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CITATIONS - Page 88

  • Joyce Mansour

     

     

    La nuit je suis le vagabond dans le pays du cerveau

    Étiré sur la lune en béton

    Mon âme respire domptée par le vent

    Et par la grande musique des demi-fous

    Qui mâchent des pailles en métal lunaire

    Et qui volent et qui volent et qui tombent sur ma tête

    A corps perdu

    Je danse la danse de la vacuité

    Je danse sur la neige blanche de mégalomanie

    Tandis que toi derrière ta fenêtre sucrée de rage

    Tu souilles ton lit de rêves en m'attendant

     

     

     

  • Choqosh Au'ho'oh

     

     

    Uncle John Iroquois elder says: ‘Tell the people that there is a river flowing now very fast. It is so swift and wide and great that there will be those who will be afraid. They will try to hold onto the shore. They will suffer greatly. If you try to hold onto the shore your feelings and so your being torn apart.’ And the Elders say 'we know the source and the destination of this river. We are aware of the nature of this river and this we ask you to do: Push off… Into the middle of the river. Keep your eyes open, your head above water’ and, I add to this, I say see who you are finding in the river with you at this time, be good to them and celebrate. There is a river flowing now very fast. Push off into the middle of it. Keep your eyes open. Your head above water. Honor the people that are in there with you. Celebrate."

     

    in “There is a River” as given to her by Iroquois elder Uncle John

     

     

     

     

     

     

     

  • Joyce Mansour

     

    Quel phallus sonnera le glas

    Le jour où je dormirai sous un couvercle de plomb

    Fondue dans ma peur

    Comme l’olive dans le bocal

    Il fera froid métallique et laid

    Je ne ferai plus l’amour dans une baignoire émaillée

    Je ne ferai plus l’amour entre parenthèses

    Ni entre les lèvres javanaises d’un gazon de printemps

    J’exsuderai la mort comme une moiteur amoureuse

    Cernée assaillie par des visions d’octobre

    Je me blottirai dans la boue

     

    in Faire signe au machiniste (1976)

     

     

  • Pablo Neruda

     

     

    Corps de femme, blanches collines, cuisses blanches, l'attitude du don te rend pareil au monde. Mon corps de laboureur sauvage, de son soc a fait jaillir le fils du profond de la terre. Je fus comme un tunnel. Déserté des oiseaux, la nuit m'envahissait de toute sa puissance. pour survivre j'ai dû te forger comme une arme et tu es la flèche à mon arc, tu es la pierre dans ma fronde. Mais passe l'heure de la vengeance, et je t'aime. Corps de peau et de mousse, de lait avide et ferme. Ah ! le vase des seins ! Ah ! les yeux de l'absence ! ah ! roses du pubis ! ah ! ta voix lente et triste ! Corps de femme, je persisterai dans ta grâce. Ô soif, désir illimité, chemin sans but ! Courants obscurs où coule une soif éternelle et la fatigue y coule, et l'infinie douleur.

     

     

     

     

     

  • Jules Supervielle

     
     
     
    Les chevaux du Temps

    Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
     J’hésite un peu toujours à les regarder boire
     Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
     Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant
     Pendant que leurs longs traits m’emplissent de faiblesse
     Et me laissent si las, si seul et décevant
     Qu’une nuit passagère envahit mes paupières
     Et qu’il me faut soudain refaire en moi des forces
     Pour qu’un jour où viendrait l’attelage assoiffé
     Je puisse encore vivre et les désaltérer.


     in  Les Amis inconnus, 1934

     

     

     

  • Joyce Mansour

     

    Venez femmes aux seins fébriles

    Écouter en silence le cri de la vipère

    Et sonder avec moi le bas brouillard roux

    Qui enfle soudain la voix de l'ami

    La rivière est fraîche autour de son corps

    Sa chemise flotte blanche comme la fin d'un discours

     

    in Carré Blanc - 1965

     

     

  • Joyce Mansour

     

    Je veux partir sans malle pour le ciel

    Mon dégoût m’étouffe car ma langue est pure

    Je veux partir loin des femmes aux mains grasses

    Qui caressent mes seins nus

    Et qui crachent leur urine

    Dans ma soupe

    Je veux partir sans bruit dans la nuit

    Je vais hiberner dans les brumes de l’oubli

    Coiffée par un rat

    Giflée par le vent

    Essayant de croire aux mensonges de mon amant.

     

     

  • Joyce Mansour

     

    J’écrirai avec deux mains

    Le jour que je me tairai.

    J’avancerai les genoux raides

    La poitrine pleine de seins

    Malade de silence rentré.

    Je crierai à plein ventre

    Le jour que je mourrai

    Pour ne pas me renverser quand tes mains me devineront

    Nue dans la terre brûlante.

    Je m’étranglerai à deux mains

    Quand ton ombre me léchera

    Écartelée dans ma tombe où brillent des champignons.

    Je me prendrai à deux mains

    Pour ne pas m’égoutter dans le silence de la grotte.

    Pour ne pas être esclave de mon amour démesuré,

    Et mon âme s’apaisera

    Nue dans mon corps plaisant.

     

    in le surréalisme, même 2, printemps 1957