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CITATIONS - Page 44

  • Bakhtiar Ali

     

    je n’avais rien tenu d’autre dans mes mains qu’un fusil. Ce qui était important pour moi, c’était de tirer sur le monde depuis quelque part. Je ne savais pas pourquoi je faisais la guerre, je ne savais pas qui faisait la guerre, je ne savais pas qui je tuais ni qui me tuait… Mais rien de tout cela n’était important. Ce qui était important, c’était que je tire sur le monde depuis quelque part. (…) J’étais aussi sale que les guerres que je faisais.

     

    in Le dernier grenadier du monde

     

     

     

  • André Velter

     

    L’espace nous est donné sans limites. Je ne parle pas de la caverne aux étoiles mais des lointains sur terre où sont nos équipages, de ce désir à perte de vue qui a goût de poussière, de pierre à feu, qui a goût d’autre temps et de sueur mêlés.

    L’instant nous est donné sans partage. Je ne parle pas du sablier jeté contre le mur mais du réel soudain plus vaste dans une herbe qui tremble, sous le sabot d’un cheval, au fond d’un puits saturé de sel.

    L’inconnu nous est donné sans crainte. Je ne parle pas de vallées invisibles mais de rendez-vous dévoilés, volés à l’insomnie du jour, à la carapace de miroirs rouillés pour éclairer le grand rythme du cœur...

     

     

     

     

     

  • Michel Baglin

     

    Cette vie, la porter
    jusqu’à l’incandescence
    comme un bouquet fragile
    d’étincelles sauvées
    dont seul l’éclair fertile
    aurait un peu de sens.
    La porter comme un feu
    au temps des hommes nus,
    comme un noyau de braises
    à transmettre à tous ceux
    qui refont la genèse
    en paradis perdu.


    Michel Baglin in De chair et de mots

     

     

     

  • Debra Bernier

    Debra Bernier d.jpg

     

    Sorcières, meneuses de nuées, batteuses d’eau

    Panseuses de secret, remégeuses, rebouteuses

     

    Le serpent lové dessine un sein

    Femme, terre, serpent

    Maudite par l’homme

     

    cg in Universelle

     

     

     

     

  • Michel Baglin

    Cette vie, la jouer
    un peu de jazz au ventre
    pour panser la blessure
    et que l’eau du large entre
    délayer la saumure
    des sanglots ravalés.
    La jouer triomphante, 
    s’il le faut contre nous
    quand la peur nous défait,
    mais n’oublier jamais
    cet abîme au-dessous
    des ailes qu’on s’invente.

     

    in De chair et de mots

     

     

     

  • Michel Baglin

     

     

    Cette vie, l’agrandir
    par le corps réveillé,
    l’infini paysage
    qui nourrit le désir
    de trouver un passage
    et de reprendre pied.
    L’agrandir par la mer,
    par la vague et par l’aile,
    par la voile et le vent.
    L’inventer fraternelles
    par les yeux grands ouverts
    qui nous font plus présents.

     

    in De chair et de mots


     

     

  • Andreï Tarkovski

     

    Nous sommes crucifiés dans une seule dimension, quand l'univers, lui, est multidimensionnel. Nous le sentons et souffrons de ne pouvoir connaître la vérité. Mais connaître n'est pas nécessaire. Ce qu'il faut, c'est aimer. Et croire. Car la foi, c'est la connaissance par l'amour.

     

     

     

  • Amadou Hampâté Bâ

     

    Puis vint le règne des chambres de commerce (celle du Haut-Sénégal-Niger fut fondée en 1913 à Bamako). Alors seulement apparu l’exploitation systématique des populations sur une grande échelle, l’instauration des cultures obligatoires, l’achat des récoltes à bas prix, et surtout le travail forcé pour réaliser les grands travaux destinés à faciliter l’exploitation des ressources naturelles et l’acheminement des marchandises. Le commerce européen s’empara des marchés : les chambres de commerce de Bordeaux et de Marseille établirent des succursales en Afrique ; des maisons spécialisées s’installèrent dans les principales villes du pays. C’est à cette époque que débuta ce que l’on peut appeler “colonisation économique”, servie par l’infrastructure administrative qui, de bon ou de mauvais gré, devait faire exécuter les ordres venus de plus haut. Certains commandants de cercle, en effet, rejetons de la vieille noblesse française ou épris d’un idéal  “civilisateur”, ne voyaient pas d’un bon œil l’empire grandissant des chambres de commerce locales et répugnaient à servir leurs ambitions ; mais qu’il s’agisse de la levée des impôts ou des récoltes obligatoires, force leur fut de s’incliner.

