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CITATIONS - Page 88

  • Joyce Mansour

     

    Quel phallus sonnera le glas

    Le jour où je dormirai sous un couvercle de plomb

    Fondue dans ma peur

    Comme l’olive dans le bocal

    Il fera froid métallique et laid

    Je ne ferai plus l’amour dans une baignoire émaillée

    Je ne ferai plus l’amour entre parenthèses

    Ni entre les lèvres javanaises d’un gazon de printemps

    J’exsuderai la mort comme une moiteur amoureuse

    Cernée assaillie par des visions d’octobre

    Je me blottirai dans la boue

     

    in Faire signe au machiniste (1976)

     

     

  • Pablo Neruda

     

     

    Corps de femme, blanches collines, cuisses blanches, l'attitude du don te rend pareil au monde. Mon corps de laboureur sauvage, de son soc a fait jaillir le fils du profond de la terre. Je fus comme un tunnel. Déserté des oiseaux, la nuit m'envahissait de toute sa puissance. pour survivre j'ai dû te forger comme une arme et tu es la flèche à mon arc, tu es la pierre dans ma fronde. Mais passe l'heure de la vengeance, et je t'aime. Corps de peau et de mousse, de lait avide et ferme. Ah ! le vase des seins ! Ah ! les yeux de l'absence ! ah ! roses du pubis ! ah ! ta voix lente et triste ! Corps de femme, je persisterai dans ta grâce. Ô soif, désir illimité, chemin sans but ! Courants obscurs où coule une soif éternelle et la fatigue y coule, et l'infinie douleur.

     

     

     

     

     

  • Jules Supervielle

     
     
     
    Les chevaux du Temps

    Quand les chevaux du Temps s’arrêtent à ma porte
     J’hésite un peu toujours à les regarder boire
     Puisque c’est de mon sang qu’ils étanchent leur soif.
     Ils tournent vers ma face un œil reconnaissant
     Pendant que leurs longs traits m’emplissent de faiblesse
     Et me laissent si las, si seul et décevant
     Qu’une nuit passagère envahit mes paupières
     Et qu’il me faut soudain refaire en moi des forces
     Pour qu’un jour où viendrait l’attelage assoiffé
     Je puisse encore vivre et les désaltérer.


     in  Les Amis inconnus, 1934

     

     

     

  • Joyce Mansour

     

    Venez femmes aux seins fébriles

    Écouter en silence le cri de la vipère

    Et sonder avec moi le bas brouillard roux

    Qui enfle soudain la voix de l'ami

    La rivière est fraîche autour de son corps

    Sa chemise flotte blanche comme la fin d'un discours

     

    in Carré Blanc - 1965

     

     

  • Joyce Mansour

     

    Je veux partir sans malle pour le ciel

    Mon dégoût m’étouffe car ma langue est pure

    Je veux partir loin des femmes aux mains grasses

    Qui caressent mes seins nus

    Et qui crachent leur urine

    Dans ma soupe

    Je veux partir sans bruit dans la nuit

    Je vais hiberner dans les brumes de l’oubli

    Coiffée par un rat

    Giflée par le vent

    Essayant de croire aux mensonges de mon amant.

     

     

  • Joyce Mansour

     

    J’écrirai avec deux mains

    Le jour que je me tairai.

    J’avancerai les genoux raides

    La poitrine pleine de seins

    Malade de silence rentré.

    Je crierai à plein ventre

    Le jour que je mourrai

    Pour ne pas me renverser quand tes mains me devineront

    Nue dans la terre brûlante.

    Je m’étranglerai à deux mains

    Quand ton ombre me léchera

    Écartelée dans ma tombe où brillent des champignons.

    Je me prendrai à deux mains

    Pour ne pas m’égoutter dans le silence de la grotte.

    Pour ne pas être esclave de mon amour démesuré,

    Et mon âme s’apaisera

    Nue dans mon corps plaisant.

     

    in le surréalisme, même 2, printemps 1957

     

     

  • Katherine L. Battaiellie

     

    le ciel est trop grand ici cela donne de la peur le soleil se perd le vent aussi brode des nuages j'ai un doute sur ma vie j'étais morte et encore vivante j'ai été toute refaite plusieurs fois on n'est pas assez protégé par les vitres

     

    in La robe de mariée

     

     

     

  • Joyce Mansour

     

    Tu veux mon ventre pour te nourrir

    Tu veux mes cheveux pour te rassasier

    Tu veux mes reins mes seins ma tête rasée

    Tu veux que je meure lentement lentement

    Que je murmure en mourant des mots d’enfant.

     

    in Cris