Pablo Gelgon
L’eau sacrée des animistes s’est lovée partout, en auréoles, au cœur de chaque détail, sublimant aussi bien les puces de lit que les séquoias géants de Californie.
in Traction Brabant 75
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L’eau sacrée des animistes s’est lovée partout, en auréoles, au cœur de chaque détail, sublimant aussi bien les puces de lit que les séquoias géants de Californie.
in Traction Brabant 75
L’automne en mes nerfs déjà fait silence.
Mais ce silence n’oblige rien à taire :
c’est une marche foulant le raisin de mes mots
d’où monte un alcool sans parole.
in Dehors s’enlise dans nos plaies
en-dessous de ses ongles y'a un peu de bleu
un peu de rouge aussi ce sont des choses qui arrivent
quand on refait le monde de ses propres mains
Dans mon pays, la liberté n'est pas seulement un vent délicat de l'âme.
Voir, voir et voir encore
Ne rien laisser passer, pas la plus petite chance de beauté, pas le plus petit grain
Ne pas laisser s’échapper la plus petite chance de joie
La plus petite feuille d’arbre à la lumière d’automne
in Vingt-sept degrés d’amour (le Citron gare éd. 2017)
je suis vide comme une vieille seringue
in Rester debout au milieu du trottoir
c’est l’heure où les gens
cours d’eau pressés
se jettent dans le centre-ville
in Bad Writer
Ed les Carnets du Dessert de Lune, avril 2017
L’un pour l’autre nous sommes
Merveille
Cette étrange présence
Qui ne s’habitue pas.
in Vingt-sept degrés d’amour (le Citron gare éd. 2017)
La vraie voie passe sur une corde tendue non dans l'espace, mais à ras du sol.
Elle semble plutôt destinée à faire trébucher qu'à être parcourue.
Et si mourir était revenir à la
densité des choses
Non pas pour leur échapper mais
pour les habiter
Depuis le début du chemin nos pas
nous y mènent, dans le mouvement
qui ralentit, dans le coeur lourd qui
bat, dans l'essence du bois sec.
Sous nos pieds les mousses
mortes nous font déjà des nids
d'oiseaux.
La marche sombre tombe sur le
sang frais d'un coquelicot froid.
À pétrir le pain nos mains blanches
sont poussière de farine
Il n'est pas de jour sans l'appel d'un
festin de l'ombre.
Lorsque des crimes commencent à s’accumuler, ils deviennent invisibles. Lorsque les souffrances deviennent insupportables, les cris ne sont plus entendus.
Les cris, aussi, tombent comme la pluie en été.
Le monde nous dit qu'il est à bout, la musique sera le silence absolu, le silence absolu ne tiendra pas dans nos poitrines et pour cela nous exploserons. Notre récompense sera de pleurer ensemble, notre corps minuscule s'accouplera à l'univers, nos organes génitaux seront des trous noirs pénétrés par l'infini, rien ne sera venu en vain, toute chose retrouvera le lieu qui est le sien, ce lieu auquel on a prêté des noms communs parfois étranges, ce lieu que toutes les langues du monde ont inventé, ce lieu que nous n'avons jamais pu seulement imaginer.
Ta tâche n’est pas de chercher l’amour, mais simplement de chercher et trouver les obstacles que tu as construits contre l’amour.
C’est une partition d’empreintes mêlées
et de signes des nuées qui descendent
en courant jusqu’à l’eau.
Puis la rivière s’ébroue
dans l’air gris perle avec
des canards dans le rire.
in Dehors s’enlise dans nos plaies