Fiston Mwanza Mujila
Ici chacun pour soi, la merde pour tous.
in Tram 83
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Ici chacun pour soi, la merde pour tous.
in Tram 83
Même à sec, la rivière garde son nom
La main touche une jupe
La main touche une jupe,
muguets fanés, je me souviens,
tiède comme un début de peau,
un feu de sang brûle les os.
Les joncs craquent sous le corps souple,
et le miel bout dans l'oeillet pourpre,
sur le brasier de myosotis
là-haut où les oiseaux s'étirent.
Carrière de braise rouge,
près d'une eau non doublée de tain
où toute pudeur expire
au vent venu de Si loin,
Sous août bruissant, la fièvre est fraîche,
et la brûlure encore glacée
des lèvres fanées de soif,
et du corps torride de sang.
Voici la baie de tes jambes,
avant cette île foudroyée
où peut-être un peu de neige
attend ma tête sans pensée.
in Terre de l'Été
Tierra 2013 (performance Regina José Galindo)
Le Paradis qui apparaît dans la Bible n’est pas le même que celui où je suis née.
Ici on tire des cheveux
On arrache des ongles
Enlève des langues
Défonce des culs
Extirpe des mamelons
Viole des vagins
Coupe des doigts
Ampute des jambes
Cogne des visages
Sépare des têtes
Flingue des cœurs
Poignarde des dos
Pisse sur des corps
Et brûle des entrailles
Le voyageur, de compact, devient poreux, perméable à toute incertitude. Il comprend que toute vérité revendiquée est par le fait même un mensonge, que toute liberté imposée est par le fait même esclavage. Il n’arpente plus le chemin, il s’y incorpore. Il n’est plus sûr que de sa marche devenue perpétuelle résurgence.
in revue Diérèse n°38
nuit-foutre-fugue-nuit
in Chroniques du Diable consolateur
Le mort
à la mort
Combien
pour la passe ?
in Passage
Réalité-jour que l’on me tend et que l’on voudrait m’imposer par la force où même les campagnes sont tristes, jonchées de cadavres de chevaux, de vaches et de vieillards aux dos tout tordus.
in Chroniques du Diable consolateur
On fait ses premiers pas n’importe où.
La pluie y coule, dans l’cagibi
Dans les orties qui poussent enfer
Le long du soir, et des poussières
On t’applaudit, tu comprends rien
Les mots gouttière, à mange bitume
Ration de lune, rue Paradis
Le chat est mort, la tête éteinte
Comme une bougie, aller tout simple
in L’enfant zouave
Au fond de l’arrosoir l’eau a des reflets des rivières. L’automne arrive à grands pas.
in Passant l'été
Le soleil brille. Les rayons traversent la ville comme des rouleaux compresseurs. Ils sont lourds et opaques et quand ils happent les passants on ne voit plus rien après.
in Passant l’été
Immobile. Planté. Seul comme un clou.
in En face
Folles virées dans Tragédie City. Enfants dépourvus d’innocence qui partent en vrille.
in Chroniques du Diable consolateur