Jean-Marie Gourio
Tu connais le proverbe,
quand le sage montre la lune, le connard regarde le doigt.
- Eh alors ?! Il a raison, le connard ! Y'a rien sur la lune.
in L'intégrale des brèves de comptoir
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Tu connais le proverbe,
quand le sage montre la lune, le connard regarde le doigt.
- Eh alors ?! Il a raison, le connard ! Y'a rien sur la lune.
in L'intégrale des brèves de comptoir
Je désobéirai si la justice et la vérité le veut.
in Pensées
Le sentiment de l’injustice ne m’a jamais quitté (…)
ma fureur n’était pas seulement celle du forgeron poétique,
mais fureur d’adolescent persécuté.
Je cognerai encore trois fois
A votre porte
La première fois pour dire que j’existe
Depuis que le pain existe
La deuxième fois pour dire que j’existe
Puisque par moi vous existez
La troisième fois ce sera pour vous dire :
Il n’est pas de granit
Que n’use le vent et la pluie
Et mon vent à moi c’est ma faim
Ma pluie à moi c’est ma soif
Prenez garde
Je ne veux plus être orphelin.
La première chose à faire pour jouer du piano,
c'est soulever le couvercle.
in Brèves de comptoir - 1996
Quelle chimère est-ce donc que l'homme ? quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradictions, quel prodige ? Juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur, gloire et rebut de l'univers.
Qui démêlera cet embrouillement ?
in Pensées
Rien n’a changé.
Seules peut-être les manières, les cérémonies, les danses.
Le geste des mains protégeant la tête
Est cependant resté le même.
Le corps se tord, se débat, essaye de fuir,
Fauché, il tombe, plie les genoux,
Bleuit, enfle, salive et saigne.
in La torture
Le pays d’où je viens a la couleur des lampes
Que les enfants conduisent aux limites du sable
(…)
Le pays d’où je viens n’a jamais existé
Un vieil enfant de sable y pousse vers le large
Un bateau en ciment qui ne partira jamais
in Mon pays mon naufrage
Si les pierres se querellent, ce n’est pas à l’œuf de les séparer
Je ne lis pas les journaux
Ne veut rien apprendre de nouveau des hommes
Ah ! Le journal d'hier ! Déjà que hier y avait rien dedans, alors aujourd'hui, à lire, c'est encore meilleur ! J'ai vraiment l'impression d'avoir rien raté.
in L'intégrale des brèves de comptoir 1992-1993
Je pouvais bien prendre Albertine sur mes genoux, tenir sa tête dans mes mains, je pouvais la caresser, passer longuement mes mains sur elle, comme si j’eusse manié une pierre qui enferme la salure des océans immémoriaux ou le rayon d’une étoile, je sentais que je touchais seulement l’enveloppe close d’un être qui par l’intérieur accédait à l’infini.
Triste monde
Que j’abhorre faussement
Triste siècle
Que je parcours
A rebours du néant
in Ode au chaos
ça rend sauvage l'écriture. On rejoint une sauvagerie d'avant la vie. Et on la reconnaît toujours, c'est celle des forêts, celle ancienne comme le temps. Celle de la peur de tout, distincte et inséparable de la vie même. On est acharné. On ne peut pas écrire sans la force du corps. Il faut être plus fort que soi pour aborder l'écriture, il faut être plus fort que ce qu'on écrit.
in Écrire, 1993