Prosper Mérimée
En close bouche n'entre point
mouche.
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En close bouche n'entre point
mouche.
Et pourquoi pas la joie ?
Au milieu de nos villes escaliers
Où les murs de parpaings suent du béton,
Où les fils électriques dessinent, sur les toits, des ciels d’araignées,
Et pourquoi pas la joie?
Le temps d’une corde à sauter qui fait tourner le monde,
D’un ballon fatigué qui court de jambes en jambes
Et soulève la pauvreté dans les cris d’enfant,
Et pourquoi pas la joie ?
Les pieds dans l’immondice
Mais le regard droit.
C’est notre vie,
Et nous ne pourrons pas la mener tout entière dos plié,
Regard soumis.
Tu es née du ravage, fille,
Les coups de bâton sur nos barrages en bois ont célébré ta venue au monde
Et rien n’a changé, depuis,
Mais pourquoi pas la joie ?
in De sang et de lumière (2017)
Elle l’aime, elle veut le protéger, elle s’enchaîne, s’identifie à lui, elle s’oublie…
et quand elle se retrouve, c’est à chaque fois trop violent.
cg, 1993
Et le cœur grésille
Châtaigne éclatée
Sur le brasier roux du monde
Qui tremble et meurt
Chemins à vif
Demain
Dans la chair mauve des collines
La lumière rassemble ses derniers troupeaux
L'écrou du jour se resserre
Les villages là-bas sont des îles en sang
Des échos qui fument
En moi descend
Déjà déployé
Vers les eaux profondes
Le lent filet
Du silence
Une fois, une seule, aimable et douce femme,
À mon bras votre bras poli
S'appuya (sur le fond ténébreux de mon âme
Ce souvenir n'est point pâli) ;
Il était tard ; ainsi qu'une médaille neuve
La pleine lune s'étalait,
Et la solennité de la nuit, comme un fleuve,
Sur Paris dormant ruisselait.
Et le long des maisons, sous les portes cochères,
Des chats passaient furtivement,
L'oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,
Nous accompagnaient lentement.
Tout à coup, au milieu de l'intimité libre
Éclose à la pâle clarté,
De vous, riche et sonore instrument où ne vibre
Que la radieuse gaieté,
De vous, claire et joyeuse ainsi qu'une fanfare
Dans le matin étincelant,
Une note plaintive, une note bizarre
S'échappa, tout en chancelant
Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde,
Dont sa famille rougirait,
Et qu'elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,
Dans un caveau mise au secret.
Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde :
" Que rien ici-bas n'est certain,
Et que toujours, avec quelque soin qu'il se farde,
Se trahit l'égoïsme humain ;
Que c'est un dur métier que d'être belle femme,
Et que c'est le travail banal
De la danseuse folle et froide qui se pâme
Dans un sourire machinal ;
Que bâtir sur les cœurs est une chose sotte ;
Que tout craque, amour et beauté,
Jusqu'à ce que l'Oubli les jette dans sa hotte
Pour les rendre à l'Éternité ! "
J'ai souvent évoqué cette lune enchantée,
Ce silence et cette langueur,
Et cette confidence horrible chuchotée
Au confessionnal du cœur
Confession in Les Fleurs du mal
La véritable prison n’est pas tant celle qui sépare l’homme des autres hommes, mais surtout celle qui sépare l’homme des profondeurs de la vie, qui sépare l’homme de l’existence dans son sens profond.
in Le dernier grenadier du monde
Chaque jour je rends grâce à cet amour qui m’envahit,
Qui d’un même élan m’exile et me sauve. Rien ne lui échappe :
Aucun lieu, aucun être, aucun sentiment, aucun projet, aucune récréation.
Prisonnier sur parole qui ne fait plus la part de la chance ni celle de la malédiction, j’explore une commotion féroce que je n’entends pas apprivoiser. Je garde la rage au corps, et pas seulement aux dents et au cœur. Je vais sans doute l’âme à l’envers.
in L’amour extrême
Je n’avais pas la force de parler avec les gens, je ne m’intéressais plus à leurs mots,
à leurs actes et à leurs manières mais à leur âme.
in Le dernier grenadier du monde
L'obscurité est un lieu, la lumière est une route.
Le chat est la sentinelle de l'invisible.
Un homme marche dans les feuilles,
non loin du pavillon. Il se déplace si
lentement, avec tant de précautions
qu’il ne s’aperçoit pas qu’un arbre le
suit.
in L'homme qui penche
Au milieu de moi tu bats
ô toi qui me noues au jour.
in Herbes à la lune - 1935
Il y a une solitude de l’espace
Une solitude de la mer
Une solitude de la Mort, mais toutes
Sont société
Comparées à ce lieu plus profond
Cette intimité polaire
D’une âme se visitant elle-même