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CITATIONS - Page 89

  • David Aniñar

     

    Madre, vieja mapuche, exiliada de la historia
    Hija de mi pueblo amable
    Desde el sur llegaste a parirnos
    Un circuito eléctrico rajó tu vientre
    Y así nacimos gritándoles a los miserables
    Marri chi weu!!!!
    en lenguaje lactante.
    Padre, escondiendo tu pena de tierra tras el licor
    Caminaste las mañanas heladas enfriándote el sudor
    Somos hijos de los hijos de los hijos
    Somos los nietos de Lautaro tomando la micro
    Para servirle a los ricos
    Somos parientes del sol y del trueno
    Lloviendo sobre la tierra apuñalada…

     

    In Mapurbe

     

     

     

    Mère, vieille Mapuche, exilée de l'histoire

    Fille de mon peuple aimable

    Depuis le sud tu es arrivée à nous enfanter

    Un circuit électrique a tranché ton ventre

    Et ainsi nous sommes nés

    En criant aux misérables

    Dix fois nous vaincrons !!!

    Dans un langage nourri au sein.

    Père, en cachant ta peine de terre dans la liqueur

    Tu as marché dans les matins glacés refroidissant ta sueur

    Nous sommes enfants des enfants des enfants

    Nous sommes les petits- fils de Lautaro prenant le micro

    Pour le servir aux riches

    Nous sommes parents du soleil et du tonnerre

    En pluie sur la terre poignardée..

     

    In Mapurbe 

    (trad. Cathy Garcia)

     

     

     

    * Mapurbe : de nombreux Mapuche vivent en Patagonie, tout au sud du Chili, dans la ville de Bariloche. Les jeunes y ont créé un mouvement punk d'un genre particulier, le 'mapurbe', qui veut dire à la fois 'mapuche' et 'urbain'.

     

     

     

     

     

  • Salvador Mariman

     

    A la tierra de los sueños.

     

    Llenas de dolor esta noche mis palabras,

    madre

    en mi largo caminar la vida no ha sido fácil y

    hoy siento que me voy.

    ¡Tengo miedo a dejarte!

    por favor te pido me permitas entrar en tu vientre y

    descansar por siempre en el Konünwenu,

    desde ahí podré mirarte mientras me embarco

    a la tierra de los sueños.

     

     

      

    Pour la terre des rêves.

     

    Pleines de douleur cette nuit mes mots,

    mère

    durant mon long parcours la vie ne fût pas facile et

    aujourd’hui je sens que je m’en vais.

    J’ai peur de te laisser !

    S’il te plaît je te demande la permission d’entrer dans ton ventre et

    me reposer à tout jamais dans le Konünwenu,

    de là je pourrais te regarder pendant que je m’embarque

    pour la terre des rêves.

     

     

    (traduction de José Antonio Benitez Torres - Québec,  pour Nouveaux délits n°29 - juillet 2008)

     

     

     

  • Medoruma Shun

     

    L’âme de Kôtarô était assise à la même place dans la même attitude. Le soleil s’était radouci et la couleur de la mer était enveloppée d’une lumière pâle, une lune blanche flottait auprès des gros nuages mafflus qui grimpaient à l’horizon. 

     

    in L’âme de Kôtarô contemplait la mer

     

     

  • Gabriel Henry

     

    L’autopsie révèlera dans la gorge de chacun, un arbre de sa terre, calciné. Les bras le long du corps, face au miroir, je cherche si nous avons dans le ventre des usines aveuglées de suie, je demande si c’était notre souffle de dormeurs sur les départs de feu.

     

    in Microbe n°97

     

     

  • Gabriel Henry

     

    Le bruit de l’arbre qu’on abat est absent de la mer.

    Elle a enfoui leurs cris, je ne sais rien d’eux. Ils sont calmes, ils ne pèsent pas sur nos nuits. L’époque les a pétris en oiseaux, pris dans la sève stérile du silence.

     

    Microbe n°97

     

     

     

  • Georges Cathalo

     

    En public, la plupart de ceux qui écrivent de la poésie répugnent à en parler, comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse. Quoique, tout bien réfléchi…

     

    in Bestioleries poétiques

     

     

     

  • Lao Tseu

     

     

    Le bien suprême est comme l'eau

    Qui nourrit toute chose

    sans effort.

    Il se plait aux places les plus basses

    que les gens dédaignent.

    Ainsi, il est comme le Tao.

     

     

     

     

     

  • Youcef Sebti


     L'enfer et la folie

    Je suis né dans l'enfer
     j'ai vécu dans l'enfer
     et l'enfer est né en moi
     et dans l'enfer
     sur la haine - ce terreau qui flambe -
     ont poussé des fleurs.
     Je les ai senties
     je les ai cueillies
     et en moi a circulé
     l'amertume
     et de moi s'est saisie
     l'amertume.
     Arrêt. Souffle. Ombre.
     Espoir. Départ. Recommencement.
     Amours perdues. Amours dérobées. Amours possibles.

    Sur le chemin d'un recommencement
     sur le sentier d'une lutte
     j'ai débouché sur la folie.
     J'ai plongé dans la folie
     et j'en ai ramené des algues.
     L'enfer se continue...
     Du brasier à la mer
     de la mer au brasier
     de la combustion
     à l'immersion
     l'enfer demeure
     et les insurgés
     ont pour destinée la folie...

     

    (poète algérien tué par balle dans la nuit du 27 au 28 décembre 1993, victime du fanatisme)