Sarah Lecina
Et tu es comme un drap bleu
J’aimerais m’enrouler dans ta lumière
in Retentir
in Traction Brabant 87
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Et tu es comme un drap bleu
J’aimerais m’enrouler dans ta lumière
in Retentir
in Traction Brabant 87
J’écoute mourir
et remourir
la mer
mais la mer est
toujours là
qui veut mourir
en épousant
l’horizon
Je vois paraître
et reparaître
l’étoile
mais le ciel est
toujours là
qui veut
disparaître et se
jeter dans le
vide
Je sens passer et
repasser les
jours
et rien jamais ne
me lasse
de cette mort
qui ne peut pas
"Quand c’est dallé, ça tinte sous la botte en phonolithe, par endroit fondu profond, du brut d’impact, ou les cratères qui se décalent qui baissent qui montent ? Je sens par instant fondre le verre qui sépare réel/irréel et je perds du repère, trop pour ne pas me marrer… et vouloir aller au bout… si massif, viril, tout ici, dans le pétrifié solide, en même temps vapeur et plume… de chez fluctue… nous nous enfonçons dans le Dehors… ça j’ai vu… droit devant… que le danger est plus palpable, plus excitant, now. De la baie écrasée…. Cette terre rouge profonde… Cette brume de mandarine évaporée… d’orange brûlée…
(…)
Le sable, maintenant étale, s’était tu… et elle s’était levée. Sa silhouette animale flamboyait debout, son corps serti dans un mur d’étoiles, avec sa poitrine de haute pomme, qui les provoquait en silence. Vénus. Elle ne bougeait pour ainsi dire plus, altière à l’égale d’une statue, mais son marbre avait des frissonnements de fauve, seulement perceptible à ce que frémissait ses seins et le creux de son ventre sous l’afflux d’air qui l’emplissait.
(…)
Le Dehors ne pouvait appartenir à quiconque et le gouvernement lui-même n’avait jamais songé à se l’approprier. Trop immense, trop changeant, trop violent : ingérable. Une vraie sauvagerie de rocs, d’éclats d’aérolithes er de cratères brisés à coup de météores, avec des dalles saignées au sable sec, des collines brutes striées au râteau des vents cosmiques et, face au ciel, les crêtes déchiquetées d’amoniac et de gel. Espace perdu… le Dehors était irrécupérable : à cause des ouragans cosmiques, à cause des pluies de météores incessantes, à cause des vapeurs de nox…
(…)
Je me suis fixé une règle, sans m’en rendre compte : chaque fois que j’aurais une idée ou une conviction, il fallait que je l’expérimente. Que je fasse ce que je pensais. Ne plus déplacer des Cubes et des civilisations dans le cosmos, mais agir chaque pensée, aussi minime soit-elle, la confronter à la résistance de la matière, affronter son mouvement à la pesanteur des choses et des gens. Terribles les gens… Plus lourds parfois que des fûts.
(…)
Nous en avons fini avec les révolutions culbuto qui remettent sur leurs pieds ce qu’elles renversent, parce-que, ne l’ayant jamais conquise, elles rêvaient de la liberté comme d’un ciel lorsqu’il nous faut apprendre — nous — à la vivre en tant que sol. La révolution, c’est un quotidien qui vibre."
« Tu crois pouvoir écraser cette chenille ?
Bien, c’est fait : ce n’était pas difficile.
Bien maintenant, refais la chenille. »
elles sombrent jaillissent
trente tonnes de graisse
de grâce
saluent le ciel replongent
in Ma Patagonie
Je m’efforçais de revoir ses cheveux flottants
estompés dans le décor,
résille d’astres
subtil réseau de la nuit dépeignée…
in Aveux non avenus, 1930
Nous ne devons pas oublier que la violence, malheureusement nécessaire pour résister à la violence, ne sert à édifier rien de bon, qu’elle est l’ennemie naturelle de la liberté, l’accoucheuse de la tyrannie, et que par conséquent elle doit être contenue dans les limites les plus strictes de la nécessité.
J’ai des gouttes à l’intérieur. J’ai figé mon visage en glace. Je suis une machine de guerre. Je suis insensible. Je m’avale toute crue. Ce n’est pas beau à voir.
In Traction Brabant 87
Et quand tu sors, vieux dieu, grelottant sous tes toiles
D’emballage, l’aurore est un lac de vin d’or
Et tu jures avoir au gosier les étoiles !
in Aumône
Demande au veilleur là-haut
sur sa branche
parmi les lucioles
dans la braise des mots
dans le presque rien d’écrire
il sait – lui- l’attardé
que son aujourd’hui
dorsale de l’ailleurs
n’a pas d’autre horizon que sa langue
où l’éclair se dénude
in Sur la table inventée
Ambition: vivre sans tuteur, fût-on de l’espèce végétale.
Placer son idéal en soi même, à l’abri des intempéries.
in Aveux non avenus, 1930
Car mes conseils ne sont pas comme tes conseils, ni mes voies comme tes voies, dit le Seigneur
Car comme les cieux sont exaltés au-dessus de la terre, mes voies sont exaltées au-dessus de tes voies, et mes pensées au-dessus de tes pensées
et parfois, même seul-e-s, on se retrouve, malgré soi
avec plusieurs bouches
plusieurs fois plusieurs yeux
nous n’arrêtons jamais de nous rencontrer
de nous entremêler
de nous compléter
de nous solidariser
de nous arrimer
de nous rendre libre ensemble
de nous aimer
dans les villes, les jours, les nuits
dans les forêts
nous sommes plusieurs
même éloignés les un-e-s des autres
nous sommes plusieurs
nous serons plusieurs, toujours
et nous continuerons à nous faire passer
des casse-têtes
in Pour Daniela Carrasco
In Traction Brabant 87
des ombres furtives tissaient d’étranges besognes
I'm nobody ! Who are you?
Are you nobody, too?
Then there's a pair of us — don't tell!
They'd banish us, you know.