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CITATIONS - Page 179

  • Michel Bakounine

     

    Ce que tous les autres hommes sont m’importe beaucoup, parce que tout indépendant que je m’imagine ou que je paraisse par ma position sociale, dussé-je être pape, tsar ou empereur ou même premier ministre, je suis incessamment le produit de ce que sont les derniers d’entre eux; s’ils sont ignorants, misérables, esclaves, mon existence est déterminée par leur ignorance, leur misère et leur esclavage.

     

    Moi, homme éclairé ou intelligent, par exemple –si c’est le cas- je suis bête de leur sottise; moi brave, je suis l’esclave de leur esclavage; moi riche, je tremble devant leur misère; moi, privilégié, je pâlis devant leur justice. Moi, voulant être libre enfin, je ne le puis pas, parce qu’autour de moi tous les hommes ne veulent pas être libres encore, et ne le voulant pas, ils deviennent contre moi des instruments d’oppression…

     

     …Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes sont également libres… de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté… Je ne puis me dire libre vraiment, que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d’être, mon droit humain, réfléchis par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l’assentiment de tout le monde..

     

     Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s’étend à l’infini…

      

    in La Liberté

     

     

  • Eliane Joly

     

    Je m’enfuis

     car hier j’ai assassiné

     mon huitième téléphone

     alors je rentre chez moi

     pour attendre des jours meilleurs

      

    In Les vingt dernières minutes du quatrième mois de l’hiver

     

     

  • Emil Michel Cioran

     

     Nous ne pardonnons qu'aux enfants et aux fous d'être francs avec nous: les autres, s'ils ont l'audace de les imiter, s'en repentiront tôt ou tard.

    in De l'inconvénient d'être né

     

     

  • Jean-Marie Gourio

     

    La théorie de l'évolution ? Tu parles ?! Et d'abord l'évolution de qui ? Tout ça c'est pipeau ! On n'a pas évolué... on a changé... 

     

    in L'intégrale des brèves de comptoir 1992-1993

     

     

  • Hermann Hesse

     

    L'enjeu de l'éveil, c'était, semblait-il, non la vérité et la connaissance, mais la réalité, le fait de la vivre et de l'affronter. L'éveil ne vous faisait pas pénétrer près du noyau des choses, plus près de la vérité. Ce qu'on saisissait, ce qu'on accomplissait ou qu'on subissait dans cette opération, ce n'était que la prise de position du moi vis-à-vis de l'état momentané de ces choses. On ne découvrait pas des lois, mais des décisions, on ne pénétrait pas dans le cœur du monde, mais dans le cœur de sa propre personne. C'était aussi pour cela que ce qu'on connaissait alors était si peu communicable, si singulièrement rebelle à la parole et à la formulation. Il semblait qu'exprimer ces régions de la vie ne fît pas partie des objectifs de langage.


    in Le jeu des perles de verre