Stefan Zweig
Qu'est-ce qu'un serment ? Un mot, emporté par le vent.
in Thersite
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Qu'est-ce qu'un serment ? Un mot, emporté par le vent.
in Thersite
Ce que tous les autres hommes sont m’importe beaucoup, parce que tout indépendant que je m’imagine ou que je paraisse par ma position sociale, dussé-je être pape, tsar ou empereur ou même premier ministre, je suis incessamment le produit de ce que sont les derniers d’entre eux; s’ils sont ignorants, misérables, esclaves, mon existence est déterminée par leur ignorance, leur misère et leur esclavage.
Moi, homme éclairé ou intelligent, par exemple –si c’est le cas- je suis bête de leur sottise; moi brave, je suis l’esclave de leur esclavage; moi riche, je tremble devant leur misère; moi, privilégié, je pâlis devant leur justice. Moi, voulant être libre enfin, je ne le puis pas, parce qu’autour de moi tous les hommes ne veulent pas être libres encore, et ne le voulant pas, ils deviennent contre moi des instruments d’oppression…
…Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes sont également libres… de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté… Je ne puis me dire libre vraiment, que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d’être, mon droit humain, réfléchis par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l’assentiment de tout le monde..
Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s’étend à l’infini…
in La Liberté
Aimer, par tous ses sens, l'éphémère.
in Traversée des ombres
Les barricades n'ont que deux côtés.
Quand on habite dans cet hôtel, mourir, c'est gravir un échelon.
in La vengeance de la pelouse
Le train fantôme siffle trois fois
La nuit mord son croissant de carton
Le jour saigne dans des tunnels de soie
Je m’enfuis
car hier j’ai assassiné
mon huitième téléphone
alors je rentre chez moi
pour attendre des jours meilleurs
In Les vingt dernières minutes du quatrième mois de l’hiver
Nous ne pardonnons qu'aux enfants et aux fous d'être francs avec nous: les autres, s'ils ont l'audace de les imiter, s'en repentiront tôt ou tard.
in De l'inconvénient d'être né
J’essuie la vitre avec des crêpes
in Gribouillissime
La théorie de l'évolution ? Tu parles ?! Et d'abord l'évolution de qui ? Tout ça c'est pipeau ! On n'a pas évolué... on a changé...
in L'intégrale des brèves de comptoir 1992-1993
C'est le confort qui permet au désespoir cosmique de s'épanouir.
Le ventre vide, on ne désespère jamais de l'univers.
in La tentation nihiliste
L'enjeu de l'éveil, c'était, semblait-il, non la vérité et la connaissance, mais la réalité, le fait de la vivre et de l'affronter. L'éveil ne vous faisait pas pénétrer près du noyau des choses, plus près de la vérité. Ce qu'on saisissait, ce qu'on accomplissait ou qu'on subissait dans cette opération, ce n'était que la prise de position du moi vis-à-vis de l'état momentané de ces choses. On ne découvrait pas des lois, mais des décisions, on ne pénétrait pas dans le cœur du monde, mais dans le cœur de sa propre personne. C'était aussi pour cela que ce qu'on connaissait alors était si peu communicable, si singulièrement rebelle à la parole et à la formulation. Il semblait qu'exprimer ces régions de la vie ne fît pas partie des objectifs de langage.
in Le jeu des perles de verre
Quand tu mets ton oreille contre l'escargot,
t'entends le cœur qui bat...
- Surtout si l'escargot il a couru !
in L'intégrale des brèves de comptoir 1992-1993
Demandez au vent
Quelle feuille tombera
La première
Pendant quatre-vingts ans tu te sens en danger de mort
et un jour tu avais raison, tu meurs.
in Brèves de comptoir - 1996