Roger Caillois
Je rends grâce à cette terre d’exagérer à tel point la part du ciel.
in Patagonie
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Je rends grâce à cette terre d’exagérer à tel point la part du ciel.
in Patagonie
j'attends la nuit
la livraison de quelques plans d'évasion
de quelques masques
de quelques raccourcis vers le maquis
de quelques frasques
les premiers soins du crépuscule
les longs brouillards de la cité dortoir
j'attends la nuit
au fond de ma cellule familiale
rien de spécial
rien d'anormal
à part le néant
à part l'ennui
et les liens du sang qui font mal
et les murmures de la muraille
et le bruit de fond des non-dits
j'attends la nuit
et la tension qui va avec
la tension que rien ne réduit
ni le feu des télévision
ni le feu des conflits
j'attends la nuit
dont sont faits les jours fériés
les faits divers les contes de fées
les êtres humains en fil de fer
les paradis et les enfers
les plus pourris
les plus parfaits
j'attends la nuit
et je grouille et je macère et je bataille
et je ressasse dans la graisse et le ressac
et je fourmille et je fermente et je ferraille
et je rouille dans la brique et la barbaque
j'attends la nuit
(2010)
Sans le malheur, la vie est insupportable.
in Sombre printemps
On va se séparer doucement, là
voilà,
gentiment,
comme on est venus
de l'un à l'autre
de l'autre à l'un.
On va apprendre à se désapprendre,
là, doucement
comme on est devenus
un peu
de l'un en l'autre
à se chercher l'horizon.
On va en rester là, les deux pieds
alignés bien droits.
On va garder pour après
C'est toute une vie ça, tu sais.
Et tout sera comme avant.
Il suffit d'écarter le coeur
et le ventre
De couper à la racine
que ça ne repousse pas
Couper chaque membre
l'un après l'autre
et demeurer silencieux à ce qu'on croit bouger encore.
Il suffit d'arracher les yeux
qu'il n'y ait plus de ciel trop grand
Il suffit d'ôter la peau, qu'une autre vienne
la même
mais pas tout à fait.
Il suffit de tailler les hanches
comme on taille les arbres pour qu'un printemps plus vif renaisse
Il suffit de remuer ce qui n'est pas tout à fait mort
Ailleurs
Laisser la place à ce qui fut
Chercher d'où vient le courant des eaux mortes du fleuve
Etreindre une fois encore les regrets
les mêmes
sans que l'on sache lequel est usure lequel est usé
On n'a jamais su vraiment
si on voulait savoir tout à fait
Il suffit d'être
sans toi
Il suffit qu'aimer ne suffit pas
là, gentiment
du fond de nos inutiles
Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître l'appelle un papillon
J’ai vu hélas dans la vie un cirque ridicule :
Quelqu’un tonitruait pour effrayer le monde, et
Un tonnerre d’applaudissements lui répondait.
J’ai vu aussi comment on se pousse vers la gloire et
Vers l’argent : c’est toujours le cirque.
Une révolution qui ne conduit pas vers son idéal
Est, peut être aussi, un cirque.
Je voudrais toutes ces pensées et ces sentiments,
Les cacher dans la queue opulente d’un cheval de
Cirque et courir après lui, comme l’autre petit clown,
En demandant la pitié afin qu’il chasse la tristesse
Terrestre.
"Certaines personnes ont besoin pour vivre de projeter leur souffrance sur quelqu'un d'autre, elles projettent aussi les parties d'elles-mêmes qu'elles ne tolèrent pas en elles. Par exemple quelqu'un qui a un profond mépris de soi va traiter l'autre de manière méprisante, quelqu'un qui aurait tendance à s'angoisser va faire en sorte d'angoisser l'autre ou encore très fréquemment c'est la culpabilité qui est projetée. C'est une forme d'abus narcissique de l'autre qui est déchu de son statut d'être humain pour devenir une sorte de "poubelle" dans laquelle on déverse tout ce qui ne va pas. Et lorsque la violence monte d'un cran, on attaque chez l'autre ces côtés projetés de soi-même. Lorsque c'est à un enfant que le rôle de poubelle est dévolu, il y a de graves conséquences pour sa vie d'adulte puisqu'il va devoir évacuer à la place du parent toutes ces facettes noires qui de fait ne sont même pas les siennes. (...) Cette relation est éminemment destructrice "
source : forum de psychologie.com
La vérité existe, mon cher, mais la 'doctrine' que tu réclames, l'enseignement absolu qui confère la sagesse parfaite et unique, cela n'existe pas. Il ne faut pas non plus avoir le moins du monde la nostalgie d'un enseignement parfait, mon ami; c'est à te parfaire toi-même que tu dois tendre. La divinité est en toi, elle n'est pas dans les idées ni dans les livres. La vérité se vit, elle ne s'enseigne pas ex cathedra.
in Le jeu des perles de verre
Nul repos
sans amour,
nul sommeil
sans rêves d'amour
- soyez fou ou glacé obsédé d'anges
ou de machines, le vœu dernier
est amour
in Song
On a d'autant plus de prise sur ce monde qu'on s'en éloigne, qu'on n'y adhère pas.
Le renoncement confère un pouvoir infini.
in De l'inconvénient d'être né
regarde par le cœur
brûlant de pureté
- car le fardeau de vie
est amour
in Song
L'âme monte quelque fois au bord des lèvres.
in La presqu'île
"C'est fini" dit-elle à voix basse et elle se sent déjà morte avant que ses pieds ne quittent le rebord de la fenêtre. Elle tombe sur la tête et se brise le cou. Son petit corps gît, étrangement tordu dans l'herbe.
in Sombre printemps
Nos solitudes d’enfant nous ont donné les immensités primitives. Ainsi toujours en nous, comme un feu oublié, une enfance peut reprendre.
Toutes ces choses ignorées qui parviennent à la lumière me font croire que notre bonheur dépend lui aussi d’une énigme attachée à l’homme et que notre seul devoir est d’essayer de la connaître.