Thomas Vinau
La solitude est une nourriture qui nous mange
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La solitude est une nourriture qui nous mange
Poussé à bout
le mot
devient cri
in Mots de passe
J’ai reçu de toi
- caresse révélée -
Ma vie, en plein visage
Je t’aime
Et mes mains
Sont trop petites
la poésie du désert
ne tarit pas de mots
pour chaque grain de sable
in Mots de passe
Il est tellement timide,
il ne parle même pas à lui-même dans sa tête.
in L'intégrale des brèves de comptoir 1992-1993
On ne change jamais les choses en combattant la réalité existante. Pour changer quelque chose, construisez un nouveau modèle
qui rendra inutile l’ancien.
Tu déflores le néant de la page avec l’arme illusoire des mots. Mais pourrais-tu désigner par leurs petits noms la ribambelle de monstres velus, goulus, ineptes et narquois qui te rongent la face et le ventre ?
in Disparates
La véritable nudité est d’hiver
La peau se rétracte, se fendille et découvre
Les fissures…
Les derniers migrateurs désertent
Transforment l’espace en une page blanche
Il ne reste que la mort temporaire
Faite d’écriture et de griffures d’ongles sur les vitres
Je vous éloigne…
Mais garde contre ma peau
Ce petit édredon de plumes
Pour conjurer le vol trop lourd des corbeaux.
Ils vendent n’importe quoi et ne savent pas pourquoi.
Leurs façons de penser : c’est le marketing.
Leur cerveau est un rubik’s cube de chamallows avariés.
in les singes en custard
La table qui fut branche se souvient de la terre
et donne à la tisane un goût de chant d’oiseau.
bouche édenté
ne mâche plus
ses mots
in Mots de passe
Les morts
oubliés
unis à la force végétale
au-dessous
ébranlent
les pierres tombales.
in La part de l’ombre
La substance des os, de mes os, de nos os, des os de tous les morts
De la terre participe d’une même substance éternelle, tranquille…
Au pays des sermons les mots râlent