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CITATIONS - Page 77

  • Thomas Vinau

     

    Elle avance pratiquement nue dans la glace. Sa peau est comme du brouillard. Presque transparente. Puis elle s’accroupit et elle pisse. Le jour est là, encore fumant, à ses pieds.

     

    in Autre chose

     

     

     

  • Gabriel Perez

     

    Dans ce grand abattoir

    il nous faut résister un temps

    car les morts ont choisi les vivants

    pour faire leur sale boulot

     

    extrait de Kyrielle de Kyparissi

    in Traction brabant 72

     

     

     

  • Tristan Corbière

    Paysage mauvais
     
    Sables de vieux os – Le flot râle
    Des glas : crevant bruit sur bruit …
    – Palud pâle, où la lune avale
    De gros vers, pour passer la nuit.

    – Calme de peste, où la fièvre
    Cuit … Le follet damné languit.
    – Herbe puante où le lièvre
    Est un sorcier poltron qui fuit …

    – La Lavandière blanche étale
    Des trépassés le linge sale,
    Au soleil des loups… – Les crapauds,

    Petits chantres mélancoliques
    Empoisonnent de leurs coliques,
    Les champignons, leurs escabeaux.
     

    in Les Amours jaunes

     

     

     

     

     

     

  • Luc Diétrich

     

    Par-delà le carambolage des rails croisés, les poteaux comptaient la campagne, les fils mesuraient la fuite en sifflant. Un champ de blé gicla d’un talus. Une petite ville se bâtit au galop et puis dégringola dans la pente. Un bref tunnel goba le reste et vomit une boule de fumée et des collines bleues.

    Enfin parurent des contrées semblables à celles où la guerre a passé. Des grillages, des baraques, des touffes, des tas. Un camion qui perdait sa bâche courait dans la poussière comme une volaille effarouchée.

    Les premières maisons se levèrent dans les terrains vagues, comme des échelles.

    Un fossé noirci, des rues, des cours, des linges, des rues, des façades, des cheminées, des rues : on arrivait.

     

    in Le bonheur des tristes

     

     

  • Colette

     

    Que c’est curieux, on résiste victorieusement aux larmes, on se « tient » très bien, aux minutes les plus dures. Et puis quelqu’un vous fait un petit signe amical derrière une vitre, on découvre, fleurie, une fleur encore fermée la veille, une lettre tombe d’un tiroir, et tout tombe. 
     
    in
    Lettre à Marguerite Moreno

     

     

  • Heptanes Fraxion

     

    elle dit ça
    en souriant
    Charline-au-chien
    devant la bouche du métro
    devant la bouche bée des passants
    devant la viande des voisins
    leur poids
    leur argent
    leur baie vitrée qui va bien

     

     

     

     

  • L'ampleur des astres de Thierry Roquet

    couverture-l-ampleur-des-astres.jpg

    Mon petit florilège perso :

     

    Douche froide

    Quand un chômeur, il refroidit vite

     

    *

     

    24h sur 24

    Je vis au jour le jour, surtout la nuit.

     

    *

     

    Origine

    N’oublions jamais d’où nous venons : du trou du cul de la galaxie. Ça dégaze sec ! Et ça vous met des parfums d’étoiles pleins les narines !

     

    *

     

    Fort comme un chêne

    Glander c’est résister à l’occupation.

     

    *

     

    Les mo®ts nous collent à la peau

    Il s’est réincarné à spirales ; ça lui permet d’écrire encore un peu

     

     

    Thierry Roquet in L’ampleur des astres - Fragmensonges de vie

    Cactus Inébranlable édtions, septembre 2016

     

     

     

     

  • Tim Ingold

     

    La poésie ne vient pas après la science, pour célébrer le triomphe de la raison sur la nature. Elle vient avant la science, lorsque, avec davantage d’humilité, nous reconnaissons que nous devons notre existence au monde que nous cherchons à connaître

     in Marcher avec les dragons

     

     

     

  • Luc Diétrich

     

    Je veux être préoccupé de la destinée humaine. Je voudrais noter tout ce que je sens, je voudrais leur faire voir avec force tout ce qu’ils ont mal vu, je voudrais qu’ils vivent et entendent avec plus de joie et plus de violence. 

    Ils parlent de chanter le progrès, la machine qui libère l’homme. Elle ne le libère pas, elle le gonfle et le détraque. Et l’homme pense boîtes d’allumettes et discours électoral : tous de même. Ils ne sont plus eux-mêmes : ils n’ont plus le courage de s’élever seuls avec violence, contre l’injustice, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne. Ils vont bientôt tous se coller ensemble. …Ils ne savent plus choisir, ils prennent ce qu’il y a de plus facile en eux, de plus rutilant. À la même heure ils voient les mêmes saletés. À la même heure ils pensent en commun. J’aime celui qui apprend tout seul. Le chétif qui s’agrippe, qui encaisse les coups des autres, les brûlures de la faim et du froid et qui, tout seul, apprend à se détacher du ronron des autres. Celui-là comprend les hommes mais n’en sera pas rempli. Il leur voudra du bien et sera traité d’ennemi. J’aime mieux être seul. 

     

    in Le bonheur des tristes V. Introduction à la vie commune