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CITATIONS - Page 85

  • Henri Michaux

     

    Au lieu d’une vision à l’exclusion des autres, j’eusse voulu dessiner les moments qui bout à bout font la vie, donner à voir la phrase intérieure, la phrase sans mots, corde qui infiniment se déroule sinueuse, et, dans l’intime, accompagne tout ce qui se présente du dehors comme du dedans.

    Je voulais dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour. La vie dans les plis.

     

     

  • Isabelle Stibbe

     

    Ici vous entendrez parler acier, métallurgistes, syndicalistes, ici vous entendrez parler usines, nationalisation, chômage. Si pour vous ces mots sont synonymes de nuisances et de laideur, s’ils vous font l’effet de répulsifs, si vous prétendez qu’ils doivent être réservés aux colonnes des journaux, section économie ou société, refermez aussitôt ce livre ou, pour les plus modernes d’entre vous, éteignez votre liseuse, en tout cas passez votre chemin, ce texte n’est pas pour vous, autant vous prévenir tout de suite. Entre le ciel et la boue, préférez le ciel, c’est moins salissant. 

     

    in Les maîtres du printemps

     

     

  • Murièle Modély

     

    le poids des jours qui toquent

    leur morne cliquetis

    Son fol ressassement

     

    contre le chambranle

    les femmes que l’on baise

     

    les hommes que l’on brise

    et les billets souillés dont on bourre

     

    les ventres

     

    in Rester debout au milieu du trottoir

     

     

     

  • Francis Cousin

     

    Le marché de l’ordre sexuel régnant a pour spécificité capitale de vider la sexualité humaine de son essence même; la tendresse en la beauté du désir. Il place ainsi au centre de sa logique de marchandisation despotique la négation de l’autre et de soi-même, contraignant chaque individu à se trouver alternativement en situation de consommateur ou de consommé, de joueur ou de jouet, d’acquéreur ou de matière acquise. [...] nous ne vivons pas finalement dans un monde sur-sexualisé mais sous-sexualisé puisque le sexe s’y présente comme une activité autonomisée dans le monde mercantile de l’unité cosmique absolument profanée où le sexuel rassemble les hommes isolés de leur sexe mais en les réunissant justement en tant que sexes isolés de l’être. C’est pourquoi, dans le spectacle totalitaire du sexe libéré, l’amour du sexe véridique en tant que vérité sexuelle de l’amour ne se trouve nulle part puisque sa parodie technique d'image-objet tourmentée est partout. C’est donc bien là un monde d’anti-sexualité humaine à renverser pour que notre jouissance lumineusement révolutionnaire trouve sa correcte situation féconde.  

     

    in L'Être contre L'Avoir, 2012

     

     

     

  • Jean Paulhan

     

    On n'écrit pas pour être élégant et spirituel, on n'écrit pas pour avoir des raisons, ni même pour avoir raison, ni pour donner un aspect plausible à des thèses évidemment fausses, on écrit pour comprendre, on écrit pour être sauvé.