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CITATIONS - Page 67

  • Jean Bédard

     

    Ce roulement de la vie s’avançait par vagues vers un horizon lointain où il se nourrissait de feu céleste, des éléments les plus subtils de la création, c’est ce que l’on disait. On voyait d’ailleurs sortir la flamme par le trou des étoiles, cette flamme qui fait bouillir les eaux du firmament afin de les garder au-dessus du chaudron cosmique.

     

    in Marguerite de Porète

     

     

     

  • Jean Bédard

     

    Cela se meut dans un savoir complet, jouissant de sa propre ondulation à travers les nœuds de la nuit et les dénouements de la lumière. Langoureux mouvement où l’exubérance toujours gagne sur la nostalgie inévitable des retombées dans l’inconscience.

     

    in Marguerite de Porète

     

     

  • Jean Bédard

     

    Il ne s’agit pas de copier la mesquine hiérarchie des hommes, mais de retrouver le royaume, je veux dire le champs qui est là sous nos pieds, couvert d’herbes et de fleurs…

     

    in Marguerite de Porète

     

     

     

     

     

     

  • Jean Bédard

     

    Des lueurs ricochaient sur les troncs d’arbre. J’eus tout à coup la conviction, la certitude, que tout le travail à réaliser en ce monde était l’affaire du soleil et de sa lumière

     

    in Marguerite de Porète

     

     

     

     

  • Jean Bédard

     

    L’amour est beaucoup plus un jeu d’enfants que tu ne le crois. En revanche, les jeux d’enfants sont beaucoup moins des jeux d’enfants que tu ne le penses.

     

    in Marguerite de Porète

     

     

  • Audre Lorde

     

    Je suis de plus en plus convaincue que ce qui est essentiel pour moi doit être mis en mots, énoncé et partagé, et ce même au risque que ce soit éreinté par la critique et incompris. Parce que parler m’est bénéfique avant tout (…). Et bien sûr, j’ai peur, car transformer le silence en paroles et en actions est un acte de révélation de soi, et cet acte semble toujours plein de dangers. Quand je lui ai parlé de notre sujet de discussion et de mes difficultés, ma fille m’a dit : ‘’Raconte-leur qu’on n’est jamais une personne à part entière si on reste silencieuse, parce qu’il y a toujours cette petite chose en nous qui veut prendre la parole. Et, si on continue à l’ignorer, cette petite chose devient de plus en plus fébrile, de plus en plus en colère et si on ne prend pas la parole, un jour, cette petite chose finira par exploser et nous mettre son poing dans la figure.

     

     

  • Audre Lorde


     
    La raison du silence, ce sont nos propres peurs, peurs derrière lesquelles chacune d’entre nous se cache- peur du mépris, de la censure, d’un jugement quelconque, ou encore peur d’être repérée, peur du défi, de l’anéantissement. Mais par-dessus tout, je crois, nous craignons la visibilité, cette visibilité sans laquelle nous ne pouvons pas vivre pleinement. Dans ce pays où la différence raciale, quand elle n’est pas dite, crée une distorsion permanente du regard, les femmes noires ont été d’une part toujours extrêmement visibles, d’autre part rendues invisibles par l’effet de dépersonnalisation inhérente au racisme. Même au sein du mouvement des femmes, nous avons dû, et devons encore, nous battre pour cette visibilité de notre Négritude, ce qui nous rend d’ailleurs extrêmement vulnérables. Car pour survivre dans la bouche de ce dragon appelé Amérique, nous avons dû apprendre cette première et vitale leçon : nous n’étions pas censées survivre. Pas en tant qu’êtres humains. Et la plupart d’entre vous non plus, que vous soyez Noires ou non. Or, cette visibilité, qui nous rend tellement vulnérables, est la source de notre plus grande force. Car le système essaiera de vous réduire en poussière de toute façon, que vous parliez ou non. Nous pouvons nous asseoir dans notre coin, muettes comme des tombes, pendant qu’on nous massacre, nous et nos sœurs, pendant qu’on défigure et qu’on détruit nos enfants, qu’on empoisonne notre terre ; nous pouvons nous terrer dans nos abris, muettes comme des carpes, mais nous n’en aurons pas moins peur.

