrire c’était hier, renaître c’était demain. L’océan quelquefois se noie dans nos suaires.

     

    in Je ne suis jamais sorti de Babylone

     

     

  • Pierre Colin

     

    brûle, ondule, l’œil pullule !

     l’à l’endroit, là l’envers, tout est rues d’univers.

     Garde l’or. Garde l’œil.

     Ce qui vient entre nous sur terre.

     Xam ! Xam ! C’est un rêve surnuméraire.

     Il fait lèvre. Il fait froid. Sur ta peau d’hortensia.

     Dans la rue du vagin, chevelure et brûlure.

     O mon corps, loup de joie.

     Fais-moi signe dans l’ici-bas.

     

    in Je ne suis jamais sorti de Babylone

     

     

  • Pierre Colin

     

    Nous cherchons Aphrodite, elle est dans nos poussières. Sa taille et son nombril, les sources de sa nuque. Le matin n’a plus d’âge, l’oiseau quitte nos laines. Notre étoffe de chair se froisse sur la berge.

     

    Nous traquons l’éphémère, le ventre du ciel pur. L’oubli ne nous sied plus. Un jour, nous renaîtrons de ses restes barbares. Rien ne sera trop pur, trop loin, trop improbable.

     

    Ce que nous avons fait, nous savons le défaire.

     

      

    in Je ne suis jamais sorti de Babylone

     

     

  • Lionel Mazari

     

    Autrefois j’étais immense et blanc

     

    On me disait enfant de la lune et du soleil

     

    Mon berceau était un arc-en-ciel renversé

     

    Et je tirais sur mon sommeil

     

    Le grand drap lacté de la nuit

     

    Un jour d’épines et de météores

     

    Mon arc-en-ciel perdit son sang

     

    Et je chutais longtemps du ciel et de l’enfance

     

     

     

     

     

    in Fragments apocryphes de J-V Cédille

     

     

  • Lao-tseu

     

     L'homme d'une vertu supérieure est comme l'eau.

     L'eau excelle à faire du bien aux êtres et ne lutte point.

     Elle habite les lieux que déteste la foule.

     Parmi toutes les choses du monde,

    il n'en est point de plus molle et de plus faible,

     et cependant, pour briser ce qui est dur et fort,

    rien ne peut l'emporter sur elle.

     Pour cela rien ne peut remplacer l'eau.

     Ce qui est faible triomphe de ce qui est fort.

     Ce qui est mou triomphe de ce qui est dur.

     

    in Tao-te king