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CITATIONS - Page 42

  • Michel Baglin

     

    Cette vie, l’arpenter
    d’un bon pas de marcheur
    qui saurait cependant
    qu’il peut se dérouter,
    qu’il n’est ni lieu ni heure
    pour arriver à temps.
    L’arpenter ou flâner, 
    c’est selon la saison,
    la manière qu’on a
    de chercher l’horizon
    et d’accorder son pas 
    au monde traversé.

     

     

     

     

     

     

  • Perrin Langda

     

    le 1er jour il glandouilla
    le 2e jour il bulla
    le 3e jour il se tourna les pouces
    le 4e jour il fit bronzette
    le 5e jour il baya aux corneilles
    le 6e jour il dut se reposer
    et le 7e jour
    il fit une poésie

     

     

  • Théodore Monod

     

    L'homme moderne redoute le silence car il pressent, confusément, que le silence est une terre de confrontation avec l'essentiel, avec nous-même, avec notre vocation d'homme. Il faut plonger dans le silence comme on s'aventure dans le désert. Il nous faut retrouver le chemin du silence. 

     

     

     

     

  • Dylan Thomas

     

    Et la mort n’aura pas d’empire.
    Les morts nus ne feront plus qu’un
    Avec l’homme dans le vent et la lune d’ouest.
    Quand leurs os becquetés seront propres, à leur place
    Ils auront des étoiles au coude et au pied.
    Même s’ils deviennent fous ils seront guéris,
    Même s’ils coulent à pic ils reprendront pied
    Même si les amants s’égarent l’amour demeurera
    Et la mort n’aura pas d’empire.

    Et la mort n’aura pas d’empire.
    Gisant de tout leur long dans les dédales
    De la mer ils ne mourront pas dans les vents.
    Se tordant sur des chevalets quand céderont les muscles,
    Ligotés sur une roue, ils ne se briseront pas.
    La foi dans leurs mains cassera net,
    Les démons unicornes les transperceront.
    Fendus de toutes parts ils ne craqueront pas
    Et la mort n’aura pas d’empire.

    Et la mort n’aura pas d’empire.
    Ils n’entendront peut-être plus les cris des mouettes
    Ni le déferlement des vagues sur les rives.
    Là où s’ouvrait une fleur, peut-être qu’aucune fleur
    Ne montrera sa tête aux rafales de la pluie.
    Même s’ils sont fous et morts, tout à fait morts
    Leurs têtes comme des marteaux enfonceront les marguerites,
    S’ouvriront au soleil jusqu’au dernier jour du soleil
    Et la mort n’aura pas d’empire.

     

     

     

     

  • Michel Baglin

     

     

    Cette vie, l’inventer
    contre l’usure des mots,
    les lèvres trop prudentes,
    les gestes étriqués 
    et les rêves falots
    qui nous lient dans l’attente.
    L’inventer à propos,
    puisque le cœur réclame
    un peu plus de vertige,
    un peu plus d’état d’âme
    et que le chant exige
    et la langue et la peau.


    in De chair et de mots

     

     

  • Martin Caparrós

     

    En 1880, un journaliste militant du nom de William Stead est engagé comme rédacteur en chef d’un journal anglais du soir à tendance conservatrice appelé Pall Mall Gazette. Stead le transformerait du tout au tout. Sa mission, écrivait-il, consisterait à « œuvrer pour la régénération sociale du monde ». Pour ce faire, il produisait des récits vivants, écrits à la première personne dans une langue simple et presque violente, illustrés de dessins, plans, cartes, photos, grands titres, qui racontaient des histoires d’individus des plus misérables. Son plus grand succès est une série sur la traite des blanches qu’il intitula «  The Maiden Tribute of Modern Babylon.  Pour expliquer comment fonctionnait la vente de fillettes aux bordels londoniens, il organisa, moyennant la somme de cinq livres, l’achat d’une fille de treize ans pour la prostituer. La série fit grimper le tirage du journal à 120 000 exemplaires ; grâce à sa répercussion, le Parlement anglais décida de porter l’âge de la majorité sexuelle de 13 à 15 ans. En même temps, Stead serait jugé et condamné à trois mois de prison pour l’achat de la mineure.

     

    in La faim

     

     

     

  • Emily Dickinson

     

    We never know we go - when we are going -
    We jest and shut the door
    Fate following behind us bolts it
    And we accost no more.

     

    On ne sait jamais qu'on part - quand on part -
    On plaisante, on ferme la porte
    Le destin qui suit derrière nous la verrouille
    Et jamais plus on n'aborde.

     

     

     

  • Jacques Prével

    C’est comme un être qui se revendique en moi tout à coup
    Avec une violence déchaînée qui me renverse
    À l’intérieur d’une nuit obtuse et chaotique
    Où je crie parce que l’on m’égorge
    Il me semble que je suis décapé et creusé par des morts sans nombre
    Qui auraient passé sur moi avec la violence d’un torrent gonflé
    Par un orage lourd de toutes mes larmes accumulées
    Dans la déflagration de mes cris de détresse

     

    in Poèmes pour toute mémoire

     

     

     

  • Marc Tison

     

    Je ne descends plus des grands singes

    La lignée est éteinte

    Exterminée dans les salons climatisés des banques d’investissement

    Je n’enfante plus des gens sauvages

    Mon sperme est défolié, il est minable et minuscule

     

     

    in des nuits au mixer