Eugène Varlin
Tant qu'un homme pourra mourir de faim
à la porte d'un palais où tout regorge,
il n'y aura rien de stable dans les institutions humaines.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Tant qu'un homme pourra mourir de faim
à la porte d'un palais où tout regorge,
il n'y aura rien de stable dans les institutions humaines.
une terre sur pilotis
avec du sang dans son parterre
terre ligotée
in Le pyromane adolescent suivi de Le sang visible du vitrier
Je veux partir sans malle pour le ciel
Mon dégoût m’étouffe car ma langue est pure
Je veux partir loin des femmes aux mains grasses
Qui caressent mes seins nus
Et qui crachent leur urine
Dans ma soupe
Je veux partir sans bruit dans la nuit
Je vais hiberner dans les brumes de l’oubli
Coiffée par un rat
Giflée par le vent
Essayant de croire aux mensonges de mon amant.
J’écrirai avec deux mains
Le jour que je me tairai.
J’avancerai les genoux raides
La poitrine pleine de seins
Malade de silence rentré.
Je crierai à plein ventre
Le jour que je mourrai
Pour ne pas me renverser quand tes mains me devineront
Nue dans la terre brûlante.
Je m’étranglerai à deux mains
Quand ton ombre me léchera
Écartelée dans ma tombe où brillent des champignons.
Je me prendrai à deux mains
Pour ne pas m’égoutter dans le silence de la grotte.
Pour ne pas être esclave de mon amour démesuré,
Et mon âme s’apaisera
Nue dans mon corps plaisant.
in le surréalisme, même 2, printemps 1957
le ciel est trop grand ici cela donne de la peur le soleil se perd le vent aussi brode des nuages j'ai un doute sur ma vie j'étais morte et encore vivante j'ai été toute refaite plusieurs fois on n'est pas assez protégé par les vitres
in La robe de mariée
On a besoin des cons pour ne pas se sentir idiots.
in Microbe 97
Tu veux mon ventre pour te nourrir
Tu veux mes cheveux pour te rassasier
Tu veux mes reins mes seins ma tête rasée
Tu veux que je meure lentement lentement
Que je murmure en mourant des mots d’enfant.
in Cris
Quiconque taquine un nid de guêpes doit savoir courir.
Nous allons ensemble, la rue n’est plus bordée de portes mais de larges entailles, par lesquelles on peut se glisser et apparaître ailleurs et autrement.
in seul le bleu reste
Femme assise devant une table cassée
La mort dans le ventre.
Rien dans l’armoire.
Fatiguée de tout même de ses souvenirs
Elle attend fenêtre ouverte
La lumière aux mille visages
Qu’est la folie
in Cris
Elle veut crier à son tour, mais l’absence est trop forte. Elle veut arracher des vêtements mais sa nudité l’étouffe. Le nom ne peut plus s’effacer, il reste seul, gardien du jour immobile, au milieu du sable effrité sous les coups de la marée. Elle sent le sel s’insinuer inexorablement entre ses cuisses et brûler son désir, sa chair, ses origines. Bientôt, il ne restera, flottant au dessus des vagues frémissantes, que l’ombre d’un regard obscurci par les mots, et un nom silencieux, discret, indestructible, saturé d’immense.
in Battements de mémoire
Ah ça ! le bel asile que nous formions en vérité, le beau banquet de gueules brisées – et avec le sourire encore s’il vous plait ! Le rictus esquinté des candidats au cadavre. Oui, des échoués que nous autres. Des loques. Des vestiges.
in En face
Ce soir les rires roulent sur la plage.
On les entend tomber des gorges avant de s’évanouir.
in Passant l’été
Les vices des hommes
Sont mon domaine
Leurs plaies mes doux gâteaux
J'aime mâcher leurs viles pensées
Car leur laideur fait ma beauté.
in Cris
il est facile d’être lourd
difficile de devenir léger
facile d’être
ce que nous ne sommes pas
pénible d’apprendre à être
ce que
nous sommes vraiment
In la croissance des nouvelles pierres