Claude Cahun (Lucy Schwob)
Je m’efforçais de revoir ses cheveux flottants
estompés dans le décor,
résille d’astres
subtil réseau de la nuit dépeignée…
in Aveux non avenus, 1930
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Je m’efforçais de revoir ses cheveux flottants
estompés dans le décor,
résille d’astres
subtil réseau de la nuit dépeignée…
in Aveux non avenus, 1930
Nous ne devons pas oublier que la violence, malheureusement nécessaire pour résister à la violence, ne sert à édifier rien de bon, qu’elle est l’ennemie naturelle de la liberté, l’accoucheuse de la tyrannie, et que par conséquent elle doit être contenue dans les limites les plus strictes de la nécessité.
J’ai des gouttes à l’intérieur. J’ai figé mon visage en glace. Je suis une machine de guerre. Je suis insensible. Je m’avale toute crue. Ce n’est pas beau à voir.
In Traction Brabant 87
Et quand tu sors, vieux dieu, grelottant sous tes toiles
D’emballage, l’aurore est un lac de vin d’or
Et tu jures avoir au gosier les étoiles !
in Aumône
Demande au veilleur là-haut
sur sa branche
parmi les lucioles
dans la braise des mots
dans le presque rien d’écrire
il sait – lui- l’attardé
que son aujourd’hui
dorsale de l’ailleurs
n’a pas d’autre horizon que sa langue
où l’éclair se dénude
in Sur la table inventée
Ambition: vivre sans tuteur, fût-on de l’espèce végétale.
Placer son idéal en soi même, à l’abri des intempéries.
in Aveux non avenus, 1930
Car mes conseils ne sont pas comme tes conseils, ni mes voies comme tes voies, dit le Seigneur
Car comme les cieux sont exaltés au-dessus de la terre, mes voies sont exaltées au-dessus de tes voies, et mes pensées au-dessus de tes pensées
et parfois, même seul-e-s, on se retrouve, malgré soi
avec plusieurs bouches
plusieurs fois plusieurs yeux
nous n’arrêtons jamais de nous rencontrer
de nous entremêler
de nous compléter
de nous solidariser
de nous arrimer
de nous rendre libre ensemble
de nous aimer
dans les villes, les jours, les nuits
dans les forêts
nous sommes plusieurs
même éloignés les un-e-s des autres
nous sommes plusieurs
nous serons plusieurs, toujours
et nous continuerons à nous faire passer
des casse-têtes
in Pour Daniela Carrasco
In Traction Brabant 87
des ombres furtives tissaient d’étranges besognes
I'm nobody ! Who are you?
Are you nobody, too?
Then there's a pair of us — don't tell!
They'd banish us, you know.
Comme je dis souvent : il est urgent d’attendre.
Sancho à Don Quichotte
in L'Homme de la Mancha
En exagérant un peu, dans les états totalitaires, c’est le pouvoir à la tête de l’État qui décide de la ligne du parti. Et chacun doit alors y adhérer et s’y soumettre. C’est différent dans les sociétés démocratiques. La ligne du parti n’est jamais énoncée comme telle, elle est sous-entendue. C’est dans ces présupposés qu’il pourra y avoir un débat passionné, mais qui se limitera à ce cadre précis. Dans les sociétés démocratiques, la ligne est comme l’air qu’on respire, elle est sous-entendue… Du coup elle donne l’impression qu’il y a un débat très vigoureux. C’est très efficace comme système et ça marche beaucoup mieux que dans les systèmes totalitaires.
in Chomsky & Cie
Elle dit qu'elle est née dans le rire d'une explosion d'étoile.
Elle dit que nous sommes des acteurs timides
et des spectateurs aveugles.
Elle dit qu'elle voudrait être une statue de Camille Claudel
ou un tableau de Séraphine de Senlis.
Elle dit que l'horizon est un trait de plume d'ange.
Être pauvre, c’est aussi vivre avec cette sensation perpétuelle d’incomplétude : ne pouvant obtenir qu’une infime partie de ce que l’on pense devoir obtenir, de ce dont on a besoin. Tous les efforts des publicitaires, des experts en marketing, des grands commerciaux des pays riches consistent à reproduire cette sensation chez les consommateurs : que le monde est rempli de choses que l’on désire et que l’on n’a pas encore. Transformer les riches en pauvres à qui il manque toujours quelque chose.
in La faim
Je rêve que ce virus soit le point de butée
où trébuche notre civilisation du déni permanent.