Michelle Caussat
Il faut secouer la poussière de mes sandales, parfum noir de dérision et de peine, sur chacun des seuils de ces langues, qui brodent des tartufferies dans les pages de l’Ombre.
in Traction Brabant 76
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Il faut secouer la poussière de mes sandales, parfum noir de dérision et de peine, sur chacun des seuils de ces langues, qui brodent des tartufferies dans les pages de l’Ombre.
in Traction Brabant 76
Ces misérables voient reluire les trésors du tyran ; ils admirent, tout ébahis, les éclats de sa magnificence ; alléchés par cette lueur, ils s'approchent sans s'apercevoir qu'ils se jettent dans une flamme qui ne peut manquer de les dévorer.
in Discours de la servitude volontaire (1549)
J’espérais pouvoir raconter dans dix mille ans tout ce que j’avais vu, simplement raconter ce roulement des vagues terrestres qui vont successivement, dans une belle lenteur, se renouveler entre les lèvres flamboyantes du soleil couchant.
Je voulais être cet œil, cette mémoire, le parchemin sur lequel cela se trace d’instant en instant. J’étais une âme en pleine commémoration.
in Marguerite de Porète
Curieuse mer dans laquelle nous enterrons nos morts, dans laquelle les arbres vont pourrir, où reviennent tous les vivants comme à leur patrie. Elle les retourne au printemps, les ramène à la surface verdissante pour leur ensoleillement, elle les reprend et les remonte dans la lumière afin qu’ils donnent leurs semences dans les ruées de la jouissance, puis qu’ils s’évanouissent sur sa peau terreuse et disparaissent dans ses entrailles.
Un grand roulement de rouleaux qui retournent les ingrédients dans l’obscurité pour les offrir à nouveau à la lumière dans des recompositions sans cesse différentes.
in Marguerite de Porète
Dans ma lumière verte
Mes coussins de luciole
Mes bombyx de satin
Dans l’écharpe des rêves
La soie des souvenirs
Et des yeux, des langues me guettent
Jusqu’à l’aurore aux mille oiseaux
Et je foule l’air vif
Du bleu de mes sabots
In Traction Brabant 76
Pourquoi abandonner la partie alors qu’il nous reste tant d’êtres à décevoir ?
Vous semez vos champs pour qu'il les dévaste, vous meublez et remplissez vos maisons pour fournir ses pilleries, vous élevez vos filles afin qu'il puisse assouvir sa luxure, vous nourrissez vos enfants pour qu'il en fasse des soldats dans le meilleur des cas, pour qu'il les mène à la guerre, à la boucherie, qu'il les rende ministres de ses convoitises et exécuteurs de ses vengeances.
in Discours de la servitude volontaire (1549)
quand on aura allégé le plus possible les servitudes inutiles, évité les malheurs non nécessaires, il restera toujours, pour tenir en haleine les vertus héroïques de l'homme, la longue série de maux véritables : la mort, la vieillesse, les maladies non guérissables, l'amour non partagé, l'amitié rejetée ou trahie, la médiocrité d'une vie moins vaste que nos projets et plus terne que nos songes : tous les malheurs causés par la divine nature des choses.
In Mémoires d'Hadrien
Notre grande erreur est d'essayer d'obtenir de chacun en particulier les vertus qu'il n'a pas, et de négliger de cultiver celles qu'il possède.
in Mémoires d'Hadrien
Imagine une lampe
jusqu'à l'allumer
Tandis que je me tenais là, je vis plus de choses que je puis raconter, et je compris plus que je ne vis. Car je voyais les formes véritables de toutes choses, l'esprit de toutes choses et la forme de toutes les formes vivant ensemble comme un seul Être.
Nous sommes des agrégats précaires, de petits tas de limon, et tant bien que mal, nous tenons nos éléments au bon endroit dans un tout plus ou moins cohérent. Le vent, la pluie, les joies, les peines, les larmes, les désirs, les espoirs, les désespoirs érodent cet étrange château de poussière, et un jour pas très différent des autres, nous tombons en ruine, poussière sur poussière.
in Marguerite de Porète
Le drame c’est le quotidien des masses. Ces hommes et ces femmes sans lendemain que la vie piétine au quotidien.
in Le chant des blessures
Renaître, c’est facile, cela consiste à mettre le pied dans l’aube.
in Marguerite de Porète
On ne se lasse pas de regarder la vie cyclique et mystérieuse qui déroule ses inventions devant nous. On devient ridicule à force de réinventer des mots pour dire et tenter de conserver l’étonnement. S’il y a un miracle incompréhensible sur toute la terre, c’est que la vie finisse par nous apparaître naturelle.
in Marguerite de Porète