Henri Bergson
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Le ventre est encore fécond,
D'où a surgi la bête immonde.
in La Résistible Ascension d'Arturo Ui, 1941
Je buvais pour noyer ma peine
mais cette garce a appris à nager.
nous pleurons,
nous pissons,
nous chions,
nous saignons,
le bas des immeubles s’effrite sous un battement de paupière,
les dunes s’abattent comme des automnes sur des vies
plus pauvres qu’un sablier de verre bâti dans une bouteille
en plastique tranchée.
et on ne nous apprend pas
la terreur d’un homme seul entretenant une plante séchée
dans la condamnation éternelle
d’une honte privatisée.
non,
nous ne sommes pas heureux.
nous pleurons,
nous pissons,
nous chions,
nous saignons.
À trop fréquenter le monde
On devient un ramassis de
Ce que l’on est pas
in Traction Brabant 87
C'était passerose et ras de ruines j'allais vers toi
remonter l'en haut tirait doucement d'abord
par les yeux
tout cet enfer de tranquillité saoûlerie de solitude
pour un arbre je ne sais pas quelque chose comme
bourgeon avant terme éclaté
branche fourrée de fourmis
feuille
méprisée lors de la cassure du froid
un ressuiement
de terre tôt dégelée
un arbre juste un arbre
inqualifiable
lacis noir gris de fond de pluie
et toi innommée inaperçue ma vieille usure
ma peau de petitesse
l'extase de vivre
malade minable rouillé roulé par les rues
comme une boîte de conserve à la bouche ébréchée
de vivre un peu à peine ce petit reste croûton de pain
séché blêmi fade ton visage de laideur qu'un arbre là
aimait sans rien dire
et je viens les yeux fermés
où tu étais venue
je viens me souvenir
avec des douleurs réapprises
aux épaules
je viens comme un matou de nuit
rôdeur parmi les
détritus
c'est toi que je trouve grise cernée de folie
vigne tombante contre un mur de briques
et cela aussi près de l'en dessous cette splendeur
de bric-à-brac de broche à foin
est
le plus pur amour
L’idée basique qui traverse l’histoire moderne et le libéralisme moderne, c’est que le public doit être marginalisé. Le public en général est simplement vu comme un groupe d’ignorants exclus qui interfèrent, tels des brebis égarées.
La poésie n'est pas un monument. C'est une ligne rapide et inattendue, un coup de massue dans un mur, un coup de couteau dans la toile de l'indifférence, c'est la frontière qui file, qui file, qui défile, c'est le dessous du volcan, bouillant et fumant, toujours en mouvement. C'est la danse, le cri, le corps. La poésie, c'est la vie. Celui qui fait du texte un monument est un meurtrier : il emmure un corps vivant.
La poésie
n'est pas
un monument.
in Your mind is a nightmare that has been eating you : now eat your mind
Et tu es comme un drap bleu
J’aimerais m’enrouler dans ta lumière
in Retentir
in Traction Brabant 87
J’écoute mourir
et remourir
la mer
mais la mer est
toujours là
qui veut mourir
en épousant
l’horizon
Je vois paraître
et reparaître
l’étoile
mais le ciel est
toujours là
qui veut
disparaître et se
jeter dans le
vide
Je sens passer et
repasser les
jours
et rien jamais ne
me lasse
de cette mort
qui ne peut pas
"Quand c’est dallé, ça tinte sous la botte en phonolithe, par endroit fondu profond, du brut d’impact, ou les cratères qui se décalent qui baissent qui montent ? Je sens par instant fondre le verre qui sépare réel/irréel et je perds du repère, trop pour ne pas me marrer… et vouloir aller au bout… si massif, viril, tout ici, dans le pétrifié solide, en même temps vapeur et plume… de chez fluctue… nous nous enfonçons dans le Dehors… ça j’ai vu… droit devant… que le danger est plus palpable, plus excitant, now. De la baie écrasée…. Cette terre rouge profonde… Cette brume de mandarine évaporée… d’orange brûlée…
(…)
Le sable, maintenant étale, s’était tu… et elle s’était levée. Sa silhouette animale flamboyait debout, son corps serti dans un mur d’étoiles, avec sa poitrine de haute pomme, qui les provoquait en silence. Vénus. Elle ne bougeait pour ainsi dire plus, altière à l’égale d’une statue, mais son marbre avait des frissonnements de fauve, seulement perceptible à ce que frémissait ses seins et le creux de son ventre sous l’afflux d’air qui l’emplissait.
(…)
Le Dehors ne pouvait appartenir à quiconque et le gouvernement lui-même n’avait jamais songé à se l’approprier. Trop immense, trop changeant, trop violent : ingérable. Une vraie sauvagerie de rocs, d’éclats d’aérolithes er de cratères brisés à coup de météores, avec des dalles saignées au sable sec, des collines brutes striées au râteau des vents cosmiques et, face au ciel, les crêtes déchiquetées d’amoniac et de gel. Espace perdu… le Dehors était irrécupérable : à cause des ouragans cosmiques, à cause des pluies de météores incessantes, à cause des vapeurs de nox…
(…)
Je me suis fixé une règle, sans m’en rendre compte : chaque fois que j’aurais une idée ou une conviction, il fallait que je l’expérimente. Que je fasse ce que je pensais. Ne plus déplacer des Cubes et des civilisations dans le cosmos, mais agir chaque pensée, aussi minime soit-elle, la confronter à la résistance de la matière, affronter son mouvement à la pesanteur des choses et des gens. Terribles les gens… Plus lourds parfois que des fûts.
(…)
Nous en avons fini avec les révolutions culbuto qui remettent sur leurs pieds ce qu’elles renversent, parce-que, ne l’ayant jamais conquise, elles rêvaient de la liberté comme d’un ciel lorsqu’il nous faut apprendre — nous — à la vivre en tant que sol. La révolution, c’est un quotidien qui vibre."
« Tu crois pouvoir écraser cette chenille ?
Bien, c’est fait : ce n’était pas difficile.
Bien maintenant, refais la chenille. »
elles sombrent jaillissent
trente tonnes de graisse
de grâce
saluent le ciel replongent
in Ma Patagonie
Je m’efforçais de revoir ses cheveux flottants
estompés dans le décor,
résille d’astres
subtil réseau de la nuit dépeignée…
in Aveux non avenus, 1930