J.-B. Pontalis
Tout amour est infondé, tout amour est fou.
in Traversée des ombres
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Tout amour est infondé, tout amour est fou.
in Traversée des ombres
Y a-t-il d'autre Maître que le maître intérieur ? Plus précisément, les Maîtres sont ceux qui ont vu naître leur maître intérieur.
in Théorèmes poétiques
Si on aime vraiment, et si on sait rire vraiment, le résultat est le même : on s'oublie, ou du moins on s'efface. Le moi est haïssable, de qui n'aime que son moi. Le moi est haïssable, qui se prend au sérieux, parce qu'il ne voit que lui-même et sans aucune distance. L'amour rend gai, et souvent l'amour fou rejaillit en fou rire parce que les amants rient d'être libérés d'eux-mêmes - par l'autre.
in Permis de séjour, 1977-1982
La preuve que nous appartenons à l'espèce motorisée nous est fournie par le langage. Nous n'exprimons plus nos idées, nous les véhiculons.
in Le mot du silencieux
Le monothéisme est la doctrine qui suppose l’existence d’un être miséricordieux, omnipotent, omniscient et omniprésent qui, pour une raison inexpliquée, n’a rien de mieux à faire que de s’intéresser à ma vie sexuelle.
La loi est le fourneau où le puissant forge les fers du faible
Il est plus fou d'être sage parmi les fous
que d'être fou parmi les sages.
Un peu de folie sauve,
alors que le refus buté de toute folie
rend fou à coup sûr.
in Tous fous
La vie se rétracte ou se dilate à proportion de notre courage.
Je me demande si la loi sur le harcèlement psychologique me permettrait de déposer une plainte contre la mort…
N’être que cette marche
Au-milieu des odeurs de la terre
Je pense tous les jours à la mort, mais juste comme ça,
histoire de ne pas être prise au dépourvu.
Torture, nom commun, trop commun, féminin, mais ce n’est pas de ma faute. Du latin tortura, action de tordre.
Bien plus que le costume trois-pièces ou la pince à vélo, c’est la pratique de la torture qui permet de distinguer à coup sûr l’homme de la bête.
L’homme est en effet le seul mammifère suffisamment évolué pour penser à enfoncer des tisonniers dans l’œil d’un lieutenant de vaisseau dans le seul but de lui faire avouer l’âge du capitaine.
La torture remonte à la nuit des temps. A peine eût-il inventé le gourdin, que l’homme de Cro-Magnon songeait aussitôt à en foutre un coup sur la gueule de la femme de Cro-Magnonne qui refusait de lui avouer l’âge de pierre.
Mais il fallut attendre l’avènement du christianisme pour que la pratique de la torture atteigne un degré de raffinement enfin digne de notre civilisation. Avant cet âge d’or, en effet, la plupart des supplices, en Haute-Egypte et jusqu’à Athènes, relevaient hélas de la plus navrante vulgarité. Les Spartiates, eux-mêmes, au risque d’accentuer la dégradation des sites, n’hésitaient pas à précipiter leurs collègues de bureau du haut des falaises lacédémoniennes pour leur faire avouer la recette de la macédoine. Quant à l’invasion de la Grèce par les légions romaines, on n’en retiendra que la sanglante boucherie au cours de laquelle le général Pinochus se fit révéler le théorème de Pythagore en filant des coups de pelle aux Ponèses.
Pour en revenir aux chrétiens, on n’oubliera pas qu’après avoir été, sous les Romains, les premières victimes de la torture civilisée, ils en devinrent les plus sinistres bourreaux pendant l’inquisition. Aujourd’hui encore, quand on fait l’inventaire des ustensiles de cuisine que les balaises du Jésus’fan Club n’hésitaient pas à enfoncer sous les ongles des hérétiques, ce n’est pas sans une légitime appréhension qu’on va chez sa manucure.
Aux portes de l’an 2000, l’usage de la torture en tant qu’instrument de gouvernement se porte encore bien, merci. Même si, sous nos climats, elle a tendance à tomber en désuétude. Pour citer un pays occidental, au hasard, nous sommes en mesure d’affirmer qu’à Monaco, par exemple, le nombre des bourreaux par habitant est actuellement de zéro pour mille. D’ailleurs, on voit mal quelles raisons pourraient pousser un croupier à empaler un milliardaire.
Hélas, quand on s’écarte un peu plus de l’Hexagone, que ce soit vers l’ouest, vers l’est ou vers le sud, on rencontre encore, dans des contrées exotiques pourtant ouvertes au progrès, à trois pas de la piscine du Hilton, ou dans les steppes démocratiques les plus populaires, des empêcheurs de penser en rond qui cognent et qui charcutent, qui enferment et qui massacrent, qui souillent et qui avilissent, et même –ah les cons !- qui arrachent les ailes des poètes au nom de l’avenir de l’homme.
Quand on a l'obsession de réfuter une idée, c'est contre soi qu'on veut la réfuter. Si on ne répond pas aux vrais arguments d'autrui, et qu'on en cherche seulement les défauts superficiels, c'est qu'on sent ces arguments terriblement valables.
Certes, je suis conscient du fait que la polémique, qui ferme l'esprit, peut aussi l'aiguiser. La polémique est un aspect du jeu dialectique « de la vérité ». Je ne propose pas la mort de la polémique. Je pose plutôt la nécessité de l'auto-polémique. Ne sommes-nous pas à nous-mêmes notre meilleur ennemi ? Oui, il faut une pensée toujours en lutte, aiguisée, hors du fourreau, mais contre l'ennemi intérieur ; il faut concevoir ce qu'il y a de juste dans une objection, en même temps qu'on fonce pour découvrir ce qu'il y a de faux.
in Le vif du sujet
Fou l'homme qui boit à une flaque
Et ignore la fontaine qui jaillit dans sa maison !
in Le Voyageur chérubinique