    Chez moi, cette année, nous célébrons Kwanza, fête afro-américaine des moissons qui commence le lendemain de Noël et dure sept jours. Il y a sept principes dans Kwanza, un pour chaque jour. Le premier principe, c’est Umoja, qui signifie unité, la volonté d’atteindre et de maintenir l’unité en soi et dans sa communauté. Le principe pour hier, le deuxième jour, c’est Kujichagulia- autodétermination-, la volonté de nous définir, de nous nommer, de parler en notre nom, et pas que les autres nous définissent et parlent à notre place. Aujourd’hui, c’est le troisième jour de Kwanza, et le principe pour aujourd’hui est Ujima- travail et responsabilité collectives-, la volonté de construire et de maintenir nos communautés ensemble, d’identifier et de résoudre nos problèmes collectivement.

    Si nous sommes toutes là aujourd’hui, c’est parce que, d’une façon ou d’une autre, nous partageons un même engagement envers le langage et le pouvoir des mots, c’est parce que nous sommes décidées à régénérer cette langue instrumentalisée contre nous (…). Et quand les paroles des femmes crient pour être entendues, nous devons, chacune, prendre la responsabilité de chercher ces paroles, de les lire, de les partager et d’en saisir la pertinence pour nos vies. Nous ne devons pas nous cacher derrière les simulacres de division qu’on nous a imposés, et que nous faisons si souvent nôtres. Du genre ‘’je ne peux vraiment pas enseigner la littérature des femmes Noires, leur expérience est si éloignée de la mienne’’. Pourtant, depuis combien d’années enseignez-vous Platon, Shakespeare et Proust ? Ou bien : ‘’C’est une femme blanche, que peut-elle vraiment avoir à me dire ? Ou : ‘’c’est une lesbienne, que va en penser mon mari, ou mon patron ?’’ Ou encore : ‘’cette femme parle de ses fils et je n’ai pas d’enfant’’. Et toutes les multiples façons que nous avons de nous priver de nous-mêmes et des autres.

    Nous pouvons apprendre à travailler, à parler, malgré la peur, de la même façon que nous avons appris à travailler, à parler, malgré la fatigue. Car nous avons été socialisées pour respecter la peur bien plus que nos propres besoins de parole et de définition ; et à force d’attendre en silence le moment privilégié où la peur ne serait plus, le poids de ce silence finira par nous écraser (…). Tant de silences doivent être brisés !
     


     

  • Miguel Espejo


    Heure après heure, dans des bars turbulents et devant des verres assoiffés,
    j’ai passé mon temps à ébaucher des livres
    qui se sont dirigés tout droit et à toute allure
    vers la poubelle cosmique.

    in Des milliers d'arbres solitaires

     

     

  • François Corvol

     J’ai toujours aimé les femmes bizarres, les folles, les solitaires, les moches aux yeux des autres, les addictes. Les énervées, les passionnées, imprévisibles. J’ai toujours aimé les femmes au tempérament détestable, les obsessionnelles, les dépressives. Les cinglées. Créatives. Les beautés étranges. Maladives. J’ai toujours aimé celles qui n’aimaient pas l’amour ou qui en avaient peur. Les déraisonnées, les « mal faîtes ». Les naïves. Les lectrices. Celles qui ...pensent parfois à la mort (parce qu’on ne peut aimer profondément la vie sans aimer la mort). Celles en qui quelque chose ne tourne pas rond. Les complexes, complexées, fissurées. Les oubliées, mises de côté. Troublées, esseulées, aux goûts enchevêtrés. Qui croient dur comme fer en leur « truc ». Les trop fragiles pour ce monde. Perdues. Multiples. Contradictoires. Les exilées sur terre. Assombries. Talentueuses. Chanceuses infortunées. Suicidées passives. Incomprises. Les « dans leur monde ». Fainéantes, frénétiques par intermittences. Mystiques. J’aime celles qui sont prises pour des ratées, folles à lier ou illuminées. Celles qu’auparavant on brûlait pour sorcellerie. Les à-côté de la plaque. Celles qui vont tout au bout de leurs mirages, jusqu’à les rendre vrais. Mystifiées. Confuses. Fidèles à elles-mêmes. À leur déraison.
    Par amour du différent, de ce qui subsiste parfois de vitalité, de souffle naïf, tout au fond des êtres et qui n’est pas perdu.
    Cette despotique rébellion, cet intime tumulte, cette voix discordante, désordonnée, au fond d’elles qui lutte convulsivement pour la vie.
    Ces êtres en qui la déshumanisation n’a pas pu terminer son travail morbide. En qui ça a cloché. Celles en qui quelque chose de l’enfance est resté qui ne veut pas mourir.
    Les poétesses. Et ce mot n’est pas léger en moi. Il est lourd de profondeurs et de symptômes.
    J’aime pour toujours. Celles qui ne sont pas l’ordinaire. Qui ne sont pas la conformité. Je les trouve magnifiques. Les vivantes.