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CITATIONS - Page 177

  • Nicolas Kurtovitch

     

    ai-je en moi assez de silence assez d'écoute pour suivre les chemins anciens et y sentir sous mes pieds nus les pas du véritable marcheur ni résignation ni attente de l'inéluctable tristesse sur ces terres souples au rythme des pas le passé s'efface emportant les ultimes barrières il suffit d'être au monde dans le souffle du jour où réside la respiration unique de la terre

     in Le piéton du dharma

     

     

  • Régine Detambel

     

    Je suis vêtue d’un manteau mouvant qui me pense. Je ne suis femme qu’à ma surface. Dissèque : ici commencent les machines. Désormais sans orifices. Les narines, la bouche, l’anus, le vagin, les tympans ne sont que plis de peau, invaginations, repliements de la matière. Tout en moi, y compris le cerveau, est pli poussé à l’infini, pli sur pli, pli selon pli.

     

     in Eloge d’une lecture caressante

     

     

  • Christian Bobin

     

    Saisir une main, c'est à chaque fois mettre ses doigts

    dans une prise électrique et aussitôt connaître l'intensité

    qui circule sans bruit sous la peau de l'autre. 


      in Louise Amour

     

     

  • Nicolas Kurtovitch

     

    Ce bol est beau, ce bol simple, sans histoire, ce bol du commun. Ce bol est mon corps. Si j'y ai laissé suffisamment de place, il contient le cosmos. Par lui, le cosmos se tient dans ma paume.

     

    Il est beau, Prince. Mais il contient aussi la nuit, toute cette nuit qui va s'abattre sur nous si tu ne comprends pas que ce bol simple peut t'éveiller, te donner le sens de la justice. Le noir infini, l'insondable, l'absolu.

     

    La vérité de ce bol te sautera au visage. Il ne peut en être autrement.

     

    Silence.

     

    Il me condamnera à l'oubli, seulement à l'oubli.

     

     in La commande

     

     

  • Wislawa Szymborska

    Que tu le veuilles ou non

     Tes gênes ont un passé politique

     Ta peau une teinte politique

     Tes yeux un aspect politique.

     

    (…)

     

     Tu n’as même pas besoin d’être un homme

     Pour gagner de l’importance politique.

     Il suffit que tu sois pétrole,

     Fourrage substantiel ou encore matière recyclable.

     

      

    Ou même une table de négociations

     Dont on a débattu la forme pendant des mois :

     A quelle table, ronde ou carrée,

     Doit-on discuter de la vie et de la mort.

     

     in Les enfants de l’époque

     

     

  • Jéromine Pasteur

     

    Si tu crois à travers les yeux d’autres hommes, tu ne t’accroches qu’à du vent. Tant que tu ne décides pas vraiment par toi-même, tu es fragile, dangereux. De ton incertitude naît la peur, et de ta peur viendra la cruauté

     

     in L’enfant qui rêvait le monde

     

     

  • Antonin Artaud

    Il me manque une concordance des mots avec la minutie de mes états. « Mais c’est normal, mais à tout le monde il manque des mots, mais vous êtes trop difficile avec vous-même, mais à vous entendre il n’y paraît pas, mais vous vous exprimer parfaitement en français, mais vous attachez trop d’importance à des mots. » Vous êtes des cons, depuis l’intelligent jusqu’au mince, depuis le perçant jusqu'à l’induré, vous êtes des cons, je veux dire que vous êtes des chiens, je veux dire que vous aboyez au dehors, que vous vous acharnez à ne pas comprendre. Je me connais, et cela me suffit, et cela doit suffire, je me connais parce que je m’assiste, j’assiste à Antonin Artaud. – Tu te connais, mais nous te voyons, nous voyons bien ce que tu fais. – Oui, mais vous ne voyez pas ma pensée. A chacun des stades de ma mécanique pensante, il y a des trous, des arrêts, je ne veux pas dire, comprenez-moi bien, dans le temps, je veux dire dans une certaine sorte d’espace (je me comprends) ; je ne veux pas dire une pensée en longueur, une pensée en durée de pensées, je veux dire une pensée, une seule, et une pensée en intérieur ; mais je ne veux pas dire une pensée de Pascal, une pensée de philosophe, je veux dire la fixation contournée, la sclérose d’un certain état. Et attrape ! Je me considère dans ma minutie. Je mets le doigt sur le point précis de la faille, du glissement inavoué. Car l’esprit est plus reptilien que vous-mêmes, Messieurs, il se dérobe comme les serpents, il se dérobe jusqu’à attenter à nos langues, je veux dire à les laisser en suspens. Je suis celui qui a le mieux senti le désarroi stupéfiant de sa langue dans ses relations avec la pensée. Je suis celui qui a le mieux repéré la minute de ses plus intimes, de ses plus insoupçonnables glissements. Je me perds dans ma pensée en vérité comme on rêve, comme on rentre subitement dans sa pensée. Je suis celui qui connaît les recoins de la perte.

     in Le Pèse-Nerfs

     

     

  • Paul Wano

     

    J’ai choisi le camp sans portes

     Ou encore de l’indéfini

     A ma naissance, sur mon ethnicité

     Il y avait inscrit ceci :

    Monde

     

     in Le pleurnicheur