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CITATIONS - Page 85

  • Murièle Modély

     

    le poids des jours qui toquent

    leur morne cliquetis

    Son fol ressassement

     

    contre le chambranle

    les femmes que l’on baise

     

    les hommes que l’on brise

    et les billets souillés dont on bourre

     

    les ventres

     

    in Rester debout au milieu du trottoir

     

     

     

  • Francis Cousin

     

    Le marché de l’ordre sexuel régnant a pour spécificité capitale de vider la sexualité humaine de son essence même; la tendresse en la beauté du désir. Il place ainsi au centre de sa logique de marchandisation despotique la négation de l’autre et de soi-même, contraignant chaque individu à se trouver alternativement en situation de consommateur ou de consommé, de joueur ou de jouet, d’acquéreur ou de matière acquise. [...] nous ne vivons pas finalement dans un monde sur-sexualisé mais sous-sexualisé puisque le sexe s’y présente comme une activité autonomisée dans le monde mercantile de l’unité cosmique absolument profanée où le sexuel rassemble les hommes isolés de leur sexe mais en les réunissant justement en tant que sexes isolés de l’être. C’est pourquoi, dans le spectacle totalitaire du sexe libéré, l’amour du sexe véridique en tant que vérité sexuelle de l’amour ne se trouve nulle part puisque sa parodie technique d'image-objet tourmentée est partout. C’est donc bien là un monde d’anti-sexualité humaine à renverser pour que notre jouissance lumineusement révolutionnaire trouve sa correcte situation féconde.  

     

    in L'Être contre L'Avoir, 2012

     

     

     

  • Jean Paulhan

     

    On n'écrit pas pour être élégant et spirituel, on n'écrit pas pour avoir des raisons, ni même pour avoir raison, ni pour donner un aspect plausible à des thèses évidemment fausses, on écrit pour comprendre, on écrit pour être sauvé.

     

     

  • Isabelle Stibbe

     

    La flexibilité du travail, vous savez ce que ça veut dire ? Du chantage : « Mes conditions ou rien. » La précarité légalisée, institutionnalisée pour au bout du compte en revenir au travail journalier. (…) C’est ça le progrès ? Moi j’appelle ça avoir le pistolet sur la tempe. 

     

    in Les maîtres du printemps

     

     

     

  • Pablo Neruda

     

      

    Immensité des pins, rumeur brisée des vagues,
    contre le crépuscule et ses vieilles hélices
    crépuscule tombant sur tes yeux de poupée,
    coquillage terrestre, en toi la terre chante!

    En toi chantent les fleuves et sur eux fuit mon âme
    comme tu le désires et vers où tu le veux.
    Trace-moi le chemin sur ton arc d’espérance
    que je lâche en délire une volée de flèches.

    Je vois autour de moi ta ceinture de brume,
    mes heures poursuivies traquées par ton silence,
    c’est en toi, en tes bras de pierre transparente
    que mes baisers se sont ancrés, au nid de mon désir humide.

    Ah! ta voix de mystère que teinte et plie l’amour
    au soir retentissant et qui tombe en mourant!
    Ainsi à l’heure sombre ai-je vu dans les champs
    se plier les épis sous la bouche du vent.

     

     

  • Jacques Lusseyran

     

    Non la poésie, ce n’était pas de la littérature, pas seulement. Cela n’appartenait pas au monde des livres. Cela n’était pas fait pour ceux-là seuls qui lisent. Les preuves se multipliaient.


    (…) Il était une chose que seule la terreur pouvait obtenir, c’était que ces centaines d’hommes bouillonnant au fond de la baraque fissent silence. Seule la terreur… et la poésie. Si quelqu’un récitait un poème, tous se taisaient, un à un comme des braises s’éteignent.

     

    (…) Un manteau d’humanité les recouvrait. J’apprenais que la poésie est un acte, une incantation, un baiser de paix, une médecine. J’apprenais que la poésie est une des rares, très rares choses au monde qui puisse l’emporter sur le froid et sur la haine. On ne m’avait pas appris cela.

     

     in Le monde commence aujourd’hui

     

     

     

     

     

  • Ricardo Adolfo

     
     

    la dernière mode était de fermer des boutiques plutôt que d’en ouvrir (…) des devantures condamnées, des façades aveugles, clouées à coup de marteau pour cacher ce qu’il n’y avait pas à vendre.

     

     in Tout ce qui m’est arrivé après ma mort