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CITATIONS - Page 44

  • Amadou Hampâté Bâ

     

    Puis vint le règne des chambres de commerce (celle du Haut-Sénégal-Niger fut fondée en 1913 à Bamako). Alors seulement apparu l’exploitation systématique des populations sur une grande échelle, l’instauration des cultures obligatoires, l’achat des récoltes à bas prix, et surtout le travail forcé pour réaliser les grands travaux destinés à faciliter l’exploitation des ressources naturelles et l’acheminement des marchandises. Le commerce européen s’empara des marchés : les chambres de commerce de Bordeaux et de Marseille établirent des succursales en Afrique ; des maisons spécialisées s’installèrent dans les principales villes du pays. C’est à cette époque que débuta ce que l’on peut appeler “colonisation économique”, servie par l’infrastructure administrative qui, de bon ou de mauvais gré, devait faire exécuter les ordres venus de plus haut. Certains commandants de cercle, en effet, rejetons de la vieille noblesse française ou épris d’un idéal  “civilisateur”, ne voyaient pas d’un bon œil l’empire grandissant des chambres de commerce locales et répugnaient à servir leurs ambitions ; mais qu’il s’agisse de la levée des impôts ou des récoltes obligatoires, force leur fut de s’incliner.

    (…) Le schéma était le suivant.

    Selon les besoins des industries métropolitaines (industries textiles, oléagineuses ou autres), le ministre des Colonies, saisit par les chambres de commerce françaises, transmettait les desiderata de ces dernières au Gouverneur général de l’AOF (Afrique occidentale française) ou de l’AEF (Afrique équatoriale française). En concertation avec les gouverneurs locaux, une répartition des matières premières à livrer était établie entre les différents territoires, puis entre les cercles ; au bout du circuit, les chefs de canton recevaient de leur commandant de cercle l’ordre de fournir, selon les régions concernées, tant de tonnes d’arachides, de kapok, de coton ou de latex, ordre qu’ils répercutaient eux-mêmes aux chefs de village. Les paysans devaient livrer les quantités demandées, quitte à négliger leurs propres cultures vivrières.

    Pour faciliter les livraisons, on créa le système des “foires périodiques”. Les paysans devaient y amener leurs produits souvent de fort loin, à leurs frais, la plupart du temps à dos d’homme, et pour un prix d’achat dérisoire. Ce prix était en effet fixé par les chambres de commerce locales, qui fixait également les prix de vente des produits manufacturés…

     

     

    in Oui mon commandant !

     

     

     

  • Achille Mbembe

     

    Puisque c’est d’elle dont nous esquissons ici le procès, la tyrannie aura causé chez nous d’incalculables dégâts, à commencer par la prolifération des maladies et blessures du cerveau. Couplée au racisme, elle aura multiplié des corps boursouflés, bourrés de cicatrices, des esprits affaiblis et en quête permanente d’échappatoires. Appelons-cela la lobotomisation des esprits, par quoi il faut entendre l’émoussement de la raison et du sens commun, l’anesthésie des sens, la confusion entre le désir, le besoin et le manque, l’annihilation de tout désir autre que le désir sado-masochiste, la compulsion sadique, faut-il préciser, et sa charge de répétition, d’obéissance spontanée et d’imitation servile. (...) C’est peut-être, précisément, ce à quoi les fugitifs veulent tourner le dos – à ces salons psychiatriques que sont devenues les ex-colonies françaises d’Afrique. Ils en ont marre de se faire intoxiquer par la gamme de poisons qui servent désormais de breuvage à tous. Les fuyards veulent oublier la guerre tribale, les mains coupées, les rackets à tous les coins de rue, le policier qui se mue en plein jour en bandit et ponctionne la population, la prédation et la corruption, la botte sur la nuque, ces hyènes qui ricanent en pleine séance de torture, ces phallus gigantesques et hauts comme des pylônes et pour lesquels rien n’est inviolable, ces prisons infectes et remplies d’asticots où l’on dépouille les innocents et d’où l’on fait gémir toutes sortes de trompes, le carnaval des instincts

     

     

    in De la post-colonie

     

    Achille Mbembe, historien, enseigne l'histoire et les sciences politiques à l'université du Witwatersrand (Afrique du Sud) et à l’université de Duke (États-Unis).

     

     

     

     

  • Michel Baglin

     

    Cette vie, l’enchanter
    d’un sourire entrevu,
    de ces bonheurs fortuits
    du passant amusé
    et des odeurs cueillies
    par hasard dans la rue.
    L’enchanter à l’envie,
    à petits coups de cœur,
    à petits coups de chance,
    en quêtant l’âme sœur
    ou la clarté d’enfance
    dans un regard surpris.

    in  De chair et de mots

     

     

     

     

  • René de Obaldia


    Charité des étoiles
    sur nos souffrances de pain blanc
    et sur le pain des mots qui vivent si longtemps
    et sur le pain des mains à caresser le sang
    et sur les animaux qui boivent nos sommeils
    et sur tous nos sommeils en forme d'animaux
    et sur la terre à bercer les enfants
    et sur les femmes en musique éternellement
    et sur les hommes qui se tuent
    Charité des étoiles
    pures danseuses nues…

    in Sur le ventre des veuves

     

     

     

  • Djalâl-ud-Dîn-Rûmi

     

    Renonce à toute idée, et que ton cœur entier soit pur, comme la face d’un miroir sans image, ni dessin. Devenu pur de toute image, toutes les images y sont contenues. Si les coups reçus t’exaspèrent, comment deviendras-tu un clair miroir sans avoir été poli ? 

     

     

     

  • Noam Chosmky

     

    On ne peut plus contrôler les gens par la force. Ainsi, pour ne pas qu’ils se rendent comptent qu’ils vivent dans des conditions d’aliénation, d’oppression, de subordination etc., il est nécessaire de modifier leur conscience.

     

     

  • Noam Chomsky

     

    Le tableau du monde présenté aux gens n’a pas la plus petite relation avec la réalité, car la vérité sur la moindre affaire est enterrée sous des montagnes de mensonges.

     

     

     

  • Noam Chomsky

     

    A maints égards, certes, la société états-unienne est ouverte et les valeurs libérales y sont honorées. Toutefois, comme les pauvres, les Noirs et les membres des autres minorités ethniques ne le savent que trop, le vernis libéral est très mince. Comme l’a écrit Mark Twain, “c’est par la bonté de Dieu que notre pays dispose de trois choses infiniment précieuses : la liberté de parole, la liberté de conscience et la prudence de ne pratiquer aucune des deux”. Ceux à qui cette prudence fait défaut pourraient bien en payer le prix.

    in Quel rôle pour l’État ?

     

     

  • Noam Chomsky

     

    Un corollaire de la mondialisation de l’économie, c’est l’implantation chez nous de traits caractéristiques du tiers-monde : la dérive constante vers une société à deux vitesses dans laquelle de vastes secteurs sont devenus inutiles à l’accroissement de la richesse des privilégiés. Encore plus que par le passé, il faut contrôler la canaille tant idéologiquement que physiquement, l’empêcher de s’organiser et d’échanger des idées, condition préalable à toute pensée constructive et à toute action sociale.

     

    in L’An 501, la conquête continue, 1993