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CITATIONS - Page 38

  • Arthur Fousse

    nous pleurons, 
    nous pissons, 
    nous chions, 
    nous saignons,

    le bas des immeubles s’effrite sous un battement de paupière, 
    les dunes s’abattent comme des automnes sur des vies
    plus pauvres qu’un sablier de verre bâti dans une bouteille 
    en plastique tranchée.

    et on ne nous apprend pas
    la terreur d’un homme seul entretenant une plante séchée 
    dans la condamnation éternelle
    d’une honte privatisée.

    non,
    nous ne sommes pas heureux.

    nous pleurons, 
    nous pissons, 
    nous chions, 
    nous saignons.

     

     

     

     

  • Jacques Brault

     

    C'était passerose et ras de ruines j'allais vers toi
    remonter l'en haut tirait doucement d'abord
    par les yeux
    tout cet enfer de tranquillité saoûlerie de solitude
    pour un arbre je ne sais pas quelque chose comme
    bourgeon avant terme éclaté
    branche fourrée de fourmis
    feuille
    méprisée lors de la cassure du froid
    un ressuiement
    de terre tôt dégelée
    un arbre juste un arbre
    inqualifiable
    lacis noir gris de fond de pluie
    et toi innommée inaperçue ma vieille usure
    ma peau de petitesse
    l'extase de vivre
    malade minable rouillé roulé par les rues
    comme une boîte de conserve à la bouche ébréchée
    de vivre un peu à peine ce petit reste croûton de pain
    séché blêmi fade ton visage de laideur qu'un arbre là
    aimait sans rien dire
    et je viens les yeux fermés
    où tu étais venue
    je viens me souvenir
    avec des douleurs réapprises
    aux épaules
    je viens comme un matou de nuit
    rôdeur parmi les
    détritus
    c'est toi que je trouve grise cernée de folie
    vigne tombante contre un mur de briques
    et cela aussi près de l'en dessous cette splendeur
    de bric-à-brac de broche à foin
    est
    le plus pur amour


     

     

  • Noam Chomsky

     

    L’idée basique qui traverse l’histoire moderne et le libéralisme moderne, c’est que le public doit être marginalisé. Le public en général est simplement vu comme un groupe d’ignorants exclus qui interfèrent, tels des brebis égarées.

     

     

     

     

  • Kathy Acker

     

    La poésie n'est pas un monument. C'est une ligne rapide et inattendue, un coup de massue dans un mur, un coup de couteau dans la toile de l'indifférence, c'est la frontière qui file, qui file, qui défile, c'est le dessous du volcan, bouillant et fumant, toujours en mouvement. C'est la danse, le cri, le corps. La poésie, c'est la vie. Celui qui fait du texte un monument est un meurtrier : il emmure un corps vivant.
    La poésie
    n'est pas
    un monument.


    in Your mind is a nightmare that has been eating you : now eat your mind

     

     

  • Werner Lambersy  

     

    J’écoute mourir

    et remourir

    la mer

     

    mais la mer est

    toujours là

     

    qui veut mourir

    en épousant

    l’horizon

     

    Je vois paraître

    et reparaître

    l’étoile

     

    mais le ciel est

    toujours là

    qui veut

     

    disparaître et se

    jeter dans le

    vide

     

    Je sens passer et

    repasser les

    jours

     

    et rien jamais ne

    me lasse

     

    de cette mort

    qui ne peut pas

     

     

       

     

  • Alain Damasio - La Zone du Dehors

     

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    "Quand c’est dallé, ça tinte sous la botte en phonolithe, par endroit fondu profond, du brut d’impact, ou les cratères qui se décalent qui baissent qui montent ? Je sens par instant fondre le verre qui sépare réel/irréel et je perds du repère, trop pour ne pas me marrer… et vouloir aller au bout… si massif, viril, tout ici, dans le pétrifié solide, en même temps vapeur et plume… de chez fluctue… nous nous enfonçons dans le Dehors… ça j’ai vu… droit devant… que le danger est plus palpable, plus excitant, now. De la baie écrasée…. Cette terre rouge profonde… Cette brume de mandarine évaporée… d’orange brûlée…

     

    (…)

     

    Le sable, maintenant étale, s’était tu… et elle s’était levée. Sa silhouette animale flamboyait debout, son corps serti dans un mur d’étoiles, avec sa poitrine de haute pomme, qui les provoquait en silence. Vénus. Elle ne bougeait pour ainsi dire plus, altière à l’égale d’une statue, mais son marbre avait des frissonnements de fauve, seulement perceptible à ce que frémissait ses seins et le creux de son ventre sous l’afflux d’air qui l’emplissait.

     

    (…)

     

    Le Dehors ne pouvait appartenir à quiconque et le gouvernement lui-même n’avait jamais songé à se l’approprier. Trop immense, trop changeant, trop violent : ingérable. Une vraie sauvagerie de rocs, d’éclats d’aérolithes er de cratères brisés à coup de météores, avec des dalles saignées au sable sec, des collines brutes striées au râteau des vents cosmiques et, face au ciel, les crêtes déchiquetées d’amoniac et de gel. Espace perdu… le Dehors était irrécupérable : à cause des ouragans cosmiques,  à cause des pluies de météores incessantes, à cause des vapeurs de nox…

     

    (…)

     

    Je me suis fixé une règle, sans m’en rendre compte : chaque fois que j’aurais une idée ou une conviction, il fallait que je l’expérimente. Que je fasse ce que je pensais. Ne plus déplacer des Cubes et des civilisations dans le cosmos, mais agir chaque pensée,  aussi minime soit-elle, la confronter à la résistance de la matière, affronter son mouvement à la pesanteur des choses et des gens. Terribles les gens… Plus lourds parfois que des fûts.

     

    (…)

    Nous en avons fini avec les révolutions culbuto qui remettent sur leurs pieds ce qu’elles renversent,  parce-que, ne l’ayant jamais conquise, elles rêvaient de la liberté comme d’un ciel lorsqu’il nous faut apprendre — nous — à la vivre en tant que sol. La révolution, c’est un quotidien qui vibre."