    (…) Le schéma était le suivant.

    Selon les besoins des industries métropolitaines (industries textiles, oléagineuses ou autres), le ministre des Colonies, saisit par les chambres de commerce françaises, transmettait les desiderata de ces dernières au Gouverneur général de l’AOF (Afrique occidentale française) ou de l’AEF (Afrique équatoriale française). En concertation avec les gouverneurs locaux, une répartition des matières premières à livrer était établie entre les différents territoires, puis entre les cercles ; au bout du circuit, les chefs de canton recevaient de leur commandant de cercle l’ordre de fournir, selon les régions concernées, tant de tonnes d’arachides, de kapok, de coton ou de latex, ordre qu’ils répercutaient eux-mêmes aux chefs de village. Les paysans devaient livrer les quantités demandées, quitte à négliger leurs propres cultures vivrières.

    Pour faciliter les livraisons, on créa le système des “foires périodiques”. Les paysans devaient y amener leurs produits souvent de fort loin, à leurs frais, la plupart du temps à dos d’homme, et pour un prix d’achat dérisoire. Ce prix était en effet fixé par les chambres de commerce locales, qui fixait également les prix de vente des produits manufacturés…

     

     

    in Oui mon commandant !

     

     

     

  • Achille Mbembe

     

    Puisque c’est d’elle dont nous esquissons ici le procès, la tyrannie aura causé chez nous d’incalculables dégâts, à commencer par la prolifération des maladies et blessures du cerveau. Couplée au racisme, elle aura multiplié des corps boursouflés, bourrés de cicatrices, des esprits affaiblis et en quête permanente d’échappatoires. Appelons-cela la lobotomisation des esprits, par quoi il faut entendre l’émoussement de la raison et du sens commun, l’anesthésie des sens, la confusion entre le désir, le besoin et le manque, l’annihilation de tout désir autre que le désir sado-masochiste, la compulsion sadique, faut-il préciser, et sa charge de répétition, d’obéissance spontanée et d’imitation servile. (...) C’est peut-être, précisément, ce à quoi les fugitifs veulent tourner le dos – à ces salons psychiatriques que sont devenues les ex-colonies françaises d’Afrique. Ils en ont marre de se faire intoxiquer par la gamme de poisons qui servent désormais de breuvage à tous. Les fuyards veulent oublier la guerre tribale, les mains coupées, les rackets à tous les coins de rue, le policier qui se mue en plein jour en bandit et ponctionne la population, la prédation et la corruption, la botte sur la nuque, ces hyènes qui ricanent en pleine séance de torture, ces phallus gigantesques et hauts comme des pylônes et pour lesquels rien n’est inviolable, ces prisons infectes et remplies d’asticots où l’on dépouille les innocents et d’où l’on fait gémir toutes sortes de trompes, le carnaval des instincts

     

     

    in De la post-colonie

     

    Achille Mbembe, historien, enseigne l'histoire et les sciences politiques à l'université du Witwatersrand (Afrique du Sud) et à l’université de Duke (États-Unis).

     

     

     

     

  • Michel Baglin

     

    Cette vie, l’enchanter
    d’un sourire entrevu,
    de ces bonheurs fortuits
    du passant amusé
    et des odeurs cueillies
    par hasard dans la rue.
    L’enchanter à l’envie,
    à petits coups de cœur,
    à petits coups de chance,
    en quêtant l’âme sœur
    ou la clarté d’enfance
    dans un regard surpris.

    in  De chair et de mots