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CITATIONS - Page 179

  • Antonin Artaud

    Il me manque une concordance des mots avec la minutie de mes états. « Mais c’est normal, mais à tout le monde il manque des mots, mais vous êtes trop difficile avec vous-même, mais à vous entendre il n’y paraît pas, mais vous vous exprimer parfaitement en français, mais vous attachez trop d’importance à des mots. » Vous êtes des cons, depuis l’intelligent jusqu’au mince, depuis le perçant jusqu'à l’induré, vous êtes des cons, je veux dire que vous êtes des chiens, je veux dire que vous aboyez au dehors, que vous vous acharnez à ne pas comprendre. Je me connais, et cela me suffit, et cela doit suffire, je me connais parce que je m’assiste, j’assiste à Antonin Artaud. – Tu te connais, mais nous te voyons, nous voyons bien ce que tu fais. – Oui, mais vous ne voyez pas ma pensée. A chacun des stades de ma mécanique pensante, il y a des trous, des arrêts, je ne veux pas dire, comprenez-moi bien, dans le temps, je veux dire dans une certaine sorte d’espace (je me comprends) ; je ne veux pas dire une pensée en longueur, une pensée en durée de pensées, je veux dire une pensée, une seule, et une pensée en intérieur ; mais je ne veux pas dire une pensée de Pascal, une pensée de philosophe, je veux dire la fixation contournée, la sclérose d’un certain état. Et attrape ! Je me considère dans ma minutie. Je mets le doigt sur le point précis de la faille, du glissement inavoué. Car l’esprit est plus reptilien que vous-mêmes, Messieurs, il se dérobe comme les serpents, il se dérobe jusqu’à attenter à nos langues, je veux dire à les laisser en suspens. Je suis celui qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de sa langue dans ses relations avec la pensée. Je suis celui qui a le mieux repéré la minute de ses plus intimes, de ses plus insoupçonnables glissements. Je me perds dans ma pensée en vérité comme on rêve, comme on rentre subitement dans sa pensée. Je suis celui qui connaît les recoins de la perte.

     in Le Pèse-Nerfs

     

     

  • Paul Wano

     

    J’ai choisi le camp sans portes

     Ou encore de l’indéfini

     A ma naissance, sur mon ethnicité

     Il y avait inscrit ceci :

    Monde

     

     in Le pleurnicheur

     

     

  • Michel Bakounine

     

    Ce que tous les autres hommes sont m’importe beaucoup, parce que tout indépendant que je m’imagine ou que je paraisse par ma position sociale, dussé-je être pape, tsar ou empereur ou même premier ministre, je suis incessamment le produit de ce que sont les derniers d’entre eux; s’ils sont ignorants, misérables, esclaves, mon existence est déterminée par leur ignorance, leur misère et leur esclavage.

     

    Moi, homme éclairé ou intelligent, par exemple –si c’est le cas- je suis bête de leur sottise; moi brave, je suis l’esclave de leur esclavage; moi riche, je tremble devant leur misère; moi, privilégié, je pâlis devant leur justice. Moi, voulant être libre enfin, je ne le puis pas, parce qu’autour de moi tous les hommes ne veulent pas être libres encore, et ne le voulant pas, ils deviennent contre moi des instruments d’oppression…

     

     …Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes sont également libres… de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté… Je ne puis me dire libre vraiment, que lorsque ma liberté, ou ce qui veut dire la même chose, lorsque ma dignité d’être, mon droit humain, réfléchis par la conscience également libre de tous, me reviennent confirmés par l’assentiment de tout le monde..

     

     Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s’étend à l’infini…

      

    in La Liberté

     

     

  • Eliane Joly

     

    Je m’enfuis

     car hier j’ai assassiné

     mon huitième téléphone

     alors je rentre chez moi

     pour attendre des jours meilleurs

      

    In Les vingt dernières minutes du quatrième mois de l’hiver

     

     

  • Emil Michel Cioran

     

     Nous ne pardonnons qu'aux enfants et aux fous d'être francs avec nous: les autres, s'ils ont l'audace de les imiter, s'en repentiront tôt ou tard.

    in De l'inconvénient d'être né

     

     

  • Jean-Marie Gourio

     

    La théorie de l'évolution ? Tu parles ?! Et d'abord l'évolution de qui ? Tout ça c'est pipeau ! On n'a pas évolué... on a changé... 

     

    in L'intégrale des brèves de comptoir 1992-1993